Hanna

Chapitre 24

PDV Hanna

─ Alors, tu préfères que je mette cette robe grise, toute moche ou cette superbe robe jaune qui me va comme un gant ?

Ma question tombe tout bonnement dans le vide. Installé confortablement sur mon lit, saint Carlos ne me calcule pas trop occupé à faire du gringue. Le pire dans tout ça, est sa tête d'idiot tandis qu'il engloutit ma réserve de chips. Là, tout de suite, je me retiens de lui coller une bonne droite. Il passe du lit au canapé qu'il a failli louper ; mais même après ça, il conserve son air bête allant jusqu'à prendre une voix suave. C'est fou comme il me rappelle son oncle, Andreu.

─ C'est dingue comme tu occupes mes pensées. Jour et nuit, je pense à toi, à ton sourire, à ton corps.

Je roule des yeux devant ce mensonge gros comme une maison. Parce que ce genre de trucs marche encore auprès des filles ? Il faut croire que oui, à en juger par l'émerveillement dans la voix de la naïve lorsque Carlos active le haut-parleur.

─ Chérie, ça m'ennuie de te le dire, mais je dois raccrocher, il y a ma grand-mère qui vient. La pauvre est veuve depuis si longtemps qu'elle risque de faire un infarctus devant une telle démonstration d'amour.

Non, il n'a tout de même pas osé me traiter de grand-mère ? Si, et je demeure la bouche béante. Le sourire moqueur qui se dessine sur son visage, révèle la charmante dent ébréchée qui fait fureur auprès de la gente féminine. Pathétique ! Je me dis que moi aussi, je suis pathétique plantée au beau milieu de ma chambre, deux cintres suspendus dans chaque main avec pour compagnie ce parfait idiot. Je me souviens aussi être en débardeur et en shorty... Une lumière s'allume alors dans mon esprit. Ni une ni deux, je dépose mes charges sur le lit. Je m'assieds ensuite à califourchon sur un Carlos suspicieux.

─ Bébé, t'en as pour longtemps ? J'adopte une voix volontairement douce et sensuelle.

─ Qui c'était ça ?

Carlos appose un index sur ses lèvres, pour m'intimer de me taire. Pft ! Comme si j'allais l'écouter.

─ Euh... C'est ma mamie mon cœur. Je crois qu'elle commence à perdre la boule. Elle me confond sans cesse avec son mari décédé.

─ Oh la pauvre !

Je parodie la mièvrerie dans la voix de cette fille. Qu'est-ce qu'elle est naïve, ma foi !

─ Oui, la pauvre. C'est l'heure pour elle de prendre ses médicaments.

Ignorant délibérément mon air scandalisé, il enchaîne :

─ Ça me fait mal de dire...

Mes gémissements montent dans la pièce, à la fois obscènes et explosives, parfaite imitation d'une maîtresse prenant son pied.

─ Oh oui ! Oui ! Plus fort mon amour ! Va plus loin en moi. Fais-moi du bien avec ta ...

La suite de ma supplique est étouffée par la main qui me bâillonne. Je suis prise d'un fou rire devant les yeux bleus qui menacent de sortir de leur orbite. À défaut de faire semblant d'atteindre l'extase, je gémis, pousse des hans à peine voilés... Le grognement sourd de Carlos, lorsque je mords sa paume est pour le moins tendancieux.

T'es mal barré mon chou ! Je souris aux anges.

─ Ta grand-mère, hein ?

À présent, elle aboie.

─ Merde ! Maddie, ce n'est pas du tout ce que tu crois.

─ Maddie ?

─ Jessie, hésite-t-il.