épilogue 🌺 jusqu'à l'aube et la fin des temps

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Le soleil se couchait à travers la baie vitrée du salon. Le film qui passait sur la télé à côté était en contre-jour, et Minho avait du mal à rester concentré dessus. Son regard se perdait plutôt dans les teintes dégradées du ciel, le film comme une bande-son en sourdine dans ses oreilles.

Jisung remua contre lui. Il faisait encore l'effort de rester concentré sur le scénario, mais ses paupières se fermaient malgré lui et il s'affalait de plus en plus sur Minho. Ils avaient tous les deux eu une longue semaine, intense en devoirs à rendre, en sorties et rendez-vous de tout genre. Minho rigola intérieurement. Ils faisaient tellement de choses qu'au bout du compte, ils n'avaient même plus l'énergie de regarder un film ensemble pour fêter le week-end. Quelle vie.

Quelle vie, et pourtant, Minho trouvait que ça en valait la peine. A vrai dire, il s'était rarement senti aussi épanoui de toute sa vie. Intrigué par ce que Jisung lui racontait, il s'était renseigné sur les formations proposées dans la ville de son cadet. La ville étant assez importante, il avait été étonné de la profusion de propositions. C'est ainsi qu'il s'était retrouvé là, à partager un appartement avec le blond, à aller à son école d'art quatre fois par semaine, occupant son temps libre en écrivant des articles pour des journaux locaux. Il avait eu du mal à se faire à l'idée de quitter sa Provence, parce qu'il ne voulait pas reproduire les erreurs de son frère, parce que même si son père lui causait plus de soucis qu'autre chose, il ne voulait pas le laisser tomber. Et pourtant, malgré ces réticences, tout s'est fait très rapidement, avant même qu'il n'ai eu le temps de cligner de l'œil. Disons simplement que Jisung lui a fait remarquer à quel point la situation était toxique pour lui.

Tu peux pas sauver tout le monde, Minho. Tu peux même sauver personne, si tu es toi-même perdu et angoissé. C'est ok de penser à toi pour une fois dans ta vie, hum ?

Minho avait juste hoché la tête, ces mots paraissaient irréels. Pourtant, ils avaient fait leur chemin. Minho s'était laissé tenter, et il apprenait peu à peu à chasser ce sentiment de culpabilité qui sinuait en lui encore quelques semaines après son départ. Peut-être même qu'il commençait à pardonner son grand-frère ; parfois, malgré toute leur bonne volonté, les gens n'ont juste pas le choix. Il leur arrive de faire des choses qui peuvent sembler odieuses mais qui étaient nécessaires. Et lorsque ça arrive, ce n'est pas nécessairement de gaieté de cœur : on peut s'épanouir tout en culpabilisant, Minho le visualisait mieux à présent.

Il soupira, et ressera sa prise sur le corps frêle de Jisung. Sa respiration, de plus en plus calme, était apaisante. Le générique de fin défilait, et la quiétude de l'instant était délectable pour Minho, qui pouvait enfin laisser ses méninges se reposer. Ce soir, il ne voulait penser à rien, parce que dès qu'il se mettait à penser, ça faisait mal, souvent.

La télé se mit sur pause. Jisung ne bougea pas, déjà dans un état semi-conscient. Minho n'avait pas davantage envie de bouger. Pourtant, quelqu'un en décida autrement.

La sonnerie de son téléphone retentit bruyamment dans l'appartemment, les faisant sursauter tous les deux. Jisung grogna quand Minho se leva pour attraper l'appareil. Il s'apprêtait à se tourner de l'autre côté pour continuer sa sieste, mais il se stoppa en apercevant la silhouette de Minho, figée face à son écran, une drôle de mine sur le visage. A vrai dire, sa main tremblait. Son pouce restait en suspension au-dessus de l'écran, mais il le savait déjà, il ne décrocherait pas. Une nouvelle sonnerie retentit, et c'en fut trop pour Minho qui, dans un souffle de panique, fit glisser le bouton rouge et jeta le téléphone à l'autre bout de la pièce. Il se laissa tomber sur le canapé, ramena ses jambes contre son torse et posa son menton sur ses genoux, fixant le coucher de soleil en essayant de retrouver une respiration normale.

- Min, c'était quoi ça ? s'inquiéta Jisung en murmurant.

Il n'obtint aucune réponse. Timidement, il leva la main et attrapa celle de son colocataire, commençant à y effectuer des massages circulaires comme pour lui signifier sa présence. Ce n'était pas nouveau, Minho avait du mal à extérioriser, encore plus quand il faisait une crise de panique.

la gloire au cœur ᵐᶦⁿˢᵘⁿᵍOù les histoires vivent. Découvrez maintenant