Prologue

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« Si j'avais voulu emménager dans une ville des Etats-Unis plus simpliste et cliché que ça, je n'aurais pas su. Cet endroit me plaît beaucoup malgré tout. D'ailleurs, pourquoi l'Etat de l'Illinois ? Je l'ignore. Je savais simplement que je voulais m'éloigner de mon pays natal, la France, en faisant tourner le globe autour de mon doigt, jusqu'à ce que ce dernier tape un point de la carte au hasard.

Je vis seule et c'est bien voulu. Ça va faire maintenant trois mois que je suis ici. Désormais loin de mon ancienne vie. Changement d'adresse, changement de téléphone, réseaux sociaux fermés. Je ne m'en tire pas trop mal, pour le moment je tiens le coup sur mes quelques économies qui m'ont accompagnée. Je rêvais tellement d'un nouveau départ depuis longtemps, voilà que ce rêve est devenu réalité...

Après quelques semaines d'errance entre les motels et les auberges de jeunesse, mon dévolu s'est finalement porté sur une maison individuelle de taille moyenne, dans un quartier de la ville d'Haddonfield. Isolée, elle se trouve tout au bout d'une ruelle exiguë et reculée du quartier, elle comporte trois chambres bien qu'une seule m'aurait amplement suffi. Surtout que, lorsque j'avais repéré l'annonce, elle était affichée à un tarif plus qu'alléchant. J'ai entendu parler d'une rumeur, comme quoi une maison hantée et à l'abandon se trouve à quelques pas de la mienne. C'est ce qui a peut-être réduit la valeur du quartier et rendu l'immobilier peu onéreux. Je l'ai en effet aperçue et reconnue lorsque j'ai visité le lotissement, mais de là à dire que c'est hanté...

Personnellement, je me moque de ce qu'il en retourne. Ok, il y a sans doute eu des morts, mais c'était il y a longtemps. Les gens meurent tous les jours, partout dans le monde. Pour l'instant, j'ai vaguement rencontré les voisins alentours. Quelques « bonjour » timides, du fait sans doute que je sois une étrangère et que ça se voit, mais ça m'arrange complètement. Je tiens à ma tranquillité et ma solitude. Je pense être une trentenaire moderne plutôt jolie. Je m'habille assez simplement, et pourtant je suis parfois le genre de femme que l'on remarque. Mes longs cheveux blond vénitien habillent un visage clair et girond qui suit une logique d'un corps tout en rondeurs là où ça plait. Mes tatouages voyants viennent affirmer un état d'esprit aussi ouvert que rock'n'roll. Des bottines simples, un jean classique et un petit haut féminin suffisent à accompagner le charme de mes yeux verts.

Ici les gens paraissent... tellement américains. Banals en somme, des familles modèles, des enfants souriants. Mais il y a aussi de l'obésité parfois, leur malbouffe à chaque coin de rue et leur vilaine voix de canard. Les us et coutumes religieuses et la dinde de Thanksgiving. Pour résumer, ça ne me dérange ni qu'on me remarque, ni qu'on me distance, ni qu'on me fasse un léger sourire béat au supermarché à cause de mon accent français d'ailleurs. Pour l'instant, je prends la routine comme elle me vient, je vis le plus simplement du monde, je fais ce que j'ai à faire pour continuer ma carrière professionnelle, je réfléchis pour mon avenir... Du moins, je m'efforcerai d'y réfléchir quand le moment sera venu. »


*


C'était dans un Etat du Midwest des Etats-Unis qu'Astrid avait jeté son dévolu sur une petite maison ancienne, confortable et surtout financièrement accessible. Elle résidait désormais à Haddonfield depuis presque un an, dans l'Illinois. Le temps avait passé bien vite. Cette expatriée française avait très facilement pris ses marques dans cette ville jusqu'à lors méconnue, où tout était à refaire. Une nouvelle vie, un départ qui lui avait permis de tout redémarrer de zéro, à un niveau près. L'aspect le plus facile de cette démarche demeurait son emploi, qu'elle avait conservé sans avoir besoin de le changer, malgré les huit heures de vol qui la séparait de ses racines. En tant qu'écrivaine, elle mettait au monde des best-sellers à travers les continents, des histoires et intrigues dont elle seule avait le secret. Par chance, les technologies modernes et Internet permettaient de travailler de chez soi n'importe où. Contrairement à la dimension personnelle, Astrid n'avait jamais perdu de vue ses contacts professionnels et sa maison d'édition française, particulièrement passionnée par ce qu'elle faisait.

Son souvenir demeurait intact. Le quartier typiquement américain lui avait de suite plu. Le seul défaut dont elle avait entendu parler, c'était cette maison voisine définie d'hantée, sans plus de détail. A part cela, rien à signaler. De toute façon, qui allait s'en préoccuper ? Certainement pas elle, qui n'était pas spécialement impressionnée par tout ce qui touchait au paranormal. Le premier jour, sous les guirlandes colorées, le sol enneigé accompagné de la bonne odeur de feu de bois, lors de la période juste avant Noël, elle venait de découvrir son nouveau chez-elle, clés et valises en main. De l'extérieur, la maison avait son joli charme typique des foyers américains, celle-ci se trouvant clôturée de hautes haies, avec un portillon sur l'avant. Très confortable, au rez-de-chaussée, Astrid profitait d'un espace assez ample pour la pièce de vie, une grande cuisine fermée, et une petite buanderie. Juste en face de la porte d'entrée, un escalier menait au premier étage. Un autre, à l'arrière de la cuisine, menait dans un petit sous-sol d'environ trente mètres carrés, très pratique pour y ranger tout son petit bordel, cartons, outillages, peu esthétiques pour une décoration d'intérieur qu'elle voulait sobre. La jeune femme prit la plus grande chambre pour dormir, les deux autres pièces, plus petites, faisaient la même superficie. Toutes les pièces se trouvèrent à la droite du haut des marches. Elle eut droit à une salle de bain spacieuse avec baignoire-douche. Son bureau se trouvait entre sa chambre et la salle de bain, et la dernière pièce servait de petit débarras jusqu'à ce qu'elle aurait assez de courage pour en faire une pièce rangée et utile. Pourquoi pas une chambre d'amis. Encore fallait-il avoir des amis.

En à peine quarante-huit heures, elle s'était retrouvée envahie de cartons, de pots de peinture pour rafraîchir quelques pièces rattrapées par le temps, avec la poussière en prime. Tout ce challenge seule, pendant presque un mois, à tout peindre et nettoyer, meubler et décorer à son goût, pour rendre un peu de fraîcheur dans son nouveau refuge, loin de sa famille, loin des toasts de foie gras et de toute cette tradition familiale, dans le froid. Malgré tout combattante, possédant toutes les cartes en mains pour réaliser tous ses projets rêvés et commencer son nouveau départ.

[FR] The Shape - Michael Myers x OC (Halloween/Dead By Daylight)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant