autobiographie en poésie

qui étais-je avant elle ?

Ils m'ont demandé qui j'étais avant elle,
J'ai répondu que je n'étais personne.

Ce sentiment d'avoir oublié mon existence avant que nos âmes ne se relient. Avant que nos cœurs ne succombent et que nos mains s'enlacent.

J'ai juste besoin de me rappeler.

Me rappeler qui j'étais avant elle.
Mon nom n'a pas changé, mais mon âme s'est trop attachée à la sienne qu'elles sont devenues dépendantes de l'une et de l'autre.
Je dois me détacher de son âme pour me retrouver à nouveau.
Cette fille que j'étais avant de la rencontrer, avant de lui parler, avant de l'aimer.

J'étais une fille aux idées libres, à l'imagination débordante, avec une envie de vivre pleinement. Je prenais ce que la vie me donnait. Je chérissais mes rêves comme les fruits d'un arbre.

Je vivais de mon art. Les interminables nuits dans l'atelier, avec comme ami mon tablier. Les mains dans l'argile et le plâtre. Les yeux dans les couleurs, et non pas dans les larmes.

Ma poésie était fluide et abondante. Des rimes dans mes phrases et des idées à chaque tournant de la journée. J'écrivais entre mes cours, sur des bancs, devant mon lunch, sur mon lit, au milieu de la nuit.
Des strophes de solitudes certes, mais des strophes quand même.
Depuis quand perdure ce vide dans mon écriture ?
L'inspiration m'a telle quittée lorsque je l'ai rencontrée ?
Comment puis-je perdre ce don qui me permettait de me nommer comme écrivaine ?
Où sont ces proses qui remplissaient mes brouillons ? Ces brides de vers ici et là ? Ces quelques mots sur les post-it et entre les pages des livres de classe ?

Plus encore, ces dessins d'ennuis et se passions dans mes cahiers lignés.
Depuis quand n'est je pas ouvert mon carnet de croquis ?
Depuis quand ai je arrêté de chercher avec ardeur ces muses à la beauté inspirante ? Ces inconnus aux coins des rues qui me donnaient envie d'écrire sur leur vie, ou de dessiner la courbure de leur visage.

Les tâches de plomb sur mes paumes et les multiples crayons que je collectionnai dans mes étuis.

Qui étais-je avant elle ?

Une artiste, une écrivaine, une fanatique de crochet, une frabricante de bijoux, une lectrice de fantaisies romantiques, une amatrice de sangria, une étudiante studieuse, une amie, une fille, une personne.

Certainement pas personne.

Aujourd'hui, je suis encore là. À me demander combien de temps, il faudra que j'attende pour arrêter de pleurer son absence.

Elle m'a dit d'être patiente.
Je lui ai dit que j'attendrais le temps qu'il faudra.

Je suis une femme de parole.

Mais en suis-je capable ?
Comment me retrouver moi, si je suis encore en attente d'elle ?
Comment ne pas épuiser mon énergie à essayer de la faire sourire ?
Comment puis-je me rendre heureuse sans elle ?

Retrouver mon bonheur solitaire n'est pas une mince affaire.
Il y a tellement de choses que j'ai arrêté de faire.
Ma recherche reste pour l'instant sans réponse.
Je dois me trouver dans son ombre.

Je suis quelqu'un, quelqu'un qui aime si fort qu'elle en oublie sa personne.

avril 2024