Il pleuvait de trombes d'eau.
Marie réajusta son chapeau, pour que la pluie s'écoule au-delà de son nez. Cela formait une cascade entre ses yeux, mais c'était toujours mieux que d'être complètement trempée. Son lourd manteau, ses bottes montées à mi-cuisses et ses gants constituaient ses seules protections. Le reste ne lui offrait que bien peu de chaleur.
Aussi râlait-elle comme un putois tout en continuant sur le chemin sinueux.
-On aurait pu attendre que la pluie cesse, gémissait Madeleine à côté d'elle. L'aubergiste était partant pour un truc à trois, en plus !
-Moi, non. Et puis, les villageois allaient finir par foutre le feu à l'auberge, vu tous les ennemis que je me suis faits. Et tous les hommes mariés que tu t'es tapés. Autant prendre le large pour la journée.
-Tu sais très bien que je ne suis pas fautive.
-Je sais. Mais ça n'empêche pas que tu n'étais pas obligée de demander au forgeron de te prendre sauvagement sur son enclume, avec ses deux apprentis !
Madeleine fit une moue contrariée. Vêtue comme elle, elle avait une démarche féline et sensuelle.
-Tu aurais pu être de la partie. Trois beaux forgerons en sueurs avec leur grosse...
-Sacrelote ! Silence, Madeleine. Sinon je te jure que je te colle une culotte de chasteté jusqu'à notre retour au couvent !
-Oh !
Outrée par cette menace, son amie bouda une bonne partie du trajet.
Bravant les éléments sur un chemin boueux, elles étaient battues par le vent, le froid, et la pluie. Heureusement, cette dernière arrivait dans leur dos.
-Franchement, on aurait pu attendre demain.
-Sacrelote, Madeleine ! Tu as déjà vu un hiver dans le nord où il ne pleut pas !? On aurait pu attendre un mois qu'il pleuvrait toujours ! Alors, arrête de râler, et avance ! Moi aussi j'ai froid aux fesses, je sens plus mes orteils et je préférais me trouver dans mon lit ! Tu auras qu'à te plaindre à Élisabeth pour ses demandes à la c...
Le tonnerre retentit, comme pour censurer ses paroles. Marie regarda le ciel d'un air mauvais, avant de continuer sa route.
Elles virent la lumière dans la grotte avant de voir la falaise elle-même. Il y avait une mine, ici. Bon. Au moins, il ne leur pleuvrait plus sur la tête, une fois à l'intérieur. Sauf qu'à l'évidence, d'autres avaient eu la même idée qu'Élisabeth.
Trois pilleurs de tombe se trouvaient à l'entrée. Eux aussi râlaient au sujet du temps, pourtant, cela ne les empêcha pas de les repérer. De loin, et dans leur accoutrement, nul n'aurait pu les prendre pour des femmes. Néanmoins, quand elles s'approchèrent de la lueur des torches, leur visage trahit leur sexe.
-Tiens, tiens, des donzelles, fit l'un d'entre eux. Envie de prendre du bon temps ?
Ils étaient laids, ne sentaient pas bons, et pourtant, Marie se tourna vers son amie.
-Tu te sens de les gérer tous les trois ?
-Oh oui, roucoula Madeleine, comme si on lui faisait un cadeau inestimable.
Il ne fallut pas longtemps pour qu'elle occupe les trois abrutis. Levant les yeux au ciel, Marie passa à côté de ceux qui, aussi surpris que ravis, se retrouvèrent à passer la meilleure nuit de leur vie.
Néanmoins, elle préférait rester vigilante. Il devait y en avoir d'autres. S'enfonçant dans la mine, elle prit l'une des torches de l'entrée. De toute façon, elle ne manquerait pas au bruyant quatuor.
VOUS LISEZ
Pécheresse
FantasyUn chapitre par semaine Caractérielle patentée, Marie se retrouve aux prises avec deux problèmes : un trésor disparu dont elle a besoin pour renflouer les caisses, et un énigmatique colosse blond. Le second n'aurait pas été un souci, s'il avait été...