Chapitre 21

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En multimédia, le tatouage de Carlos

PVD Carlos

─ On se fait une petite course.

J'esquisse un sourire en coin à cette proposition que je qualifie d'insidieuse. Carlos Denver ne refuse jamais un nouveau défi. Je suis un as en motocross. Est-ce pourquoi je lui laisse une longueur d'avance et aussi pour mieux savourer la victoire ?

─ Que se passe-t-il ? lui demandé-je quand elle fait demi-tour.

─ Je viens de voir une fille sur la route et seule.

─ Quelle gonzesse saine d'esprit oserait emprunter cette route à cette heure ?

─ Une ignare sans doute.

Je hoche la tête en guise d'assentiment. Tout le monde sait que cette route est impraticable à moins qu'on sache se servir de ses deux poings. De nombreux cas de viols, d'homicides y ont été recensés. Les Lobos, un gang clandestin y règne en maître.

─ Amène-toi !

Sans attendre ma réponse, Asal prend les devants. Mon téléphone sonne. C'est Rita. Nous avons gardé contact. Je suis heureux de discuter avec ma belle-mère et mon petit frère. Ce dernier ne voulait pas dormir tant qu'il n'aurait pas entendu ma voix.

À la fin de notre appel, mon esprit se focalise sur cette étourdie en train de flâner tranquillement sur la route.

─ Quelle conne !

J'enfile mon casque que je ne porte jamais en dehors des courses et démarre. Je freine avec un bruit sec en arrivant à l'endroit.

Hanna ?

Bon sang ! Qu'est-ce qu'elle fiche ici ? Une émotion contradictoire, la peur ; se peint sur son visage alors qu'elle prend une position de défense. Elle pense vraiment pouvoir se défendre, elle qui est si menue. Mon froncement de sourcils se transforme en un large sourire. Je décide de jouer au jeu d'Asal qui consiste à l'effrayer pour qu'elle ne foule jamais plus ce lieu défendu. Une leçon que j'entends lui donner avec plaisir. Je me penche légèrement en avant, plie un peu les coudes.

Le son divin de ma moto résonne dans la nuit quand je la mets en marche. Je ris sous cape et commence à graviter autour d'elle. Mon but, la déstabiliser. Au début, elle esquive un geste pour s'échapper du cercle, mais se ravise quand j'accélère le rythme. Mes mouvements se font aussi rapides que l'éclair. Elle se tourne dans tous les sens tandis que l'effroi se lit ouvertement sur son visage. Je lui assène le coup de grâce en réalisant un wheeling juste devant elle. Elle hurle, trébuche quand elle a voulu reculer et reste au sol. Je ris, satisfait du résultat.

(*Le wheeling est le fait de se tenir sur la roue arrière de la moto*)

─ Ouais ! Tu lui as foutu la peur de sa vie, ricane Asal depuis son perchoir. Et la petite oie blanche va se réveiller dans trois, deux, un... Hop !

Contre toute attente, elle reste inerte. Asal et moi, nous nous regardons intrigués ? Se serait-elle cognée en tombant ? Dans ce cas, ça expliquerait qu'elle ait perdu connaissance. Je descends pour aller vérifier. Je suis fortement troublée par la vue du string en dentelle rose, exposé à cause de sa chute. J'admire les longues jambes fuselées que j'ai pu toucher, il n'y a pas si longtemps. J'ai adoré lui faire faire la planche. Je me fous une baffe intérieure pour mettre fin à toute cette divagation. Le mieux serait d'ajuster sa robe. Un coup de pied dans mon tibia me stoppe dans mon initiative. Bon sang ! C'était un piège. Je gémis.

─ Sale fils de pute !

Un coup plus violent atterrit dans mon tibia gauche, cette fois. Je perds l'équilibre. Sans crier gare, elle se positionne sur moi avec un cri de rage. Ses mains martèlent mon torse. J'ai l'impression d'être attaqué par un tas de froufrou. Je parviens non sans difficulté à les lui saisir. Elle me mord. Je la renverse, plaque ses deux mains au-dessus de sa tête pour reprendre le contrôle.

HannaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant