Lorsque Minho se réveilla le lendemain, ce fut comme si une nouvelle vie avait commencé pour lui. C'était presque comme si l'air était plus pur, les rayons du soleil plus lumineux, les draps plus doux. Ce qui s'était passé la veille pouvait sembler insignifiant, mais était en réalité loin de l'être. Se réconcilier avec Jisung lui avait non seulement ôté un poids des épaules, mais lui avait aussi permis de réparer toutes les fissures que la situation avait créée dans sa personnalité et son raisonnement, trop récemment chamboulés pour avoir une carapace assez solide. Minho était simplement heureux de ne plus avoir toutes ces préoccupations en tête, surtout quand on sait qu'elles en drainaient bien d'autres, pour certaines assez angoissantes.
C'est donc de fort bon pied qu'il se leva quand les premiers rayons du soleil caressèrent sa couverture. Il se levait toujours de bonne heure, pour pouvoir profiter de la cuisine sans croiser quiconque. Le moins il les voyait, le mieux c'était.
Il ne fut pas long à se préparer. Après tout, Minho n'avait pas besoin de grand-chose pour être resplendissant. Une fois prêt, c'est aussi guilleret que la veille qu'il s'élança sur le chemin forestier, jusqu'à arriver à leur point de rendez-vous, ce fameux sycomore qui les avait poussés à se rencontrer. L'air était bon, la brise rafraîchissante mais pas trop, les feuilles semblaient chanter toute la joie tranquille qui irradiait de l'elfe. Il se posa sur une des branches, prenant le temps d'observer calmement le paysage, en profitant pour découvrir toujours plus de détails qui lui auraient échappés les fois d'avant.
Son regard dévia ensuite vers la colline derrière laquelle se cachait la maison du Papi de Jisung. Il le savait, parce que Jisung l'avait déjà invité chez lui – une fois, une seule, simplement pour lui montrer son repère à lui, son petit bout de poésie hors du monde. Il ne l'avait plus refait, parce que les regards équivoques de Papi le gênaient.
Minho fixait la colline depuis plusieurs minutes, mais rien ne venait. Aucun blondinet pour dévaler la colline les cheveux au vent comme si les troupes de l'enfer étaient à sa poursuite. Simplement ce même champ d'oliviers, ces mêmes montagnes.
L'air changea, un peu. Les courbes qui se dessinaient sous les yeux de Minho lui semblaient soudainement plus tranchantes. La magie qui semblait les envelopper quelques secondes auparavant disparurent. Jisung manquait leur rendez-vous, et voilà que le charme était rompu. Le décor revenait à son état primaire, plus que réel, rationnel, qui lui rappelait que, quelque part derrière ces monts, existait une réalité bien tangible, mais sur laquelle ils se plaisaient à fermer les yeux.
Jisung ne venait toujours pas. Minho déglutit, pris d'un mauvais pressentiment. On l'a dit, Minho, c'est un grand sensible, il n'a pas de mal à percevoir les émotions des autres, même lorsqu'ils ne sont pas là. Quelques nuages commencèrent à apparaître dans les coins du ciel alors qu'il se mit à courir, slalomant entre les oliviers comme si sa vie en dépendait. Il les frôlait, tant pis s'il s'égratignait, pourvu qu'ils ne le ralentissent pas dans sa course.
Au bout d'un temps qui lui parut interminable, il atteint le versant de la colline. Les nuages avaient pris possession du ciel à une vitesse ahurissante, et le soleil se faisait de moins en moins présent. A bout de souffle, il se força à faire une micro-pause. La distance entre le sycomore et la maison était bien plus grande que ce dont il se souvenait. A moins qu'il ne se soit perdu.
Il se releva, chassant cette idée de sa tête, et repris son avancée au petit trot. Au bout de quelques détours, il aperçut un arbre vaguement familier, et lança un soupir de soulagement. Il ne s'était pas trompé, il n'était plus très loin.
Quand la maison arriva en vue, il crut pouvoir s'effondrer de soulagement. Son cœur avait accumulé la pression tout au long de sa course, et revoir cette maison, identique en tout point à la fois où il était venu avec Jisung, lui permit de respirer un peu mieux. Rien n'avait changé, tout allait bien, il se faisait simplement des films dans sa tête.
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la gloire au cœur ᵐᶦⁿˢᵘⁿᵍ
Teen FictionJisung a une vie palpitante. Du moins, c'est ce dont il essaye de se persuader : sa vie est un roman dont il est le héros. Nouvel été. Nouveau chapitre. Au détour d'un olivier, les premières lignes se forment. Elles se répèteront, mais jamais à l'id...