[FR] The Shape - Michael Myers x OC (Halloween/Dead By Daylight)

Chapitre 13 : Le glacier

Toujours arrachée par Félix lui comprimant le poignet, sa vision s'embrouillait de plus en plus, tant gâchée par ses larmes silencieuses. Astrid regardait derrière elle, le son de craquement de la muraille de l'Entité, l'empêchant de faire marche arrière, bloquait un retour possible de l'autre côté du Royaume. Elle fixait ce point comme semblant vouloir retourner dans le monde brumeux pour le secourir, mais cela n'avait aucun sens. Un tueur en série ne méritait aucun sauvetage. Malgré tout, l'image de Michael se faisant éliminer par ces monstres lui donna un vif sentiment de douleur, de tristesse. Même d'injustice, pourtant consciente qu'il avait ôté la vie à de nombreuses personnes. La dernière fois que son regard s'était posé sur lui, Michael gisait au sol, immobile, et ne respirait déjà plus. Félix se retourna à son tour vers Astrid, lui attrapant le menton, regardant son visage inexpressif, ce regard vide, ces joues taries par les larmes.

« - Qu'est-ce que tu fais ? Il faut qu'on avance ! »

Astrid ne l'écouta presque pas, ralentissant la démarche avant de se rendre vers ce feu de camp abandonné.

« - On va rentrer à la maison. Je n'arrive pas à croire qu'on soit sains et saufs. Assura Félix. Astrid, ma chérie, est-ce que ça va ?

- Oui... Maugréa-t-elle. »

Félix fronça son beau regard mais comprenait qu'elle avait besoin de temps, prenant cette réaction pour un traumatisme normal et logique. Après tout, ils avaient presque manqué de se faire tuer par ce cinglé, dans ce monde de fous. Alors qu'ils atteignirent le feu quasiment éteint, ils n'y découvrirent personne aux alentours. Dwight, qui avait également réussi à s'échapper en vie, avait disparu.

Allongée dans son lit, Astrid rouvrit ses yeux humides, scrutant le plafond sans but. Ce dernier épisode n'arrêtait pas de se répéter sans cesse depuis deux jours dans son esprit. Elle n'arrivait pas à croire qu'elle l'avait perdu... Michael...

Deux jours en ce mardi, qu'elle était enfin retournée chez elle, sans presque sortir de sa chambre. La nuit était déjà tombée alors qu'elle avait appris plus tôt dans la journée le décès de Claudette, sa disparition alertée dès qu'elle n'était pas retournée travailler, son corps retrouvé au sous-sol. D'après les premiers retours de police qu'elle avait entendus lorsqu'elle s'était rendue sur place, de nombreuses traces d'ADN appartenant à Michael prouvaient qu'il était sans le moindre doute l'auteur du crime, et que cela remontait à plusieurs jours.

Plus le temps passait, plus le cœur en morceaux d'Astrid se comprimait à chaque inspiration, réalisant que son amie était morte depuis plusieurs jours et qu'elle n'arrivait pas à s'empêcher de penser que tout était de sa faute. Michael lui manquait autant qu'elle le détestait, à la fois désespérée et soulagée de le savoir mort. Sa vie demeurait en pause, beaucoup de temps lui serait nécessaire pour sourire à nouveau.

*

Dimanche 14 novembre, deux semaines plus tard.

Les cauchemars et réveils nocturnes s'étaient amenuisés au fil des jours, s'étaient estompés. Dans la chaîne d'information à la télévision, les articles concernant Michael Myers se raréfiaient. Pour le plus grand soulagement des habitants d'Haddonfield, aucun nouveau meurtre n'avait été déploré, aucune nouvelle ni aucun signe de vie du tueur en série. Depuis son évasion dix jours plus tôt avant le dernier meurtre recensé, les autorités avaient reporté sept victimes au total : Bryan Aldford, un mécanicien retrouvé dévêtu dans son garage, Feng Min, Claudette Morel, Ace Visconti, l'Agent Tom Petterson et son épouse Mona Petterson, et enfin Meg Thomas.

Ses travaux avançaient bien, du moins plus vite, depuis qu'elle allait mieux. Quatre nouveaux chapitres venaient d'être envoyés le matin-même à sa maison d'édition française, fière d'avoir accompli ce nouveau résultat. Sa mine redevenait un peu plus normale. Bien évidemment, quelques crises d'anxiété persistaient, mais globalement, Astrid retrouvait enfin la routine qu'elle avait laissée de côté avant la date du 23 octobre, cette fameuse date où elle ne l'avait encore jamais connu auparavant. Lorsque tout était encore normal. Ce dimanche, Astrid devait aller à la rencontre de Félix dans un café, ce dernier lui ayant donné rendez-vous pour quatorze heures. Elle avait trouvé cette proposition et cet horaire plutôt surprenants, mais la jeune femme ne s'était pas bien posé la question. Simplement le fait que depuis le premier refus de l'écrivaine au téléphone, Félix n'avait plus jamais proposé la moindre sortie, à l'exception de celle-ci. Depuis leur nuit de survie alors qu'ils auraient dû jouer contre la Spirit, Félix et Astrid ne s'étaient pratiquement pas retrouvés. A l'exception de la fameuse nuit où Félix avait dormi contre Astrid quelques heures sur le canapé, il était ensuite rentré au petit matin, la jeune femme muette et interdite pendant toute l'entrevue. Après cela, les jours durant, Félix avait cherché à joindre Astrid, en vain, cette dernière n'ayant pas toujours répondu en temps et en heures, l'ayant parfois même laissé plusieurs journées entières sans nouvelle. Ensuite, les échanges étaient progressivement revenus par messagerie instantanée, sur WhatsApp, pour des messages mi-mielleux mi-distants, pour laisser imaginer le malaise qui s'était installé entre eux. Il arrivait encore souvent à Astrid de penser à Michael, de réaliser à quel point il lui manquait, tout en prenant conscience que ces pensées étaient complètement interdites à avouer. Elle n'avait pas la foi de jouer la comédie devant Félix. Cependant, elle était prête à faire un effort. Après tout, ils étaient deux âmes sincères qui avaient tous deux droit au bonheur.