Chapitre 10

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"Non"

Je cligne des yeux. Ça ne peut pas être lui. Michael m'aime. Il me l'a prouvé à plusieurs reprises. Il a dit ne pas vouloir me perdre. Je dois faire une erreur. Je ne connais pas sa silhouette aussi bien que ça. Oui, c'est ça. Je ris de moi-même et de mon idiotie encore plus quand il pose sa main sur ma taille. Je fais volte-face en souriant intérieurement. Je suis sidérée de découvrir le videur derrière moi. Je tourne la tête en direction de la piste de danse. Le couple est toujours en train de s'embrasser. Elle chuchote quelque chose à son compagnon qui rit et l'embrasse. Puis elle s'en va.

─ Beauté...

Je me tourne à nouveau vers ce grand gaillard. Une odeur empestée d'alcool irrite mes narines lorsqu'il se penche vers moi.

─ Sache que suis rentré exprès pour toi ma mignonne. Allons à l'étage. Je promets de te donner du plaisir, tu ne seras pas déçue.

Je tourne la tête dans tous les sens de manière à repérer Michael. Sans résultat.

─ Pour qui tu t'prends sale p'tite garce ? On t'a jamais appris à n'pas ignorer les gens ? s'énerve-t-il en me saisissant par le poignet.

J'ouvre la bouche pour crier, mais aucun son n'en sort. J'arrive aisément à distinguer les traits de l'homme. Il n'est pas content. J'essaie de déloger mon poignet sans y arriver. Il l'enserre de plus en plus. J'ai mal.

─ Hé ! lâche-la immédiatement.

Mon salvateur esquive adroitement le coup de poing de mon agresseur qui vient de me lâcher et se jette sur lui. Je fais des gestes de friction autour de mon poignet ankylosé là où cette brute me tenait quand mon sauveur s'approche.

─ Ça va ?

Michael.

─ Michael ! m'écrié-je en me blottissant contre lui.

Je m'écarte sur-le-champ lorsqu'il gémit de douleur. Il doit avoir une côte cassée. Courageux, il a volé à mon secours. J'ai honte d'avoir douté de lui quelques minutes plus tôt. Je suis une idiote.

─ Que fais-tu ici toute seule Hanna et dans cette tenue ?

─ C'est toi qui m'as...

Je ne finis pas ma phrase. Je fixe interdite le sac à main qu'il tient fermement dans sa main gauche. Je recule d'un pas puis de deux.

─ Hanna, je peux tout expliquer.

Le videur surgissant de nulle part l'attaque par-derrière. Ils atterrissent sur un tabouret qui se brise sous leurs poids. Les gens s'amassent pour observer le spectacle. Je profite du remue-ménage pour fuir.

─ Taxi, hélé-je pour la troisième fois.

Fort heureusement, celui-ci s'arrête devant moi.

─ Hanna, je t'en prie ne t'en va pas. Laisse-moi au moins t'expliquer, supplie Michael en m'attrapant par le bras.

Je fais volte-face me dégageant brusquement de son emprise au passage. Je constate qu'il a un énorme cocard au visage. Bien fait pour lui.

─ Ne me touche pas.

─ Je peux tout t'expliquer.

─ Génial, une scène de ménage ! Je suis censé faire quoi moi ? se lamente le chauffeur.

Nous répondons simultanément :

─ Tu t'en vas.

─ Tu restes.

─ Faut se décider tous les deux.

─ Tu t'en vas, rugit Michael.

Ce dernier démarre sans demander son reste.

HannaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant