🏹 Chapitre 10.1 🏹

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Le lendemain matin, c'est seul que Soarën se réveille. Il n'en est pas surpris : il fallait bien que Petra retourne travailler. En rejoignant le rez-de-chaussée, il la repère au fond de la salle, occupée à balayer le sol avant que n'arrivent les clients du midi. Il lui vole un baiser au passage et la remercie pour la nuit qu'ils ont partagé. Elle est aussi belle que douce, mais il ne compte pas s'éterniser à Obwald : ce n'était qu'une conquête éphémère. Bien d'autres lui succèderont. Cependant, Petra gardera toujours ce petit charme supplémentaire d'avoir été sa première fois, celle qui l'a initié à tous ces plaisirs secrets.

Il va jeter un œil au tableau d'affichage. Rapporter sa viande au vieillard a été fructueux, la veille. Les autres contrats de chasse sont-ils toujours disponibles ?

Certains ont disparu, mais d'autres sont toujours présents. L'Elfe les parcourt du regard, avant de s'arrêter sur le dernier d'entre eux. Cette fois, pas de garde-manger à remplir : il est question de traquer une créature rare pour en ramener sa fourrure. Soarën hausse un sourcil intéressé. L'animal est décrit comme une sorte d'ours, encore plus grand, au poil argenté et brillant. Un camouflage parfait pour les Steppes. Séduit par le défi, il décroche l'annonce. Une fois de plus, l'aide de ses Compagnons ne sera pas de trop pour mener la tâche à bien. Il a hâte de les revoir.

— Tu pars à la chasse aux Kisthers ? Tu t'attaques à du gros gibier, mon gars. Ils sont introuvables, et hors de contrôle quand on leur met la main dessus.

Le ton de l'aubergiste est à mi-chemin entre l'inquiétude et l'admiration. Soarën hausse les épaules avec assurance.

— Je ne traque pas seul, se contente-t-il de répondre, un sourire aux lèvres.

— Ben j'espère que tes compagnons sont aussi doués que toi, commente l'homme, sans se douter qu'il a employé le terme exact pour désigner ses alliés. Fais voir ton commanditaire ?

Celui-ci est un certain Leo, mineur habile mais piètre chasseur. Descendu sous terre, comme chaque jour de sa vie depuis son enfance, il en remonte le midi pour venir manger à l'auberge. Soarën l'attend et ils discutent de sa mission autour d'une chope de bière. Leo a conscience de la difficulté de la tâche, mais a entendu les exploits de l'Elfe la veille au soir et lui accorde toute sa confiance. En échange d'une fourrure de Kisther, il lui propose un paiement atypique. Il n'est pas riche d'argent, mais lui remontera de la mine quelques métaux qu'il pourra ensuite revendre à un forgeron. Soarën accepte : l'offre lui paraît honnête. Il signe son nouveau contrat et laisse Leo manger puis repartir à la mine tandis qu'il se met d'ores et déjà en chasse. Ils se retrouveront à l'auberge ce soir. Peut-être aura-t-il échoué, et dans ce cas il ne sera pas payé, mais la moindre des politesses sera d'en informer son commanditaire.

À peine s'est-il éloigné d'Obwald qu'une douce chaleur familière l'enveloppe. Discorde et Funest le rejoignent, ravis de le retrouver et impatients de l'entendre leur raconter sa soirée. Ils n'auront jamais la joie de connaître l'ambiance incomparable des auberges et des tavernes, mais peuvent malgré tout les découvrir à travers les récits que leur en fait Soarën à chaque fois. Celui-ci leur parle de sa rencontre avec les villageois et de l'agréable soirée qu'ils ont passé ensemble. De nouveau, Discorde lui fait la remarque avec malice que tous les Humains ne se ressemblent pas. Cette fois, il approuve d'un hochement de tête. Il commence ensuite à évoquer Petra, mais se fait peu à peu hésitant, jusqu'à s'interrompre à la suite de leur bras de fer improvisé.

— Et après ? s'impatiente Funest face au silence de son Compagnon.

Soarën avale sa salive de travers et tente de tousser avec innocence, tout en se passant une main dans les cheveux.

Soarën [MYSTIS]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant