Chapitre 3

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Le lendemain, en arrivant au lycée, je suis soulagée de n'entendre aucune chuchoterie dans les couloirs. Ça voudrait indubitablement dire que la reine des rebelles a encore frappé. Avec Sara Summers, on ne sait jamais vraiment à quoi s'attendre. Et je ne veux surtout pas qu'elle se fasse renvoyer.

Elle est bien la seule qui ait osé faire une farce en cachant les lunettes de Monsieur Stax. Le pauvre est myope comme une taupe. Ce jour-là, il s'est pris le pied dans son bureau. Rien de grave, mais il a dû rester alité une semaine entière. Autant dire la pire sentence pour un prof de maths quand on sait que même un déluge ne peut les priver d'un jour de classe. Je ris encore rien qu'en me remémorant le retour de notre prof après sa convalescence. Il jurait de faire vivre un sale quart d'heure au coupable. On n'a jamais su que c'était Sara ou plutôt si, mais la solidarité scolaire oblige. Depuis ce jour, le bon monsieur a toujours des lentilles de contact comme roue de secours dans sa sacoche.

─ Les filles ! m'exclamé-je en étreignant mes deux meilleures amies.

Elles discutaient devant les casiers avant que je ne leur tombe dessus. Je suis ravie qu'elles se soient rabibochées. Au son de la cloche, nous nous rendons à notre cours de sciences.

***

─ Elle pourrait se dépêcher au moins. Je meurs de faim.

Louane nous a laissé Sara et moi pour aller chercher de quoi manger et ne revient toujours pas. Finalement, on dort chez elle pour préparer l'exposé d'histoire.

J'arque un sourcil, car je ne reçois toujours pas de réponse.

─ Hé ! Qu'est-ce que tu regardes comme ça ? demandé-je en allant me mettre à côté de Sara qui est scotchée à la fenêtre depuis un bon moment.

Je fais la moue en découvrant ce qui la distrait autant : Louane discutant avec son petit ami, qui est assis sur sa motocyclette. Il porte un jeans bleu et un tee-shirt blanc. Et bien sûr, il n'a pas de casque. Cette fois, c'est à moi de claquer ma langue contre mon palais.

─ Tu le connais ?

─ Non, mens-je en me rasseyant sur le lit.

─ Ça doit être son cousin de Californie. Je ne le croyais pas si... mignon. Tu crois qu'il aime les blondes sexy comme moi ?

J'écarquille les yeux, alertée par le ton aguicheur qu'elle vient d'employer. Elle insiste du regard en tortillant une mèche de ses boucles blondes. Non ! Elle ne peut pas vraiment s'intéresser à lui. Et notre règle d'or alors à savoir ne jamais sortir avec les copains ou même les ex. Un max de scénarios surgit à mon esprit, à chaque fois Louane et Sara se crêpant le chignon pour les beaux yeux de cet abruti.

─ C'est son petit ami, avoué-je ex abrupto.

Le rire joyeux de Sara accueille ma déclaration. Je ne le crois pas. Elle m'a tiré les vers du nez. Je me gifle intérieurement.

─ Oh Hanna ! Tu ne sais vraiment pas mentir. Tu pensais vraiment que je n'avais pas deviné ? Vois-tu, ce garçon correspond cent pour cent aux dires de madame Richardson. Je cite : "Elle s'est encore enfuie avec son vaurien de petit ami sur cette affreuse moto".

Je ne réprime pas un rire devant la voix hystérique qu'elle vient de prendre pour rapporter les paroles de la mère de Louane. Une femme gentille, mais qui accorde bien trop d'importance au statut social à l'inverse de sa fille.

─ Notre chère madame Richardson ! Rien que d'imaginer sa tête, j'ai envie de préparer un mariage en secret pour ces deux-là. Pas toi ?

Qu'est-ce que j'avais dit ? Sauf que je ne vois plus le garçon en question d'un si bon œil. Aussi, je rétorque sur un ton blasé :

HannaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant