Chapitre 19 : La Frustration de Marie

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Assis sur l'un des créneaux de la tour de l'abbaye de Morteruine, Barbatos contemplait l'aube. Le silence n'était pas total, le rire des Pécheresses et des démons lui parvenant étouffés des entrailles du bâtiment. Néanmoins, il était au calme, et cette touche de vie face au spectacle du champ de bataille lui faisait du bien.

Jusqu'à présent, il n'avait pas réellement pris conscience de l'ampleur de sa perte. Ses pouvoirs s'étaient volatilisés, et avec eux la perspective de pouvoir se défendre seul face à n'importe quoi. Il avait même dû se reposer sur Marie.

Perdu dans ses pensées, il avisa les arbres calcinés par les colonnes de feu de la sorcière, ceux déracinés par la tornade. Les démons de la grotte... Ils avaient dit que l'un des siens l'avait trahi, n'est-ce pas ?

Un des archanges l'avait vendu aux démons.

S'il était désormais un déchu, il n'avait jamais pensé pour autant devenir un ennemi des anges.

Il regarda le ciel rougeoyant.

Là-haut, il n'y avait plus rien pour lui.

Ce constat faisait mal.

Mais il aurait dû s'en rendre compte plus tôt.

-Barbatos ?

Ah... En se retournant, il vit Marie. Vêtue d'une tunique propre, sans pantalon à cause de la chaleur, elle était splendide. Ses cheveux châtains retombaient librement sur ses épaules, lui conférant une allure plus douce que de coutume.

-Tu devrais arrêter de disparaitre dès que tu es contrarié, fit-elle d'un air agacé.

-Navré. Avec Alastor et Nergal, compliqué d'avoir le dernier mot.

-C'est parce que tu es encore trop gentil. Mais je ne sais pas pourquoi, je sens qu'une fois affranchis des codes du paradis, tu vas être terrible.

Barbatos grimaça, presque inquiet.

-Tu crois ? J'ai du mal à m'imaginer jurer autant qu'eux.

-Il n'y a pas que la parole à libérer, soupira Marie en venant s'asseoir à côté de lui. Alors, dis-moi... le Fléau des Démons... Tu es sacrément puissant, tu sais ?

-Mmhhh... Pas plus que toi.

Elle lui donna un coup de coude.

-Pas avec moi, la fausse modestie. Tu es hyper puissant ! Tu étais quoi, quand tu étais Séraphin ? L'équivalent d'un dieu !?

-Ne dit pas ça, ce serait le comble pour un ange ! Et toi ? Les soins ? Les tornades ? Tu es puissante, Marie. J'ose à peine imaginer de quoi tu serais capable sans les scellés de Métatron sur ton corps.

-Ah...

Il avait conscience de sa cuisse effleurant la sienne. De son épaule tout contre lui. Elle pencha la tête de côté, avec un soupir rageur.

-Tu sais, à l'origine, je suis quelqu'un de très calme. C'est pour ça que toutes les sept, nous avons décidé que je serais la Colère. Et pourtant, au tout de début, cela ne m'a pas empêché de ravager des contrées entières, de faire la guerre et de tuer des milliers de personnes.

Le regard perdu sur le champ de bataille, elle se tut un instant. Il comprenait. Il en avait fait de même, en tant que Fléau des Démons. Il ne ressentait ni culpabilité, ni rancœur, ni colère. Juste du vide.

PécheresseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant