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Evans brisa le contact visuel pour observer les ciseaux, qu'il m'arracha. Il les envoya valser par-delà son épaule mais ne me relâcha pas pour autant. Je continuais de m'agiter, craignant alors pour la suite des événements. Plusieurs scénarios se bousculaient dans ma tête, mais ils finissaient tous de la même manière : mon corps étendu sur le sol et la gorge béante, comme l'avait jadis vécu Oliver. Mes nausées reprirent en même temps que mon sang faisait pulser plus fort la plupart de mes muscles, et que ma respiration devint difficile. Je n'arrivais plus à réfléchir logiquement, comme je l'aurais fait auparavant. Je venais de sauter à une conclusion, sans même envisager plusieurs options. Je n'étais pas sûr que cette attitude soit la meilleure, mais ma journée avait été éprouvante et le manque de sommeil ne m'aidait pas à agir en adulte.

« Axel, qu'est-ce que tu racontes ? Me questionna Evans d'une voix posée , douce qui sonna inquiète. »

Je m'agitais, n'ayant prêté en réalité aucune importance à sa phrase et obstrué son timbre, préférant cracher d'un ton alerté :

« Fais pas semblant putain ! Tu as une morsure, merde ! »

Il pencha alors son visage, comme complètement paumé tandis que je redressais mes prunelles vers mes mains emprisonnées dans les siennes. Je commençais à les mouvoir dans tous les sens, essayant de m'abstraire à sa force. Or, je n'avais jamais été un sportif et encore moins Hulk.

« J'ai fais de l'équitation. Je me suis fais mordre par un cheval jusqu'au sang lorsque j'étais plus jeune. Ça m'a laissé une cicatrice, m'expliqua-t-il calmement. »

Ses paroles lâchées, je clignais des yeux, perdu. Est-ce qu'il disait vrai ou mentait ? Il pouvait très bien trouver une excuse pour m'avoir. Après tout, j'ignorais comment étaient réellement les déviants, n'en ayant croisé des assumés qu'une unique fois. Je me doutais que plusieurs vivaient autour de moi, et cela me foutait très souvent les jetons. Je n'arrêtais pas de me questionner sur l'identité de chaque individu. Je me questionnais sur la probabilité qu'un de mes collègues ait envie de planter ses crocs dans ma chair. Cette pensée me frappa de plein fouet quand je me rendis compte que Travis était certainement un des leurs, mais n'avait jamais eu de comportements douteux avec moi. Peut-être Evans était-il pareil ? Etait-il inoffensif dans ce cas ? Comment devais-je réagir ? Ma réflexion me fit rendre légèrement les armes, et ma tension s'amenuisa. Mes yeux accrochèrent et le vide et je n'arrêtais pas d'envisager les choses sous plusieurs angles, retournant cette situation et celle des déviants dans tous les sens. Mon esprit partait loin, et je n'arrêtais pas de réfléchir. Les déviants détestaient-ils manger de la chair ? Etions-nous similaire ? Etaient-ils gouverner par leurs instincts ? Les livres disaient oui, mais qu'en était-il de la réalité ? Je sentis alors que la pression sur mes poignets se réduisit, sans pour autant me quitter, et mes bras furent rapprocher de mes flancs. Comme les nerfs lâchaient un à un en moi, je me sentis soudainement las et mon corps fut lourd. Je me laissais alors tomber légèrement sur Evans, mon front contre son épaule. Ses doigts quittèrent mes poignets, qu'il caressait avec apaisement, et se glissèrent le long de mon T-Shirt mouillé. Une nouvelle fois, je notais son odeur de pin et me sentis à la maison, en sécurité. Je trouvais cela dingue l'effet qu'une senteur pouvait créer, surtout quand il s'agissait d'un inconnu que je connaissais à peine. Pourtant, pas une seule fois Evans n'avait été agressif jusque là et il venait tout juste de maîtriser l'une de mes crises, qui était importante mais pas la pire que j'avais vécu.

« Et si tu allais dormir ? Proposa alors le blond en me caressant le dos. »

Sa proposition me sembla parfaite, en même temps que je ne comprenais pas sa sympathie envers moi.

Déviants - Nouvelle - TerminéeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant