le Cirque.

21 2 3
                                    

Monsieur loyal ;

Ça fait longtemps que je n'ai pas écrit. Je crois que ma vie me fuit.

Je me sens perdue : perdue au milieu d'un monde qui me noie dans sa foule, perdue dans des états d'âme qui me font vomir les larmes, perdue dans la paranoïa de ces espoirs qui tournent en rond, perdue au centre du cirque.

Je suis la proie qui se fait dévorer par la cacophonie des trompettes et des éclats de rire. Plus le chapiteau se remplit, plus il m'est impossible de sortir. Je me débats, je m'époumone, mais il n'y a rien à faire : quand les festivités commencent, seule l'agonie triomphe.

Ils me prennent pour une acrobate, me mettant au centre de leur querelle, pour que je leur fasse une scène. Je jongle avec des sentiments fragiles et je me mets en équilibre sur mon chagrin malsain. Le sens et la raison ne sont plus rien. Et le public m'applaudit pendant que mon âme se brise.

Je suis un animal de foire qui risque sa vie à sauter tête baissée dans des conneries enflammées. Je ne peux que répéter mes erreurs dans ce cercle de terre battue. Tourner et tourner en rond. Tel un vulgaire poisson.

Funambule, c'est ce petit fil d'espoir qui me retient, qui me dit que l'avenir sera moins pire. Alors j'avance, entourée des acclamations et de tous ces regards qui me scrute sans honte.

Je ne suis qu'un clown payé de faux sourire pour divertir cette société hypocrite.

Je suis prisonnière du cirque. Impossible de se battre quand on s'est perdue soi-même. 

J'ai beau me chercher dans la foule, mes yeux ne font que divaguer sur un public fantôme.

- excusez-moi, j'ai égaré mon âme, l'avez-vous aperçu ?

Personne ne répond. Nobody cares about my soul.
J'aimerais crier, à en percer mes poumons, à en perdre la voix, à en trembler de rage. J'aimerais leur montrer que je ne suis pas qu'une simple artiste de foire.

Je ne veux pas être ce trapéziste qui lâchera la barre sans rien ni personne pour le rattraper au vol.

- qui es-tu?

- je ne sais pas.

J'ai l'enfer dans la tête et je peine à me sortir de l'eau. Je me noie dans le cirque qui a pris possession de mon cerveau.


À toi, monsieur loyal, qui a emprisonné mon bonheur sous ton chapiteau, je t'en prie, libère le de ton orchestre vertigineux et permet moi de le ramener à la maison.

Et je te promets que je veillerais à ne plus lâcher la main de ma jeune âme aux prochains passages du cirque.

31/12/2021

autobiographie en poésieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant