Chapitre 8 : Le Gentil Garçon

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Les dents serrées, Marie toucha la terre ferme au bout d'une heure. Sacrelote, elle avait dû sauter de toit en toit avant de trouver une porte, menant à l'intérieur d'un de ces grands bâtiments, les insulae. Faisant plusieurs étages, ils abritaient une multitude de chambres et d'appartements. Les plus petits se trouvaient tout en haut, tandis que les plus riches se trouvaient au premier, et les boutiques au rez-de-chaussée.

Bref.

Elle montra les dents à deux ou trois gaillards qui cherchèrent à l'approcher de trop près. Elle devait absolument dénicher des vêtements différents. Une femme, dans la ville de l'Église, qui se balade dans une tenue de barbare, ce n'était pas très malin pour la discrétion. Surtout avec une épée à la ceinture.

D'ailleurs, une fois à l'air libre, elle prit le temps de se glisser dans une de ces microscopiques ruelles, entre deux insulae. Là, elle traça deux cercles emplis de runes orangées sur l'un des murs. Puis elle y enfonça son épée, qui disparut sans un bruit. Balayant les marques sur le mur d'un revers de main, elle se dit qu'Élisabeth avait tout intérêt à ne pas se trouver sur son lit à ce moment-là. Auquel cas, elle venait de se prendre le pommeau en pleine tête.

Bah.

Elle le saurait le jour où elle rentrerait au couvent.

Dans tous les cas, pour le moment, elle avait bien besoin de se laver. Ces derniers jours de voyages ne lui avaient pas forcément donné l'occasion de se laver. Les ruisseaux, en cette saison, étaient glacés, et les auberges faisaient payer des suppléments exorbitants pour un bain chaud.

Par bonheur, il existait encore un therme dans lequel elle pouvait se rendre.

Néanmoins, c'était bien loin du port. Près du forum de Trajan se trouvait un insulae évité de tous, sauf de la communauté parallèle. La société sous-jacente de Rome se réunissait ici, afin de discuter affaires et de se laver.

À l'entrée, elle tomba sur Mario, le portier. L'homme haussa un sourcil en la voyant, avant de pousser une exclamation.

-Mais qui voilà ! Comment ça va, ma petite Marie !?

-Ça pourrait aller mieux, grinça-t-elle en passant devant lui sans s'arrêter. Et toi ?

-Ça t'intéresse ?

-Non.

Dans les thermes, d'immenses voutes dorées l'accueillirent. Levant le nez sur la nouveauté des dorures, Marie le fronça. Décidément, il y en avait qui se remplissaient les poches, en ce moment. Baissant de nouveau la tête, elle posa une pièce sur le comptoir. Une démone à la peau verte la réceptionna avec un sourire aux dents aiguisées.

-Ravie de vous revoir.

-Tu parles, râla Marie. La dernière fois, j'ai pulvérisé votre frigidarium.

-Ah, ne vous en faites pas, vous n'êtes pas la seule à casser des choses ici, sourit la démone. Au moins, vous, vous avez les pouvoirs pour réparer vos dégâts.

Avec un grognement, la sorcière se dirigea vers les vestiaires. Tous les casiers étaient ouverts, certains étaient même pleins. Ici, pas besoin de surveiller ses affaires. Les trois quarts des usagers avaient amplement la capacité de retrouver un voleur et de lui faire avaler ses propres tripes.

Nue, Marie attrapa un linge sec et se dirigea droit vers la grande porte, donnant sur les premiers bains. Dans le frigidarium, il y avait déjà quelques personnes. Bon, elle ne serait pas seule de toute façon, autant ignorer tout le monde. Elle en profita pour se décrasser au maximum ici, même si elle avait froid. Puis elle passa par la natatio et la salle tiède, avant de savourer l'étuve sèche. Suante et transpirante, elle se serait presque endormie dans cette atmosphère chaude. Mais elle préféra passer dans le sudatorium.

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