Courir, Courir et encore courir.
Je ne faisais que ça depuis un bon moment. Combien exactement ? Je ne savais pas. C'était qu'en même assez, pour ressentir chaque pulsation de mon cœur. Pour le sentir battre à vif, comme s'il m'accusait de mon erreur. Des battements qui fusionnaient avec la peur et l'angoisse de ne pas arriver à temps. C'était qu'en même assez pour sentir le vent giflé chaque parcelle de mon visage, pour le sentir ne faire qu'un avec ma peau.
Je courais. Aussi vite que mes jambes me le permettaient. Sans ralentir mon rythme, sans reprendre mon souffle.
Ignorant les plaintes de quelques passagers que je bousculais ou les klaxons des voitures qui manquaient de me renverser.
Plus j'avançais dans ma course, plus j'essayais de formuler ce qu'on pouvait appeler des excuses dans ma tête. Faisant mon mieux pour trouver des mots adéquats et non maladroits comme on me le répétait souvent.
Mes yeux n'en croyaient pas ce qu'il voyait lorsque j'étais arrivée, me voilà enfin à l'aeroport. Mon rythme légèrement ralenti, j'essayais de me frayer un chemin entre cette foule de gens. Certain, leur valise à la main disait au revoir au membre de leur famille tandis que d'autre, comme cette fille à visage épanoui, venait, en lachant sa valise, de sauter sur son compagnon en enroulant ses jambes autour de sa taille et de l'embrasser comme si sa vie en dépendait.
Une larme perla sur ma joue, en me rappelant des raisons de ma venue ici et je repris mes esprits. Peut - être que j'aurais une fin aussi heureuse si j'arrivais à le trouver à temps. Le retrouvé était qu'en même une chose, mais lui parlé en était une autre. Il était tout aussi borné et têtu que moi.
Fourrant mes doigts dans mes cheveux, je deglutis difficilement tout en réalisant l'ampleur de la tâche que je devais accomplir. Le temps me filait tout doucement entre les doigts. Je savais que j'étais arrivé bien trop loin dans ma quête et que je ne pouvais plus faire marche arrière.
Cette fois ci, je laissai mes jambes me mener là où mon cerveau les guidées. Et en un instant, tout était si rapide que je n'avais plus le contrôle de la situation.
Je me mis à lire le panneau d'affichage et me rendis compte qu'il ne restait qu'un seul vol pour Londres et qu'il ne restait que 10 min avant son départ. Mes yeux baléyèrent la zone avant de le voir de dos, de l'autre côté de l'embarcadaire, sa capuche noire sur la tête et une petite valise dans sa main gauche. Je souris. Quelque chose me disait que c'était lui. Il portait le même pull que je lui avait offert il y 3 mois pour son anniversaire. Je pris mon téléphone pour l'appeler, mais je ne le vis pas y répondre. Ma bouche se mit sans m'en rendre compte à crier son nom de toute mes forces, mais il ne se retournait pas.
Prenant mes jambes à mon cou, je me précipite vers la porte d'embarquement. Mais l'agent refusa catégoriquement de me laisser y accéder sans papiers de voyage, malgré mon regard suppliant.
Il ne restait plus que 5 mins et je n'avais toujours pas réussi à lui parler. Il ne me restait plus qu'une seule alternative.
- Bonjour, j'aurais besoin d'un billet s'il vous plaît, mais le moins cher possible, dis - je à la dame du comptoir.
- Je suis vraiment navré, mais les billets de dernières minutes ne sont pas à tarifs réduit. Me repondit - elle après un bref coup d'œil dans son ordinateur.
- Aidez moi s'il vous plaît ! Ce billet est peut - être ma seule chance !
- Encore navré mais je ne peux rien faire pour vous, Me répondit - elle avant de s'attarder sur un notre client.
Mon corps glissa tout le long du comptoir et les larmes se mirent, sans tarder à dévaler mon visage. Jetant un dernier regard vers la porte, il était déjà l'heure pour l'avion de décoller. Je n'avais pas réussi. Il était parti. Sans me laisser le temps de le retenir ou de lui présenter mes excuses pour notre dispute d'hier. Ma tête se posa sur mes genoux, et mes jambes contre ma poitrine. Les passants devaient sûrement me regarder bizarrement. Les voix se dissipaient peu à peu dans mes oreilles. Ma respiration ralenti me berceait légèrement et je sentais qu'il ne me fallait plus très longtemps avant de tomber dans les pommes.