après la pluie le beau temps

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ma tête bien au chaud dans le cou de mon père. Je sais qu'il ne m'arrivera, rien ou plus rien, désormais. Je sens que ma respiration reprends son cour, s'échappant en fusionnant avec l'air et la respiration de Damiano. Il vogue dans les poches de son manteau et trouve enfin la cigarette qu'il jurait avoir gardé ainsi que son briquet puis poses une main sur ma tête pour éviter que mes cheveux tombent.
Puis, je ne sais pourquoi, il s'arrête et rit avant de me décaler légèrement de sa poitrine vers son épaule pour que ses yeux se plantent dans les miens.

— Tu veux que je te passe une cigarette?

— ahah, euh bah disons que...

— Roh, me dis pas que t'as jamais fumé.

— Non je dis pas ça c'est juste que c'est bizarre, dans un bon sens bien évidemment, de fumer avec son père.

— De toute façon, rien n'est habituelle chez nous alors bon, autant perpétuer ça avec la cigarette. Et puis, je préfères te savoir à fumer avec moi une fois que de te croire non fumeuse mais qui l'est et fume n'importe quoi.

— Ah euh bah oui... dis je en me grattant la tête, repensant à la scène sur le parking du lycée

— Mais crois pas que je ne me souviens pas de ce jour où il y a eu un lancer de cigarette, hein.. rit il avant de m'en passer une

J'attrape le cylindre des mains de mon père, le laisse l'allumer et aspire la fumée. Même le fait de prendre de la nicotine en étant proche de son père n'a plus rien de quand je fumais seule. Trempée, dans mon petit balcon où l'on peut croire que c'est super reposant d'avoir le paysage, des pensées pleins la tête et un cœur en vrac.
Foutaise, sordides. Tout ce que vous voulez mais c'est juste un immense tas de mensonges que seul ceux qui n'ont jamais vécus ça idéalise, parce que dans les story d'Instagram c'est trop bien caché par des faux sourires ou un beau paysage.
Qu'est ce que j'en ai à foutre du ciel, mon père n'était pas là.

— Il me reste un projet, un truc alignant toutes ces années d'absences qui sortira le jour de ton anniversaire.

— Aux yeux du monde entiers.

— Monde entiers si ce globe terrestre nous écoute, oui. Mais en clair, ceux qui nous écoutent oui.

— Mais tu sais, si tu veux garder ce jour pour ton deuil plutôt que pour une chanson je comprendrais.

— Elle est peut être morte mais elle a fait parti de ma vie et c'est ce que je dois retenir. Toi tu es encore là, alors autant célébrer ta naissance et à côté remercier dieu d'avoir vécu avec Marlène et que tu me sois arrivée.

Ses paroles sont douces, presque divines pour moi. J'ai l'impression de me projeter un rêve, de doucement pénétrer dans mes songes les plus doux, ou les plus fous. Je ne sens même pas l'air frais d'automne prendre mon corps. J'ai enlevé mon manteau, ma veste, histoire son étreinte pleinement. C'est inimaginable et pourtant les larmes que je déversent depuis des minutes et une heure sont bien là, d'ailleurs sont le seul signe de réalisation de ma part.

J'ai toujours ma tête sur sa clavicule et son bras serrant ma taille. Je crois qu'aucun de nous ne fait un mouvement de peur que l'autre s'en aille.

—— point of view of Maria——
Je tournes en rond, fumes un peu, m'assois dans ma voiture et repars. Triste cercle vicieux depuis que nous laissons du temps à mon mari et à ma fille d'avoir une discussion. Pas de cris, pas de jurons, pas de bruits de vaisselle, rien.

— Sorella, attends un peu, imagine qu'il s'en aille parce que tu rentres.

— Marcus, s'il te plaît, je vais pas tenir, passes moi la foutue clé. Déjà, s'il vient à sortir on le coince et on lui parle.

— Je peux pas, désolé.

— Pourquoi, t'as pas les capacités motrices requises pour attraper une clé dans ton jean? Bah bravo. Ça fait deux heures on attends, on a eu le temps d'acheter à manger, à boire et même de quoi refaire leur garde robe qui est déjà entrain de craquer. Dis je en visant les filles qui ont achetés avec Thomas un lot de vêtements

— Marcus, donne lui la clé, faut bien qu'on sache. Chuchota Ethan

Mon frère abdiquait enfin et me tendit enfin ce trousseau que je ne voyait plus arriver. Il souffla comme pour me dire, à tes risques et périls. Maladroitement, je ne savais même plus quelle clé correspondait à quoi la clé et ouvrit en claquant la porte contre le pauvre mur, tenant bien comme il peut.

Ma respiration se coupe. Elle repart du plus profond de mon estomac pour, à la place, laisser monter les larmes. Ils ne sont pas en bas. Je prends mon élan, de je ne sais où et cours vers le studio d'enregistrement. Là je me retrouve, presque la bouche claquant contre le sol. Ma fille enlacée dans les bras de son père.
Pas besoin de vous faire un dessin sur leurs état. Yeux gonflés, larmes, cheveux ébouriffés.

— Et bah, faite la même chose avec chauffage la prochaine fois. S'exclama mon mari

Je ne compris pas bien sa blague, ni sentis le fait qu'il faisait affreusement froid ici. Son calme ainsi que celui de ma fille me déconcertais autant qu'il me soulageais mais cependant je ne bougeais pas de l'entrée, de peur qu'un seul pas fasse tout tomber à l'eau.

— Tenez, à boire. Dis je

Je leur tendis deux bouteilles de soda et m'asseyais inconfortablement tant mon corps ne comprenait pas ce qui lui arrivait. Je voulais, voudrais y croire. Seulement je n'y arrive pas.

— Bon, comment ça s'est déroulé?

— Et bien, c'est elle qui a entamée la conversation puis voilà. Enfin je saurais pas te l'expliquer. Je t'avoue que je suis un peu secoué. Puis là, ah bah elle s'est endormie.
Il décalait un de ses cheveux et embrassant la tempe de notre fille. Puis quelques instants plus tard, elle se réveilla, me regardais, regardait son père et souriait de milles feu.

Son ton confus est à la fois extrêmement mignon mais en même temps à vous retourner le ventre. Je leur fait signe et me retrouve rapidement avec leur deux petites têtes dans les creux de mon cou.

— Pour toujours?

— Pour toujours. Et me faites plus un seul truc comme ça, je vous étrangle sinon. Dis je

— Promis, c'est ma faute.

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𝐍𝐨𝐭𝐫𝐞 𝐩𝐚𝐫𝐜𝐨𝐮𝐫𝐬Où les histoires vivent. Découvrez maintenant