Croyances

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Notes : Merci encore pour vos lectures des chapitres précédents ! Au programme cette semaine : une rencontre avec la famille d'Otabek, et les rebondissements qui vont avec.

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- On va à une réception en grande pompe ? Je pensais que ça devait être un simple repas de famille.

Appuyé dans l'encadrement de la porte, Yuri contemple le petit manège d'Otabek. L'intéressé pousse un large soupir, puis balance un énième t-shirt dans la pile de vêtements accumulée sur son lit. Ça fait un bout de temps que ça dure, et pourtant, Otabek continue à courir à droite et à gauche.

Otabek, qui porte les mêmes fringues grisâtres chaque foutue semaine, parfois avec une incroyable touche de marron ou de beige, quand il décide de faire un effort. Yuri fouille sa mémoire, mais il ne l'a jamais vu passer autant de temps à choisir ses habits. C'est au point où lui-même se demande s'il n'est pas assez bien habillé. Est-ce qu'il devrait se changer ? Est-ce que la chemise tigrée, c'est trop ?

La réponse d'Otabek est loin de le soulager. Il est toujours plongé dans sa tâche fastidieuse, et sa voix est plaintive :

- C'est difficile à dire... Tout dépendra de l'humeur de Sofia.

L'agitation gagne Yuri, il se met à mordiller la peau autour de ses ongles. C'est le genre d'extravagances qui le mettent mal à l'aise.

Le jour où Otabek avait rencontré Grand-Père, le vieil homme avait les mains plongées dans la terre, et la crasse du jardin lui arrivait jusqu'aux genoux. Yuri n'est pas dupe, il sait que les Plisetsky sont drastiquement différents des Altin, qu'il ne peut pas s'attendre à être accueilli sobrement. Du peu qu'il connaît de la mère d'Otabek, elle lui rappelle vaguement Lilia Mikhailova. C'est peut-être à cause de ses hauts chignons et de son visage finement maquillé... Ou parce qu'elle a parcouru les opéras de toute l'Europe durant sa carrière. Si Yuri ne l'a jamais rencontrée, il a vu son visage en couverture de nombreux articles de presse sur internet, et ça l'impressionne pas mal.

La famille d'Otabek porte la musique avec elle. Ce n'est pas limité à Otabek, à la façon dont il tape inconsciemment des rythmes du bout de ses doigts quand il s'ennuie, ou à la manière dont il chantonne sous son souffle lorsqu'il pense que personne ne peut l'entendre. Son arrière-grand-père était un compositeur connu au Kazakhstan, son arrière-grand-mère était une chanteuse de folk. C'est avec eux que Sofia a appris à chanter, ainsi qu'à manier de nombreux instruments.

Sofia a partagé une large partie de sa vie entre le Kazakhstan et la Russie, plus précisément entre Almaty et Moscou, puis Almaty et Saint-Pétersbourg. Pourtant, c'est sur les scènes européennes que sa carrière avait réellement débuté, lorsque son talent avait été reconnu à l'Opéra de Paris. Invitée comme soliste à l'Opéra d'Astana quelques années plus tard, elle y avait rencontré Erzhan Altin lors d'une réception mondaine. C'est à ses côtés, et enceinte de son premier fils, qu'elle est retournée dans sa ville natale d'Almaty.

Cette histoire fascine Yuri. Il se demande comment la musique pour chanter dans le sang de cette famille, lui qui se fait régulièrement engueuler par ce vieux bougre de Yakov parce qu'il massacre l'hymne national lors des compétitions.

En dehors de son mauvais caractère clairement hérité de Nikolaï, Yuri ne sait pas s'il a lui-même emprunté des traits particuliers à sa famille. Sa capacité à poser sur les papiers glacés des magazines et son aisance devant les projecteurs doit lui venir de sa mère - elle ne lui a pas laissé grand-chose d'autre. Il n'a gardé d'elle qu'un nom de famille, ainsi qu'un souvenir rapporté de son père dont il ne connaît que le prénom. Quand Katarina a foiré sa carrière d'actrice, et a en conséquence décidé de l'abandonner pour se tirer dieu sait où, Yuri a changé son patronyme pour Nikolaevich et a oublié qu'il a, un jour, eu des parents.

Buzzcut Season - Yuri on Ice (1/2)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant