Coincées ensembles

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Spoil 6x08

Lena

Kara vient d'être sauvée de la zone fantôme. Je n'y croyais presque plus. Je serais même incapable de dire précisément combien de temps nous avons travaillé sur son sauvetage. Pour être honnête, je suis à peine sortie de cette tour après avoir officiellement quitté Lcorp. Difficile donc de prendre en compte les jours passés. Ce n'est pas la première fois que je me perds dans le travail au point de ne pas voir le temps passer.

Je soupire lourdement, avalant une énième tasse de café. Supergirl est à peine de retour qu'elle doit déjà retourner travailler. J'aurais préféré qu'elle se repose un minimum avant de reprendre, mais on peut difficilement arrêter l'héroïne.

- Tu devrais aller dormir Lena.

Je me retourne pour faire face à Alex. Nous nous sommes pas mal rapprochées ces derniers temps. Avoir une personne à qui on tient en danger lie les gens.

- C'est bon, je marmonne en me tournant vers les écrans. Tout le monde travaille, je ne vois pas pourquoi je serais la seule à me reposer.

- Peut-être parce que nous sommes les deux seules humaines ? Ecoute, je sais que tu t'inquiètes toujours autant pour Kara, mais elle ira bien maintenant. Elle est définitivement de retour.

- Pour combien de temps ? Tu penses vraiment que Lex va s'arrêter là ? Il déteste tous les extraterrestres, les supers en particulier.

- Ce qui n'est pas ton cas.

- Bien sûr que non ! Je sais que j'ai été horrible en apprenant la vérité, mais ce n'est pas à cause de cette stupide rivalité.

- Ce n'est pas de ça que je parlais.

Du coin de l'oeil, je vois la rousse se placer dans mon champ de vision, affichant un sourire amusé.

- Alors de quoi, je demande peut-être un peu sèchement.

- Lena, je suis lesbienne.

- Je suis au courant.

- Ce que je veux dire, c'est que je remarque certaines choses. Y compris ce qu'il y a entre ma soeur et toi.

- Kara est ma meilleure amie. Bien sûr qu'il y a quelque chose de fort entre nous.

- Ose me dire qu'il n'y a rien de plus.

Cette fille veut définitivement ma mort. Ce n'est pas possible autrement.

- Tu as raison, je la vois hausser un sourcil. Je suis fatiguée. Je vais dormir à côté, appelez-moi s'il y a le moindre problème.

Et sans lui laisser plus de temps pour répondre, je quitte la pièce.

Je suis presque sûre de savoir de quoi elle parle. Mais je pensais avoir réussi à le cacher un peu mieux. J'ai réussi durant des années avec la blonde, dissimuler ce que je ressens au fond de moi est clairement ce que je fais de mieux. Alors pourquoi faut-il que sa soeur décide de s'en mêler maintenant ? Alors que je viens de tous les trahir de la plus horrible des manières ?

Je n'ai pas vraiment envie de me reposer, mais si je veux pouvoir échapper un instant à cet interrogatoire, c'est la seule solution envisageable.

Je m'allonge sur l'un des lits de l'infirmerie. Ce n'est pas le plus confortable, cependant je ne veux pas m'éloigner, même pour quelques heures.

Mes paupières sont lourdes et je n'ai besoin que d'une poignée de minutes avant de plonger dans un sommeil sans rêve, comme souvent ces derniers temps. Parfois je me demande si cela a un lien avec la crise.

Je ne sais pas exactement combien de temps j'ai dormi. Tout ce dont je suis certaine, c'est d'une présence à mes côtés à mon réveil. Je me relève rapidement, prête à me défendre. Mais ce n'est que Kara, dans sa tenue de supergirl.

- Pardon, elle s'exclame. Je ne voulais pas te faire peur.

- C'est bon, ne t'inquiète pas pour ça.

- Tout va bien ? Alex semblait soucieuse pour toi.

Je soupire. Bien sûr, j'aurais dû savoir qu'elle allait parler : les deux soeurs n'ont aucun secret l'une pour l'autre.

- Selon elle, je travaille trop. Ce n'est rien que je ne puisse gérer, j'ai déjà eu des horaires bien pire à Lcorp. Et ici, je n'ai pas l'impression que je risque de me faire dévorer au moindre faux pas ou relâchement.

La blonde porte nerveusement la main à sa temps, signe de nervosité. Elle a l'habitude de jouer avec ses lunettes en temps normal. Encore un détail qui m'a échappé dans le passé.

- En fait... elle voulait qu'on parle... par rapport à ce qu'il y a entre nous. Alex pense que tu me caches quelque chose et... ce n'est pas que je n'ai pas confiance en toi, mais on ne s'est jamais réellement expliquée par rapport à ma double identité. On s'est battues puis j'ai disparu dans la zone fantôme et...

- Kara, tout va bien, je tente de la rassurer.

- Alors... qu'est-ce qui ne va pas ? Ton coeur bat beaucoup trop vite pour qu'il n'y ait rien du tout.

Foutu super ouïe.

- Je n'aime pas vraiment qu'on me rappelle cette période, je réponds simplement.

- Je comprends mais... ce n'est pas tout. S'il te plait Lena, je ne veux pas répéter les mêmes erreurs.

Il me faut une force phénoménale pour résister à cet air presque suppliant. Surtout que je sais que son inquiétude est sincère. Et sans doute serais-je dans le même état si les rôles étaient inversés.

- C'est compliqué, je souffle finalement. Et je ne veux pas en parler.

- D'accord.

J'hausse un sourcil. Jamais encore la journaliste n'a abandonné aussi rapidement. En fait, elle n'a tout simplement jamais abandonné.

La blonde se détourne et, d'un regard, fait littéralement fondre la serrure, bloquant la seule sortie de la pièce. Elle se place ensuite face à moi, les poings sur les hanches.

- Je suis désolée mais tu ne me laisses pas le choix. J'ai repoussé le moment de tout te révéler un nombre incalculable de fois, et regarde le résultat. Je ne laisserai pas quelque chose de similaire se reproduire, notre amitié m'est bien trop précieuse pour que je supporte ça une autre fois.

C'est une blague ? Je suis enfermée avec un détecteur de mensonge vivant, capable d'entendre le moindre changement de mon rythme cardiaque, et je dois m'en sortir indemne ? Une personne qui me soutient une fois de plus qu'il y a une forte amitié entre nous, mais c'est tout. Comment je suis censée lui avouer mes sentiments sans tout gâcher ?

C'est définitivement impossible.

Alors, une fois de plus, je me compose ce visage de diplomate que j'ai appris par coeur. Une fois de plus, je me blinde. Et une fois de plus, je m'apprête à mentir sur ce que je ressens réellement au fond de moi.

- Dans la zone fantôme, j'ai revu ma mère. Et je pense de plus en plus sérieusement à rentrer mettre les choses au clair.

- Tu parles de Liliane ?

- Non, de ma vraie mère. Je vais retourner en Irlande.

Et surtout, surtout, essayer d'y voir plus clair dans ce que je ressens.

Mes boites m'ont été très utiles jusqu'à présent, mais maintenant il faut que je les efface. Et pour ça, je vais avoir besoin de temps.

31 jours (OS Supercorp)✔️Où les histoires vivent. Découvrez maintenant