Lady Artel se chargeait d'organiser les horaires d'affaires de son neveux.
Barth assistait à des réunions, des dîners d'affaires et quelques mondanités auxquelles il lui était impossible d'échapper.
Sa chère tante n'allait pas tarder à lui parler de mariage.
Il n'est pas sans dire qu'un homme de son importance se devait d'épouser une belle et jolie jeune femme.Il devait assurer la progéniture mais aussi fructifier l'héritage familial. Le vicomte ne pouvait aucunement se détourner des projets et des hautes ambitions qui lui fut attribué.
Mais si l'on ne pouvait absolument pas reprocher une chose au vicomte, c'était bien d'être une personne généreuse et empathique.
Il entreprenait d'offrir quelques vivres aux peuples.
Et durant ses visites dans les quartiers malfamés de Londres, il ne put s'empêcher d'éprouver de la compassion pour les pauvres et les anciens exclaves.
Peu être la fille du quai vivait elle dans un quartier similaire.Il la revoyait sans cesse dans son esprit qui déchargeait les sardines...
Elle avait quelque chose d'attirant pensa t-il. Quelque chose de curieux.
Elle n'était pas vulnérable et naïve.
Elle ne lui souriait pas facilement.
Pourquoi avais t-elle l'air de rendre les autres femme illégitime à ses yeux ?
Il était tourmenté.
Tourmenté par le visage et l'idée de la connaître plus.Barth revint de nouveau sur le quai et alla questionner son viel ami George: Le capitaine.
- Cette femme qui travaille au port... Qui est elle?
- C'est une descendante d'Esclaves. Elle est orpheline et travaille ici depuis longtemps. Un jour, alors que nous préparions pour un voyage de pêche l'équipage et moi, elle s'est présentée à nous en vêtements d'hommes et les cheveux taillés . Puis nous avons découvert que c'était une femme. Elle était si douée que j'ai decidé de la garder.
- Une histoire particulièrement étonnante.
- Pourquoi une telle question ?
- Il m'a semblé remarquer quelques chose d'intéressant chez elle. Vit elle seule? N'a t-elle personne d'autre ?
- Non. Pas à ma connaissance.
George détaillait son ami et rajouta:
- Cher ami, Je connais votre habilité à faire naître la passion chez ces créatures...Mais avoir une idylle avec l'acconière...je doute fort que Lady Artel apprécie.
- Elle n'a jamais apprécié mes conquêtes. Elle préfère que je me marie et que je fasse taire les rumeurs.
- Ne comptez vous pas le faire?
- Absolument pas! Il est de mon devoir certes de reprendre les affaires familiales. Mais pourquoi donc me marier ? Je ne ferai que faire souffrir mon épouse. Avoua t-il en rigolant. Tante devra abandonner son désir de me faire époux.
- Allez vous donc faire la cours à Museum ?
- Museum ? Est-ce son nom?
- Il est impossible que vous y parvieniez. Les affaires de coeurs ne semblent pas l'intéresser. Mais après tout...Vous êtes vicomte. Vous pouvez bien avoir n'importe qui. Assura George.
On pouvait ressentir de petites amertumes dans le ton du capitaine.
- J'y compte bien.
Barth quittait le bureau de George. Il se dirigeait vers les navires.
Museum nettoyait les engins de mer.-Encore vous? S'étonna t- elle ses chiffons dans les mains.
- Pourquoi travailler ici? Lui demanda t-il intrigué.Vous pourriez être servante et loger dans de meilleures conditions.
- Si je comprends bien, vous venez me proposer de l'ouvrage...?Non merci. Je suis très bien ici.
Barth essayait de comprendre.
- Quelle femme serait assez naïve pour travailler aux côtés de tant hommes? C'est un milieu hostile.
- Croyez vous que je l'ignore? Ici je travaille dure! Au même titre que ces messieurs . C'est bien pour cela que je travaille ici. Il important pour moi de ne pas être traitée comme une petite chose fragile.
- Oh...Vous avez du répondant!
- Et c'est également...
Museum s'interrompit elle même.
- Également? Insista Barth.
- Rien. Il n'y a rien à ajouter qui vous concerne.
- Savez vous que vous êtes l'une des rares personnes à me parler ainsi. Avec autant de franchise. Une franchise qui n'a définitivement pas d'égale.
- Il faut bien que des gens comme moi existent. J'imagine que cela rend nos échanges plus intéressants.
- Je vous l'accorde.
Soudain elle décida de finir la phrase qu'elle avait interrompu.
- Pour mon père...
- Votre père ?...
- Je travaille ici également pour me sentir proche de mon père. Il était pêcheur en grande mer. Il adorait les bateaux.
- Vous avez repris le flambeau.
- C'est cela.
- Vous me paraissez être une véritable énigme.
- Croyez vous pouvoir résoudre le mystère ? Questionna t-elle.
- Je l'espère plus que tout. Votre visage tourmente mon esprit. Et vos mots aussi.
Museum descendit du bateau et s'approcha.
-La passion que vous faites naître chez les jeunes femmes est un luxe que je ne peux m'offrir Sir. Je n'ai guère le temps de me laisser aller à des sentiments vaniteux et trop grands qui risquent d'endommager mon coeur.
- Que les mots sont exquis dans votre bouche. Vous exprimez votre pensée d'une manière bien agréable.
- Tout ceci n'est qu'un défi pour vous. En combien de temps pensez vous pouvoir vous immiscer dans mon intimité et ainsi vous vantez d'avoir obtenu de moi ce que vous désiriez ?
- Vous allez droit au but. C'était inattendu.
- Vous avez l'habitude que l'on vous dise ce que vous aimez et voulez entendre. Mais ici vous n'êtes pas dans votre humble demeure et je n'ai pas à me montrer courtoise si vous ne m'inspirez pas ce sentiment.
Barth la fixa deux secondes et répliqua:
- Tout ceci ne vous rend que plus intéressante. Et pour ma défense, je voudrais préciser que ce n'est pas toujours moi qui demande à ces demoiselles les faveurs qu'elles m'offrent.
Et en réalité, comment l'amour d'une seule lady pourrait t-il me suffire?- Vous êtes sans doute le seul à en profiter. Les femmes sont naturellement dotées d'une capacité à s'inonder d'amour pour un homme. Je suis donc persuadée que vous si vous aviez réellement essayé, l'amour d'une seule lady aurait été suffisant.
Vous n'avez jamais essayé. Vous n'avez jamais essayé l'amour.Barth se disait alors que la jeune femme en face de lui était d'une sagesse qu'il n'avait jamais connu.
Il n'avait jamais pensé qu'une femme puisse développer de si hautes réflexions.
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La fille du quai.
Ficción histórica1848: Ère Victorienne. Dans une époque où les esclaves tentent de trouver une issue de liberté, Abiodun Otolomi, ancien esclave est dit mort noyé en pleine mer. Le chef d'équipage relate les faits prétextant un accident. Dévastée par la terrible n...