Chapitre 35

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PDV Hanna

Attablées dans le jardin, à l'ombre d'une pergola, Kate et moi conversons tout en prenant le café. Suspendant mon mug, j'acquiesce d'un signe de tête à une nouvelle affirmation. La fumée qui s'élève, compte tenu de la boisson chaude qu'il contient, atteint mon visage dans un souffle caressant. Je hume son odeur, la tiédit de mon haleine avant de la porter à mes lèvres.

Juste comme je l'aime.

─ Ce ne doit pas être très facile.

─ De la voir avec un gros ventre ? Non. Mais on s'y fait. Le plus heureux est Dave. Il est deux... non ! Cinq fois plus attentionné. Tu devrais le voir, terminé-je sur un ton faussement excédé.

─ Le docteur l'adore, et cet enfant, qu'ils vont avoir, va donner un nouvel éclat à leur couple. Des rayons de soleil, c'est ce qu'ils sont, avance-t-elle en couvant des yeux Carlos et Milo qui jouent au ballon.

Je continue mon brûlant, bercée par le bruissement de l'eau de la cascade établit non loin. La brise légère qui froufroute les feuilles des arbres et des arbustes change des vents aigres et des brouillards épais qui dominaient New York, il y a peu. Elle orchestre une symphonie de concert avec des mésanges qui, émergeant du creux d'un arbre, zinzinulent. Ceux-ci qui s'y connaissent disent qu'ils le font pour annoncer le retour des beaux jours. Je suis en admiration devant une branchette qui s'égoutte de sa parure hivernale, sous l'action d'un timide rayon de soleil. Le printemps doucement s'installe, avec elle ses merveilles. Je frissonne d'excitation. C'est la saison que je préfère.

Des cris surviennent, joyeux et perçants, troublant ma tranquillité d'esprit. Milo. Il vient de marquer un but. Encore. La voix de Carlos, plus grave, s'élève pour annoncer la revanche. Mon cœur exécute un salto.

─ Mille mercis, Hanna.

J'interroge mon interlocutrice du regard.

─ Mon fils ne serait pas là avec nous, en ce moment, si tu n'avais pas eu envie de m'aider. Aussi du fond du cœur, je te remercie.

─ Je t'en prie, Kate, dis-je en lui rendant son sourire.

Mes yeux, tels l'aiguille aimantée, reviennent à leur point d'origine.

─ J'y pense, reprend-elle sur un ton inquisiteur. Tu ne m'as jamais dit ce que tu fuyais le soir de notre rencontre.

Je me tourne vers elle, cette fois dans une attitude figée. Son regard est insistant, signe qu'elle attend des explications. Je tressaille aux souvenirs infâmes de l'autre soir : les attouchements de Lars, sa brutalité, les propos blessants de Carlos... sans oublier l'ombre que j'ai perçue dans cette ruelle. Elle a braqué un pistolet. Je me rassure, j'étais mal, et j'ai cru voir ça. J'ai halluciné.

─ Tout va bien ?

Je secoue la tête dans un geste affirmatif.

─ En es-tu certaine ? Tu es toute pâle. Milo ! crie-t-elle au geignement du petit garçon qui vient de chuter.

Elle court vers eux sans perdre un instant. Penchés sur lui, Carlos et sa belle-mère l'examine. Je m'apprête à faire de même quand mon téléphone retentit. Il affiche mon dreadeux préféré.

─ Où es-tu, Hanna ? m'assome sa petite amie dès que je décroche. Il y a Brad qui t'attend.

─ Brad m'attend ? Mais... Pourquoi ?

Mes yeux s'écarquillent, ma bouche aussi :

─ Mais oui !

Il y a de ça quelques heures, nous avons convenu de nous retrouver à l'université ─ où il serait pour voir Monica. De là, nous avons prévu de nous rendre chez un de nos coéquipiers, Fabian, afin de finaliser la présentation. Si j'en crois ma montre, je suis en retard de sept minutes ─ pour l'instant. Je bondis de ma chaise.

HannaOù les histoires vivent. Découvrez maintenant