Chapitre 12 : Les Toutous de Raphaël

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Il fallut six plongeons dans la mer glacée pour soulager l'esprit et le corps de Barbatos.

Trempé jusqu'aux os, il vola jusqu'à une falaise, où il se posa avec un râle exaspéré.

-Bon sang, mais qu'est-ce que je faisais ? marmonna-t-il en se passant une main tremblante sur le visage.

Ce n'était pas le froid qui le rendait ainsi, mais plutôt l'incompréhension totale de son comportement. Il avait demandé un baiser à Marie. Comment avait-il pu se retrouver sur le lit avec elle et lui faire mal, hein !? Elle lui avait déjà bien signifié qu'il n'avait plus intérêt à lui toucher la poitrine sans son consentement, en plus !

Ah...

Contemplant mer et navire, Barbatos se dit qu'il était le pire des anges déchus. Le Créateur avait bien fait de le punir pour son comportement anormal. D'ailleurs, pourquoi avait-il réagi ainsi ? Il avait l'habitude des champs de bataille, pas de toucher les gens. Et encore moins une femme, comme Marie.

Alors, pourquoi...

Il rougit.

Pourquoi cela avait-il été aussi agréable ? Le corps de Marie contre le sien, sa bouche, sa langue... Il se passa une main nerveuse sa joue redevenue piquante. Il ne savait pas ce qu'il se passait, mais il n'était pas près de l'oublier.

*

Marie se réveilla d'un chiche sommeil avec colère. En ouvrant les yeux sur le plafond miteux de la chambre d'auberge, toute sa frustration sexuelle de la nuit lui tomba dessus. Les dents serrées, elle s'assit sur le lit en se passant une main sur le visage, tout en remarquant Madeleine à côté d'elle.

Même s'il n'y eut aucun mouvement, aucune respiration, elle tourna brusquement la tête vers le tabouret.

Là, le dos contre le mur, les jambes croisées, l'ange Raphaël l'observait de ses grands yeux bleus. Froid comme la mort.

-Je t'avais dit de ne pas le pervertir.

Elle fronça les sourcils, tout en se souvenant de la veille. Les dents serrées, elle marmonna :

-Si j'avais pu, je l'aurais pervertie beaucoup plus. Mais ce lâche a fui avant de...

-Silence, cingla Raphaël en se redressant.

L'aura dorée qui l'environnait n'augurait rien de bon. Sur le qui-vive, Marie se tint prête à former sa barrière de runes.

-Je t'avais prévenu.

Sur quoi il disparut, laissant Marie avec des sueurs froides.

Qu'avait-il fait ?

Claquant les fesses de Madeleine pour la réveiller, la sorcière se saisit de son chapeau, son épée, avant de jeter la sienne à son amie. Cette dernière, sans rien demander, la passa à sa ceinture, avant de désigner la fenêtre du menton. Elle hocha la tête, à l'instant où la porte de la chambre était fracassée d'un coup de pied.

Marie prit à peine le temps de voir les yeux verts du responsable, barrés d'une profonde cicatrice.

Son œuvre.

Ni une, ni deux, elle fit jaillir des runes dans l'air, pour invoquer... une des armoires qui se trouvaient à l'abbaye. Le meuble, jaillit du néant, tomba en plein devant le chambranle de la porte, obligeant l'importun à reculer.

PécheresseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant