Quatre [TERMINÉE]

Chapitre 2: Liam

Je me sentais mal, atrocement mal. Ma tête me tournait, j'avais des bouffées de chaleur... Était-ce une de mes crises d'angoisse ? Pourtant je n'en faisais plus depuis bien longtemps, j'avais abandonné toutes choses anxiogènes pour moi. En effet, plus jeune j'avais subi du harcèlement scolaire à cause du fait que j'étais différent, toujours dans mon monde à lire ou à dessiner. Et pendant qu'à l'école je subissais des horreurs, je me remontais le moral en me disant qu'à la maison tout irait bien. Je ne pensais pas que quelque chose de pire puisse m'arriver. Mais voilà qu'un jour j'étais rentré  chez moi, j'avais attendu mes parents, longtemps, pendant des heures, mais ils n'étaient jamais rentrés. j'avais alors déménagé en Australie et j'étais parti vivre chez mes grands-parents maternels. C'était un couple adorable qui me donnait tout l'amour et le calme dont j'avais besoin. Et ils ne m'en avaient pas voulu quand je leur avais dit que même ici, en Australie, je ne voulais pas retourner à l'école. J'avais développé une phobie scolaire. Ils avaient accepté ma décision, en me demandant simplement de les aider dans leur petit commerce, dans le centre d'une petite ville, des plus tranquilles.

Je courais vers l'endroit qui calmerait cette crise quelle qu'en soit la cause à coup sûr. C'était un coin tranquille dans le domaine de mes grands-parents, une petite rivière, avec une vieille chaise en bois, ou je m'installais pour lire tranquillement ou pour me reposer, bercé par le bruit de l'eau, le son des roseaux, et le bruit des oiseaux. Je m'étalai sur la chaise. Quand je venais lire sur cette chaise, je pouvais y passer des journées entières sans jamais m'en lasser. Mais étrangement cette fois la crise ne passa pas, ce n'était visiblement pas une simple crise d'angoisse. Je me relevai d'un bon et je me plaçai  face à la rivière, humant les odeurs présentes, dans un dernier espoir de pouvoir me calmer. Mais non ça ne marchait toujours pas. J'écartai les bras d'un mouvement rapide et je fermai les yeux. Quand je les rouvris, je remarquai que la rivière s'était coupée en deux parties, je compris que c'était moi qui avais fait ça simplement en ouvrant les bras. Ma crise se calma presque instantanément après. Puis je compris, j'en avais entendu parler à la radio et c'était devenu depuis quelques jours, puisque la date de début de la prophétie était proche, le sujet de discussion numéro 1 partout dans le monde: les 4 élus aux pouvoirs des 4 éléments. Et il semblerait que j'en étais un et celui de l'eau, mais moi élu, je ne pouvais y croire, c'était trop étrange.

Je rebroussais chemin vers le petit cottage où j'habitais avec les deux derniers membres de ma famille. J'entrai comme un dingue, ce qui n'était pas dans mes habitudes. Ma grand-mère faisait des muffins et mon grand-père lisait le journal. Ils furent très surpris de me voir dans cet état. Je leur expliquai la situation, même si à cause de ma peur j'avais du mal à aligner deux mots correctement. Ma grand-mère me dit de me calmer, et de prendre un goûter, après tout c'était quand même mon anniversaire. Mon grand-père, lui, me demanda de ne parler à personne de ce qu'il s'était passé, que j'étais l'élu. Ils ne voulaient pas que j'appelle le numéro qui s'affichait à la télé et que l'on devait appeler si on était l'un des élus. Ils m'expliquaient faire cela pour me protéger. Je n'étais pas sûr que cette idée me plaise réellement, mais je n'avais pas non plus envie d'être sous le feu de projecteurs comme la fille en Angleterre.

Pendant toute la journée je n'arrêtais pas de faire des dégâts avec mes nouveaux pouvoirs. Comme le fait d'être un élu m'angoissait beaucoup, dès que je voulais boire de l'eau, me laver les mains ou faire quoi que ce soit qui est un rapport avec l'eau, j'en mettais partout ou je faisais exploser les contenant. Cela m'angoissait de plus en plus. Et si j'étais incapable de contrôler mon pouvoir ? Et si je n'arrivais pas à les cacher ? Et si je blessais les personnes qui me sont chères par inadvertance ? Je ne cessais de penser à ces questions, et ça me rendait dingue. Si bien que sur un coup de tête je piquai le téléphone qui trônait sur le comptoir dans l'entrée à côté d'un vide poche qui contenait des clés et un autre remplit de caramels, et je m'enfermai dans ma chambre après avoir pris l'un des bonbons. Ma chambre qui contenait un lit contre le mur du fond, un bureau, sous la fenêtre, où n'était déposé qu'un cahier d'exercice fermé pour l'éternité, et une trousse avec des stylos et des crayons. Une vieille armoire, était posée contre le mur du fond et le reste des murs étaient recouvert par des bibliothèques bourrées par des livres de tous genres et des dessins au fusain. Ici c'était mon royaume, s' il ne faisait pas assez beau pour que je puisse lire près de la rivière, je m'installais dans mon lit, et je lisais ou je dessinais jusqu'à ce que l'on m'appelle, quand on avait besoin de moi, ou qu'il fallait aller manger. Je composais le numéro et quelqu'un décrocha immédiatement. L'homme au bout du fil devait avoir la quarantaine et avait un fort accent australien, au début il m'expliquait que ce numéro n'était là que pour découvrir l'identité des quatre élus, et n'était en aucun cas présent pour répondre aux questions concernant la prophétie, et qu'il ne souhaitait pas être dérangé par des petits malins voulant l'embêter. Je dû le couper dans son monologue, visiblement il avait reçu beaucoup de canulars téléphoniques, je lui dis être l'élu de l'eau. Et il reprit malheureusement son monologue sur les canulars, alors je lui coupai de nouveau la parole et je déclinai mon identité pour qu'il puisse vérifier ma date de naissance. Quand il vit que je ne mentais pas, il me demanda de lui envoyer le numéro ou de lui dicter un lien pour que je puisse lui montrer mes pouvoirs par visio conférence. Je couru récupérer le petit ordinateur portable de mes grand parents et je créai un lien vers une célèbre plateforme de visio conférence. Là un australien d'environ 45 ans, se joigna à la réunion,  il avait des cheveux bruns et des yeux noirs, une peau fortement bronzée, et la carrure d'un bodybuilder. Après qu'il m'en donnai l'ordre, je fis léviter un peu d'eau, qui au bout d'une petite minute tomba par terre à cause de mon manque d'expérience. Puis il me posa une série de questions. Après un long moment, il me demanda si j'étais prêt à partir dès maintenant rejoindre les autres élus, pour maîtriser mon pouvoir, réussir à le contrôler, et réaliser la prophétie. Comme j'avais plus de 18 ans, j'étais majeur c'était à moi de décider, et j'acceptai, je ne voulais blesser personne, ni en tuer car je n'étais pas assez courageux pour accepter mon destin. Il me prévint que, dans environ une heure, des personnes viendraient me récupérer. Je fis mes bagages, une fois qu'il quitta la réunion et que je repris mes esprits, je ne savais pas vraiment ce que je devais emporter mais je fis de mon mieux. Je pris mes livres préférés, des vêtements, un album photo, un cadre avec moi bébé et mes deux parents derrière qui souriaient, et un autre avec mes deux grand parents. Puis j'entrai dans le salon où les deux personnes âgées regardaient une célèbre émission de jeu tv. Je leur dis avoir appelé le gouvernement, et que je partais rejoindre les autres élus.

-Je suis désolé. Mais j'ai peur de vous blesser, vous, ou les autres personnes qui me sont chères.

Ils ne réussirent pas à prononcer le moindre mot, mamie pleurait, papi me prit dans ses bras, et je me retins de pleurer du mieux que je le pouvais. Ce n'était pas un adieu, juste un au revoir, je leurs écrirai, je les appellerais le plus souvent possible. Après tout, ils étaient ma dernière famille. Vingt minutes passèrent où nous nous rappelâmes de bon souvenirs en mangeant les gâteaux fais par ma grand-mère, et en se serrant de temps en temps dans les bras. Soudain trois grosses voitures noires arrivèrent devant la maison. On se regarda dans les yeux, ma grand-mère tremblait dans sa vieille robe fleurie, ses cheveux gris attachés en chignon. Mon grand-père s'est relevé, il n'avait plus de cheveux depuis longtemps, ses petits yeux bleus étaient mouillés, il allait bientôt pleurer. Il me tendit la main pour m'aider à me relever. Mes jambes tremblaient mais je voulais être courageux, j'étais un élu, je devais protéger les habitants de la terre. Quelqu'un toqua à la porte en bois, j'attrapai mon sac à dos, tandis que mon grand-père ouvrait la porte. L'homme derrière la porte était le même que j'avais vu en visioconférence sur l'ordinateur portable il y a peu de temps, dans ma petite chambre.

-Monsieur Murphy Liam, nous nous sommes parlé il y a peu, voulez vous bien me suivre.

-Oui, Monsieur, ai-je répondu d'une voix que je voulais assuré.

-Bien. Nous partons pour l'aéroport, destination une île militaire dans l'océan pacifique où vous et les autres élus pourraient pleinement utiliser vos pouvoirs pour vous entraîner, sans risquer de blesser qui que ce soit.

Je sortis en adressant un dernier sourire à ceux qui m'avaient recueilli et offert tant d'amour. Malgré tous mes efforts, une larme coula et tomba à terre.