Lena
Distraite, je regarde par la fenêtre. D'ici quelque mois, je vais atteindre l'âge de mes dix-huit ans, ce qui signifie que ma vie va prendre un tournant décisif. En théorie, je suis censée choisir entre une vie de servitude au seigneur et une vie de femme mariée. En théorie seulement.
- Mademoiselle Lena ? Soeur Danvers vient d'arriver.
- Vous pouvez la laisser rentrer.
- Bien.
Quelques instants plus tard, la blonde qui hante mes pensées entre.
Kara Danvers est, malgré son jeune âge, ce que l'on pourrait appeler ma gouvernante. Elle est celle qui m'enseigne comment être une parfaite épouse, comment faire honneur au nom de Luthor. C'est plutôt raté de ce que je peux voir.
- Bonjour mademoiselle Lena.
- Fermez la porte, je ne veux pas être dérangée durant notre leçon.
- Bien sûr. Votre frère ne se joindra pas à nous aujourd'hui ?
- Non, il est parti pour affaires.
La blonde ne se le fait pas dire deux fois avant de fermer les lourds battants, nous donnant ainsi plus d'intimité.
Toujours assise face à ma coiffeuse, je l'observe du coin de l'oeil. Si l'on savait ce que je ressens, je finirais certainement pendue.
- Souhaitez-vous revoir quelque chose en particulier ?
- Peut-être.
Je me lève finalement pour être face à elle. Qui pourrait se douter que derrière ces lunettes et cette allure de sainte se cache en réalité ce que l'on pourrait presque appeler le diable ? A elle seule, elle incarne le pêché.
- Tout va bien Lena, elle demande soucieuse.
- Tu n'es pas venue hier, je réponds simplement.
- J'ai été fortement occupée. Je m'en excuse. N'as-tu pas été prévenue ?
- Je l'ai été. Mais tu m'as manqué.
Un léger sourire se dessine sur ses lèvres déjà bien trop tentatrices.
- Tout comme toi.
Nous ne sommes plus qu'à un souffle l'une de l'autre.
- Je voudrais tellement rejoindre l'ordre des soeurs, je murmure. Tout serait tellement plus simple.
- Je le souhaite aussi. Mais que dirait ta famille ?
- Je suis persuadée que je pourrais apporter beaucoup d'honneur de cette manière aussi.
Je ne veux pas être séparée de toi.
Elle souffle doucement. Ce n'est pas la première fois que nous avons ce genre de conversation.
- Lena...
- Mais pour l'instant, je veux juste être plus proche. Puis-je ?
Sans montrer la moindre hésitation, la soeur ouvre ses bras. Bras dans lesquels je m'empresse de me blottir, respirant à plein poumon son odeur.
- Comment pourrais-je me marier à un autre alors que je supporte à peine d'être éloignée de toi plus de vingt-quatre heures ?
- Nous ne pourrons jamais être ensemble Lena, pas aux yeux du monde et tu le sais.
- Mais dans ton couvent, cela importera peu. Nous serons bien plus libres de nos mouvements.
Une horrible pensée traverse mon esprit, me faisant reculer afin de la fixer, effarée.
- A moins que ce ne soit ce que tu veux ?
Un lourd silence prend place entre nous. Un silence si lourd que je commence à croire à ce que je viens de dire.
- Le nom des Luthor te fait-il peur à ce point ? Kara, jamais je ne pourrais trahir tous tes secrets.
Je sens de petites larmes pointer aux coins de mes yeux. Je ne suis habituellement émotive, cependant son indifférence pourrait me briser. Cette personne détient littéralement mon coeur entre ses mains.
- Je le sais Lena. Dieu m'en est témoin que je le sais. Je ne te souhaite juste pas une vie de criminelle. Tu mérites tellement plus.
- Tout ce que je veux, c'est toi. Toi, et personne d'autre. Je me moque des dangers ou des frères qui seraient à nos trousses.
- Tu es tout pour moi Lena.
- Alors pourquoi refuser ?
Elle soupire lourdement avant de se rapprocher. Ses paumes englobent mon visage, effaçant par la même occasion les quelques larmes s'étant frayé un passage.
- Parce je te veux vivante, pas pendue, brûlée sur un bûcher ou que sais-je encore ?
- Je préfère une vie courte, mais heureuse à tes côtés, plutôt qu'une longue agonie à servir un homme qui sera au mieux prévenant. Ce n'est pas ce que je souhaite.
Cela n'a jamais été mon souhait. Dès l'instant où cette entêtante blonde est entrée dans ma vie, toutes mes certitudes ont été ébranlées, changeant ma vision du monde. Je me voyais déjà, survivant péniblement dans l'ombre d'un homme imbu de sa personne, choisi par les soins de mon frère. Et maintenant, maintenant, je peux frôler du bout des doigts un futur bien plus heureux. Un futur où je pourrais être bien plus moi que je ne le suis actuellement.
- Je t'aime, je chuchote.
- Je t'aime aussi.
- Alors embrasse-moi. Fais-moi oublier tout ça, même pour quelques instants. S'il te plait.
Je la vois hésiter un court instant avant de fondre sur mes lèvres pour un long et doux baiser. Un baiser interdit, défendu.
Ses mains ne sont plus sur mes joues mais se baladent sur tout mon corps, comme pour le cartographier. Les miennes sont bien trop occupées à l'enlacer de manière à la tenir le plus proche possible. Des frissons nous parcourent alors que nous nous redécouvrons de la plus douce des manières.
- Es-tu sûre que...
- Mère est en ville. Les domestiques ne viennent jamais dans cette aile à cette heure.
- Très bien.
Rapidement, elle remonte ma jupe jusqu'à me la retirer, ne me laissant qu'en sous-vêtement.
- Pas de corset mademoiselle Luthor ?
Ses doigts effleurent mes côtes à travers la fine chemise blanche.
- Trop inconfortable.
- Comme je te comprends. Même si j'aime particulièrement te l'enlever.
Je souris face à ces paroles avant d'entreprendre de la déshabiller à mon tour.
Petit à petit, les morceaux de tissus se retrouvent sur le sol, nous laissent aussi nues l'une que l'autre et frémissantes.
Ce n'est pas impure comme beaucoup pourraient le dire. Tout n'est que tendresse, amour et respect. Rien de comparable à ce que la plupart des femmes vivent.
Et là, alors que je me laisse aller entre ses bras rassurants, je ne peux m'imaginer un futur sans elle. C'est tout simplement inconcevable pour moi.
Peu importe que l'on nous montre du doigt, je suis prête à tout pour poursuivre cette relation.
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31 jours (OS Supercorp)✔️
FanficUn simple recueil de one-shoot sur ce magnifique ship qu'est le supercorp, issu de l'univers "supergirl". Okay, je sais que j'ai fait exactement la même chose l'année passée. J'avais dit que c'était une manière de se souhaiter une vraie bonne année...