Hanna

Chapitre 5

Flashback

Je suis assise toute seule à la cafétéria. Louane n'est pas présente aujourd'hui, elle a décidé de sécher. Quant à Sara, elle est partie aux toilettes depuis le début de la pause et n'est toujours pas revenue.

─ Tes amies ne sont pas venues aujourd'hui ?

Je me retourne en reconnaissant ni plus ni moins que la voix de Michael. Mon rythme cardiaque s'accélère lorsqu'il prend place près de moi. J'ai des papillons dans le ventre.

─ Louane non, mais Sara est là.

Je me sermonne intérieurement d'avoir bredouillé ces quelques mots. Je suis conne.

─ Dommage, j'allais t'inviter à notre table. Une autre fois alors. Ciao Hanna ! me sourit-il charmeur avant de s'en aller.

Je sens mes joues s'enflammer. Au son de la cloche, je me précipite dans les toilettes pour tout raconter à mon amie.

─ Sara, appelé-je en rentrant en trombe.

Il n'y a personne. Je m'apprête à rebrousser chemin lorsqu'un reniflement se fait entendre.

─ Sara ?

Aucune réponse.

Deux minutes après elle sort d'une des cabines un grand sourire plaqué aux lèvres. Ça aurait pu me rassurer si ses yeux n'étaient pas aussi rouges et gonflés.

─ Ça va ?

─ Tu ne vas pas me croire, j'ai regardé une vidéo triste sur mon téléphone et ça m'a fait pleurer, lâche-t-elle avec un petit rire nerveux. Je suis trop sensible.

Mes yeux se réduisent à deux fentes pour lui signifier mes suspicions. Je suis sidérée de la voir détourner son regard bleu. Elle, qui d'habitude est si sûre d'elle. Un autre détail attire mon attention, la vigueur qu'elle emploie à se frotter l'arête du nez.

Mon regard descend vers sa main droite dissimulée dans les plis de sa jupe. Elle a pourtant laissé son portable dans la classe. Ça veut dire que ce n'est pas lui qu'elle cache et aussi qu'elle ment.

─ Hanna, si je n'en prends pas, je ne me sentirai pas vivante, avoue-t-elle à mi-voix.

Je porte ma main à ma bouche, choquée, lorsqu'elle me révèle ce qu'elle camouflait.

─ Tout va mal chez moi. Si tu savais.

Je la prends dans mes bras.

─ Sara, tout va s'arranger. Je suis certaine que tes parents ne vont pas divorcer car ils s'aiment, la réconforté-je.

C'est la première et la dernière fois que je l'ai vue si vulnérable.

Fin Flashback

─ C'est vous deux qui devriez être dans cette tombe et non elle.

La voix de Mia me ramène à la réalité.

Ses yeux verts expriment une froideur inébranlable. La culpabilité me tenaille en cet instant ; ennemie implacable et intransigeante. Lire du dégoût dans les yeux de celle qui une semaine plus tôt m'admirait me fait l'effet d'un coup de poignard. En l'espace d'une semaine, la Mia innocente s'est métamorphosée en un bloc de glace ne ressentant que mépris et dégoût envers Louane et surtout moi.

Si seulement j'avais accepté d'aller en boîte avec Sara.

Si seulement...

PDV Carlos

Adossé à un vieux chêne non loin du petit groupe, je ne tarde pas à me perdre dans l'atmosphère lugubre de cet endroit. Le ciel de plomb s'apparente avec la mélancolie y régnant. L'automne me fait soudain froid dans le dos. Les arbres qui s'effeuillent autour de moi ne font qu'accroître l'ambiance déjà morose dans le cimetière. L'automne saison de décadence. L'automne saison mélancolique chargée du regret de ce qui s'en va contre notre gré.