Museum fut relâchée près
du Port. On y apercevait la Tamise de là.
Elle regardait ses ravisseurs repartir sans lâcher le moindre mots.
Que pouvaient- ils bien dire ?
Ils exécutaient les ordres et rien de plus.
Elle resta à fixer la calèche s'en aller pendant plusieurs secondes.
Puis elle se releva et marcha jusqu'au quai.
Épouser Barth était donc si dangereux ?
Elle devait mener sa petite enquête. Quel intérêt Lord John perdait t-il si elle épousait Barth? Il ne faisait pas partie de la famille Baumont. Et combien même les idées progressistes de Museum lui inspiraient dégoût et craintes... Il n'était pas encore certain que ces idées seraient approuvées par le reste des amis qu'ils côtoyaient.Dorothy eut du mal à croire que cela ce soit produit. Nathalie le fut moins.
- Certes je n'imaginais pas que Lord John ait autant de scrupules, néanmoins je crois connaître les raisons de sa menace.
- Dites le moi. Ordonna Museum d'un ton inquiet.
- Barth fait partie de la chambre des Lords.
- La chambre des Lords? De quoi s'agit-il?
Dorothy leur rapportait des biscuits et du thé.
- Et bien c'est un rassemblement de gentleman appartenant à la haute société et dirigeant le pays qui permet d'examiner les lois appliquées et de les faire modifier. Barth et John en font tout les deux parties. Ce qui expliquerait ce démêlé. Vous êtes susceptible d'influencer Barth dans ses décisions. Lord John le sait. Il préfère se débarrasser de vous avant que le mariage n'ait lieu.
- Cela est mon vœux le plus cher. Je voudrais tant être utile.
- Museum, j'ai peur pour votre vie. Avoua Nathalie. Je peux comprendre que vous vouliez changer le monde et la vie de tant de personnes... mais allez vous le faire au péril de votre propre vie?
- La vie de tant de personnes comme vous le dites ne vaut elle pas plus qu'une vie ? Je ne m'arrêterai pas en si bon chemin.
- Et si vous mourrez ? À quoi cela aura-t-il servit? Nous avons besoin d'un monde où vous existez.
- Nathalie a bien raison. Approuva Dorothy. Votre combat est noble sans aucun doute. Mais nous ne souhaitons pas vous perdre. Le malheur a déjà frappé votre père.
Nathalie s'interrogea. Qu'était il arrivé au père de son amie ?
- Votre père a été évincé ?
Museum ne tardit pas à tout lui révélé sur la tragique mort d'Abiodun Ainsi que sur le départ précipité de sa sœur aînée dont elle n'avait plus aucune nouvelle depuis des lustres.
Dorothy se leva et alla vérifier que tout allait bien au salon de thé de l'autre côté de la boutique.
- Que c'est triste ma chère amie. Comme vous avez dû souffrir.
- Vous n'imaginez pas à quel point Nathalie. Ma vie a été bien mélancolique et je ne m'en suis jamais plein. Mais vous savez ce qui m'effraie le plus, c'est que je n'ai pas envie de laisser tomber Barth. Il ne s'agit plus seulement de progrès mais de laisser le bonheur m'échapper entre les doigts.
- Ma foi,Vous l'aimez ?
- J'ignore encore tant de choses sur l'amour mon amie. Ce que je sais c'est que Cela ne m'était jamais arrivé auparavant. Vous étiez résigné et un jour quelqu'un vous regarde comme la plus belle personne au monde. Vous savez que vous ne l'êtes pas mais dans ses yeux vous l'êtes et c'est de là que vient toute la magie.
- Museum vous avez les symptômes. Vous avez attrapé la maladie de l'amour.
Elles se mirent à rire à voix haute.
Puis ce fut autour de Nathalie de raconter son passé.
Elle débuta par la venue de ses parents à Londres. Sa mère était française et son père irlandais.
Ils avaient tout les trois vécus deux ans en France après sa naissance.
Nathalie se rappelait de ses parents comme d'un couple assez simple.
Ils savouraient chaque instant passé ensemble.
Son père était peintre et sa mère était sa muse.
Malheureusement ses oeuvres ne se vendirent pas bien et toute la famille en souffrit.
Le peintre souriait de moins en moins.
Il s'enfermait durant des heures dans son atelier pour créer l'œuvre la plus originale qui soit.
Mais le temps passait et l'inspiration laissait place à la pression. À l'anxiété.
Claire la mère,dû trouver le moyen de relever son mari.
Elle le pria de se reprendre et d'essayer autre chose.
M. O'brien n'en fit rien. Il refusa d'abandonner l'art. C'était toute sa vie.
C'est ainsi que débuta le déclin.
Claire O'brien se mit à la couture et devint modiste.
Elle sauva leur fille de la misère et lui légua la boutique.
Nathalie poursuivit le travail qu'avait commencé sa mère et trouva un véritable intérêt dans la mode.- Père mourru de chagrin lorsque mère le quitta. Il passait son temps à boire et...
- Il vous a perdu et a finit sa vie sur une note de désespoir. Voilà que nous partageons des histoires si difficiles.
- Je n'aurais jamais imaginé que mes parents finiraient dans un pareil désamour. C'est pourquoi je me demande si Barth et toi êtes prêts pour une aventure aussi folle que le mariage.
Museum hésita durant l'instant de quelques secondes. Mais elle désirait y croire. Ils étaient prêts. Ils allaient le faire.
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La fille du quai.
Historical Fiction1848: Ère Victorienne. Dans une époque où les esclaves tentent de trouver une issue de liberté, Abiodun Otolomi, ancien esclave est dit mort noyé en pleine mer. Le chef d'équipage relate les faits prétextant un accident. Dévastée par la terrible n...