Chapitre 38

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PDV Hanna

─ Tu es bien sûre que tu n'as rien à me dire ? demande Brad, sa mine inquisitrice tournée vers moi, une fois de plus.

─ Oui. Oui, assuré-je, gigotant sur le tabouret abandonné dans la salle des fêtes. Pourquoi tu me demandes ça ?

─ Tu es... différente. Oui, c'est ça. Joviale aussi. Tu donnes l'impression d'être amoureuse.

Je lui signifie l'absurdité de cette observation d'une moue moqueuse, et un geste vague de la main.

Il a tout dit, mais ça il n'a pas besoin de le savoir. Pas tout de suite. De un, il se la pètera grave. De deux, il ne se reposera pas tant que je ne lui donnerai pas ses $100, l'argent du pari. Je ne le connais que trop bien.

─ Tu as fait quoi hier ? Je n'ai pas pu te joindre une seule fois.

C'était dimanche, Carlos et moi, sommes allés rendre visite à Kate. Elle était folle de joie de savoir que son fils et moi, sortons ensemble, mais ne pouvait décemment pas l'afficher pour ne pas peiner Milo. Je ne me suis jamais sentie autant coupable. Le petit garçon en pinçait pour moi, et je ne le savais même pas.
Ensuite, nous avons fait un tour au bowling.

─ Oh ! Rien de particulier, réponds-je avec une désinvolture feinte, en remuant les jambes plus fort.

─ La routine, quoi.

─ Exact.

─ Venez, le projo est en place, annonce Fabian.

Nous sommes huit à former un cercle autour de lui. Il enchaîne :

─ J'ai pensé qu'on pouvait commencer par la diapo d'un séisme de magnitude 7.3 sur l'échelle de Ritcher. Il a dévasté Port-au-Prince, première ville d'Haïti. C'était en janvier 2010. J'ai lu dans un article de l'Oxfam America que le tremblement de terre a fait plus de 220 000 morts et 300 000 blessés. Malika, tu pourrais présen...

***

La clochette de Léa's tinte joyeusement pour annoncer son nouvel arrivant. Je remue les fesses, impatiente. Ils devraient déjà être là. Je vérifie l'heure : une minute seulement s'est écoulée depuis la dernière fois. J'ai l'impression que ça fait une décennie.

Sur la banquette d'en face, Monica et Brad discutent du sexe des anges. Elle me ramène à leur guéguerre :

─ Dis-lui, toi, Hanna. Dis-lui que Rambo est meilleur.

Je la regarde, regarde mon meilleur ami qui prend position pour Schwarzenegger depuis qu'il a vu la série Terminator.

─ Eh bien, commencé-je prudemment, ce sont tous deux d'excellents acteurs.

─ Mais ! répliquent-ils d'une seule voix, suspendus à mes lèvres.

─ Tara ! m'exclamé-je, attirant son attention, et celle de Carlos qui vient de s'engouffrer dans la salle, sur notre tablée.

─ Coucou !

Elle m'embrasse ainsi que les autres. Carlos nous checke ; ce qui est une bonne chose. Je ne me serais probablement pas contentée d'un simple bisou après ce week-end. Son contact a été amical, mais son regard...

Il prend place à côté de moi. Brad attire Tara sur l'autre banquette. Un bras passé autour de son cou, il lui demande des nouvelles des siens. Blottie contre lui, Monica participe de tout cœur. Elle est au courant qu'il y a eu quelque chose entre eux, dès le début de leur relation ─, mais n'en fait pas tout un cake. C'est du passé, et c'était il y a très longtemps. En aurais-je fait de même ? Certainement pas. Je me sentirais menacée.

HannaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant