11. Il se pourrait que...

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La soirée de bal se poursuivait.
Les jeunes gens enchaînaient les discussions tandis Barth ne quittait pas des yeux celles qui depuis des jours rendait son existence plus agréable.

- Vous aviez tort. Affirma Barth subitement.

- À quel sujet ? l'interrogea Museum.

La danse allait débuter.

- Vous aviez tort. Répéta t-il. Au sujet de mon opinion sur vous. Il ne s'agit pas que de vos yeux ou de votre silhouette...Mon affection pour vous va au delà. Votre franc parler et vos idées progressistes m'ont tout aussi séduits. J'aimerais que vous me donniez la chance d'en découvrir plus car je le sais, vous me plairez d'avantage. Mais puisque je ne peux pas avoir votre amour, permettez moi au moins de prétendre à votre amitié.

Lady Edcliff fit remarquer à sa chère amie la discussion que son neveux entretenait loin des danseurs.
Quel honte ! Quel plaisir pouvait-il trouver à discuter avec une domestique? Était-ce une des ces femmes de petites vertues que Barth allait voir dans ces lieux débauchés de Londres?

- Très bien. Vous pouvez venir me voir demain au quai. Je demanderai une permission.

Un sourire se dessinait sur le visage de Barth. Enfin un pas en-avant.
Il ne pouvait que s'en réjouir.

De retour à la maison, Gianine n'arrêta de vanter les mérites d'Alfred Russel.
Il était grand, sensible, drôle et ferait le mari parfait.
Il lui rappelait son frère.
Ils prévoyaient une promenade à cheval accompagné de leurs aînés respectifs.
Une bel amitié semblait naître.

- Ne vous précipitez pas Gianine. Ce n'est que votre premier bal et votre premier prétendant. Il en faudrait bien plus pour choisir un véritable époux. Conseilla Barth.

- Pour un homme qui n'a jamais souhaité se marier, vous lui prodiguer de bons conseils. Reconnue Lady Artel.

- Je veux m'assurer qu'elle choisisse un homme à sa hauteur.

- Pourtant il s'agit du frère de votre ami John.

- Oui certes, en matière de mariage d'autres critères sont à prendre en considération. Je vous demande donc de prendre votre temps.

- Je le ferai. Répondit elle avant de monter dans sa chambre.

- Et Vous? Inutile de vous dire que je me suis sentie particulièrement offensée en vous voyant échanger de grands sourires avec cette domestique.

-Tante s'il vous plaît !Il est tard.

- Elle ne sera jamais acceptée dans cette famille. Tout comme ces autres femmes de petites vertues que vous fréquentez. Quand arrêterez vous de faire honte à cette famille ?

- Pourquoi vous préoccupez vous autant de ce que pense tout Londres? Chacun devrait se concentrer sur ses propres affaires.

- Vous n'êtes pas sans savoir que la bonne réputation pour des gens tels que nous est nécessaire et primordial. Nos familles ont toujours fonctionné ainsi. Car il en va d'une insertion sociale des plus agréables. Pourquoi refuser de vous y soumettre? Tout cela concourt à votre bien.

- Je ne vois pas en quoi cela m'est avantageux. Au contraire, toutes ces coutumes ne font qu'entretenir nos ego surdimensionnés et nous éloigner du reste de la population. Je refuse de me limiter à ce cercle. Cela ne me suffit pas tante. Cela ne m'a jamais suffit. Clotura Barth.

Lady Artel n'en resterait certainement pas à de tels propos.

Museum se leva à l'Aube. Elle fit sa toilette et paraissait être de bonne humeur.
Elle dégusta le bon pain que lui avait apporté Dorothy et d'autres bonnes choses à manger.
Elle salua les marins et les pêcheurs déjà debout eux aussi.
L'un d'eux se vanta de recevoir la visite d'un ancien pêcheur reconverti en chasseur.

Le fameux chasseur arriva.
Il fut saluer de tous. Il s'agissait de Charles Lewis. Il ne travaillait plus au port depuis des lustres.
Il ne put supporter la disparition d'abiodun et décida de quitter le travail en mer.

- Charles les bateaux vous attendent toujours si vous souhaitez revenir. Dit le capitaine.

- Je ne me suis jamais remis de cette terrible disparition.

- Vous avez fait votre choix. Et je vous demanderai de ne plus évoquer cette affaire.

La mort d'abiodun était un sujet sensible parmi les travailleurs en mer.
Personne n'avait le droit de l'évoquer.

Ils prétendaient tous l'avoir oublier.

- De quoi parle ses messieurs ? Questionna Museum à un de ses collègues.

- Je ne peux rien dire. C'est un sujet confidentiel qui ne concerne que nous. Répondit ce dernier.

- Vous pouvez me le dire. Je travaille ici comme vous tous. Ne me faites vous pas confiance après tout ce temps?

Rodolphe hésitait à lui révéler ce qu'il savait.

- Cela semble s'être déroulé il y a longtemps. Rodolphe, si vous me le dites, cela ne fera aucune différence. Insista t-elle.

- Il y a de cela plusieurs années, un ancien esclave est mort pendant un voyage en mer.

Le coeur de Museum se mit à battre plus fort.

- Que lui est t-il arrivé ?

- Nous pensons qu'il est tombé par de dessus bord. Mais en réalité, personne ne sait exactement ce qui a bien pu lui arriver.

- N'avez-vous pas essayé de le chercher? N'a-t-il pas crié à l'aide?

- Personne n'a rien vu et rien entendu. Son corps n'a jamais été retrouvé.

Museum venait de le réaliser. Il pouvait bien s'agir de son père. Il n'y a avait pas beaucoup d'hommes noirs qui travaillaient au port à cette époque.
Et si l'histoire remontait à des années, la probabilité était d'autant plus possible.
Il fallait en savoir plus sur cette affaire.
Abiodun n'avait jamais eu d'obsèques.
Si au moins elle pouvait découvrir les véritables circonstances de sa mort...

Les marins embarquaient. Ils étaient prêts à lever l'ancre.

- Excusez moi Sir! Fit elle pour arrêter Charles qui quittait le port.

Il se retournait et la détaillait.

- Qui êtes-vous ? Posa t-il ensuite.

- Mon nom est Museum Otolomi. Je suis acconière et je travaille au port.

- Une femme qui travaille au port? Voilà quelque chose de surprenant.

- Oui en effet. J'ai travaillé dur pour y être accepté et je fais de mon mieux pour garder mon travail ici.

- Et que puis je pour vous ?

- Et bien...cette affaire dont vous parliez avec le capitaine...vous pourriez m'en dire plus ?

Charles s'interrogeait.

- Pourquoi ferais je cela ?

- Elle me concerne plus que vous ne le pensez.

- Dites moi comment ?

- Je crois que cet homme qui est mort...était mon père.

Soudain, l'esprit de Charles s'ouvrit. Des souvenirs lui revinrent en mémoire.
Les discussions nocturnes avec son vieil ami Abiodun.
Il avait deux filles.

- Vous êtes l'une des filles d'Abiodun.

- Alors il s'agit bien de mon père. Dit elle en se rapprochant de l'ancien pêcheur. Pouvez vous me raconter ce qui lui est arrivé? Je vous pris. Il m'a fallu tant d'années pour en entendre parler.

Charles se mit à tout lui dire.

La fille du quai.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant