Chapitre 15 - Des émotions

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[pdv deku]

Je me réveille comme d'habitude, en effectuant ma routine de tous les jours. Une fois finie, je me dirige dehors, à l'entrée de ce bunker, pour admirer la vue comme d'habitude, tout en fumant une clope. Souvent, Dabi me rejoint, sans que je sache la raison. Des fois, il me parle de tout et de rien, mais la plupart du temps il est silencieux. Il ne fait que me regarder, comme il le fait actuellement.

Moi - Pourquoi tu me fixes tout le temps comme ça ?

Dabi - Je te fixe tout le temps ?

Moi - Oui... disais-je gêné.

Dabi - Là !

Moi - Quoi ? Comment ça « là » ?

Dabi - L'expression que tu viens de faire, elle semblait vivante.

Moi - Mais qu'est-ce que tu racontes ? Bien sûr qu'elle est vivante puisque je le suis.

Dabi - À bon ? Tu trouves que tu es vivant ?

Moi - Je...

Dabi - On dirait que même toi tu hésites.

Moi - Toi aussi tu hésites ?

Dabi - Non. À un moment dans ma vie, j'avais hésité, mais j'ai fini par conclure que c'était mieux si je devenais un monstre.

Moi - Tu n'as rien d'un monstre pourtant, disais-je en regardant le ciel.

Dabi - Tu sais que le seul moment où tes yeux brilles sont quand tu regardes le paysage, dit-il toujours en me fixant.

Moi - Je ne savais pas, merci de me l'informer.

Dabi - Je ne t'ai jamais vu sourire sincèrement.

Moi - Sûrement parce que rien ne me fait sourire.

Dabi - Même pas moi ? demande t-il en regardant le ciel à son tour.

Moi - On dirait bien.

Dabi - Tu devrais vivre heureux Izuku.

Moi - Je ne pense pas que se soit ce que l'on attend de moi.

Dabi - Je ne te parle pas en tant que membres de l'alliance mais en tant qu'ami. Tu devrais juste lâcher prise avec tout ça et partir.

Moi - Tu me dis vraiment ça pour mon bien ou pour le tiens ?

Dabi - Quoi ?

Moi - Quand tu as prononcé ses paroles, tu as juste imposé ce que tu voulais pour ton propre intérêt. Tu n'as même pas pensé à ce que je pouvais ressentir si je partais n'est-ce pas ?

Dabi - C'est juste que je ne souhaite pas qu'il t'arrive quelque chose.

Moi - C'est bien ce que je me disais, tu me dis juste ça pour toi et non pour moi. Tu sais Dabi, si je pars, je n'aurais nul part où aller. Ici c'est chez moi, meme si je déteste cet endroit miteux, c'est ma maison. Je ne la quitterai jamais car elle me donne une raison de vivre.

Dabi - Mais tu peux construire un nouveau foyer, je peux venir avec toi.

Moi - Je n'ai pas envie d'un nouveau foyer. Tu sais, la première fois que j'ai tué quelqu'un, je tremblais. J'étais hésitant, tellement hésitant qu'il a fallit me tuer. Puis à un moment, quand j'ai senti que j'allais mourir, j'ai eu comme un flash dans ma tête. J'ai tout de suite arrêté de trembler pour enfin le planter tout droit dans le cœur. Quand j'ai repris mes esprits, mes larmes ont coulés sans retenu, et je me suis dit pour me rassurer que c'était soit lui soit moi, que je n'avais pas le choix. Plus je tuais, plus je me mentais à moi même en niant la vérité. Il n'y a pas de « soit lui soit moi » quand un homme est pris en otage ou kidnappé. Ce n'est juste qu'une proie, tandis que moi je suis le prédateur. Après m'être fait cette réflexion, j'ai continué à tuer en pensant de cette manière. Je suis un prédateur qui chasse des proies, tandis que ces proies se débattent pour rester en vie. C'était assez ecxitant d'ailleurs d'être un prédateur, mais je n'avais pas compris qu'en devenant une personne qui chasse, je deviendrai un monstre. « Espèce de monstre », « Tu n'es plus humain », « Ai pitié si tu as encore une partie d'humanité en toi ». Ce sont des choses que j'entendais toujours avant d'ôter la vie à quelqu'un. Je ne regrette pas d'être devenu un monstre, mais je regrette d'être devenu un monstre qui n'a plus aucune émotions et qui est obligé de toujours faire semblant. Dabi, je suis mort le jour où j'ai tué la première fois. Alors c'est normal si tu ne m'as jamais vu sourire sincèrement, c'est normal si j'ai un visage aussi terne, c'est normal si je te regarde sans lueur. Car si j'ai des émotions, je vais être affecté sentimentalement, ce qui va me pousser à hésiter dans mes choix. Mais j'ai besoin de rester comme je le suis actuellement, parce que le jour où je devrai te tuer pour n'importe quel raison, je ne doit pas hésiter une seconde.

Dabi - Et actuellement, si tu devais me tuer tout de suite, est-ce que tu hésiterais ?

Moi - Je n'hésiterai pas une seconde, disais-je en me levant.

Dabi - Je vois... Tu as préféré devenir un monstre sans distinction. Malheureusement, je ne peux pas faire les sacrifices que tu as fait, car j'ai besoin de me sentir vivant. Mais je compatis Deku, je compatis vraiment. Car ta vie doit être horrible à vivre.

Moi - Je n'ai pas demandé de ta pitié.

Dabi - Tu devrais te laisser aller un peu, pour que tu ressentes ce que c'est vraiment de vivre. Comme l'amour par exemple, c'est quelque chose de beau mais de douloureux.

Moi - Tu as déjà été amoureux ?

Dabi - Ouais... Je l'aime énormément.

Moi - Cette personne est morte ?

Dabi - On peut dire ça ouais, dit-il en me souriant. Je vais rentrer puisqu'il commence à faire froid. Tu viens ?

Moi - Non, je vais rester encore un peu.

Dabi - Ne tombe pas malade.

Moi - Je ne tomberai pas malade.

Dabi se contente de me sourire pour enfin me quitter. Je continuais de regarder ce qui m'entourais, en pensant au mot que Dabi a prononcé il y a quelques minutes. Se sentir vivre ? L'amour ? Je ne connais rien de tout ça. Je suis juste quelqu'un qui exécute des ordres sans poser de questions car on m'a élevé comme ça. Depuis l'âge de mes 9 ans, quand j'ai regardé mes mains pleines de sang, j'ai abandonné l'idée de pouvoir vivre comme tout le monde. Je ne savais rien sur ce que c'était de devenir un monstre à l'époque, donc je doit juste l'accepter sans broncher et continuer ma vie en répétant les mêmes choses chaque jours. Dire que je ne suis dévoué qu'à ça est complètement pathétique de ma part, mais je l'accepte. Mon existence en elle même est en soit pathétique. Je prétexte que je ne ressens aucune émotions alors que j'en ressent pleinement. Le stresse, la peur, la solitude, l'agacement, la colère, tout ça, c'est en soit se sentir vivant non ? Quelle vie de merde. Je me demande quand sera mon heure.

Dabi - Yo, je suis de retour.

Moi - Je croyais que tu avais froid.

Dabi - J'ai froid, mais Shigaraki va faire une réunion, donc tu doit rentrer pour y assister.

Moi - Je vois, j'arrive.

Dabi - D'accord, dit-il en partant.

J'ai alors regardé le paysage quelques minutes après son départ pour enfin rentrer à mon tour. Je marchais vers la salle de réunion, mais pour une fois, il y avait du beau monde. Cette salle grande et humide sert enfin à quelque chose on dirait. Je m'assois sur l'un de ses sièges situés autour d'une table ronde, pour qu'enfin, Shigaraki prenne la parole. Je ne savais pas pourquoi il nous avait tous convoqué, et je savais encore moins pourquoi il y avait toute ses personnes.

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