Blasphème [NoMin]

Chapitre 26

Jaemin ferma les yeux lorsque la porte s'ouvrit avec fracas. Il ne voulait pas voir, il craignait le pire. Il sentit le poids qui l'écrasait partir violemment et il se mit en boule, les mains sur les oreilles. Il entendait les coups qui pleuvaient et quelqu'un chuta au sol.

— Jeune maître, vous allez bien ?

L'oméga entrouvrit un œil humide. L'un des gardes qui constituaient son escorte se tenait à quelques pas de lui, haletant et du sang sur son armure. Il n'osait pas s'approcher de peur de faire fuir le jeune noble comme un chat peureux. Jaemin le laissa faire un pas dans sa direction puis le soldat se figea et Jaemin hurla. Le bout d'une lame dépassait du ventre de l'autre et il toussa une glaire sanglante. Dans son dos l'oméga reconnut l'homme qui l'avait agressé, il s'était relevé et avait poignardé son sauveur dans le dos.

Le noiraud glapit en reculant le plus loin possible. Il se voyait déjà mort ou pire, mais tout à coup ses espoirs prirent sens. Une odeur de lavande lui parvint à travers les autres parfums et il cria de toutes ses forces.

— Jeno !

Il jeta les draps sur l'homme qui s'approchait de lui ainsi que tout ce qui lui passait sous la main dans l'espoir de gagner les quelques secondes qui lui manquaient. Le soldat blessé se remit péniblement debout et attaqua une nouvelle fois son agresseur, échangeant avec lui des coups d'une violence qui terrifia Jaemin. Le jeune noble se cacha derrière le lit, tremblant, jusqu'à ce que le silence ne se fasse. Il n'entendait plus qu'une seule respiration dans la pièce.

— Jeune maître ?

Jaemin jeta un œil par-dessus le sommier, le soldat était assis sur le sol, les mains pressant sa blessure pour endiguer l'hémorragie. L'oméga essaya de se remettre sur ses jambes vacillantes, il avait les oreilles qui sifflaient et une boule obstruait sa gorge.

Des bruits de pas le tétanisèrent, puis il se laissa tomber au sol en reconnaissant la silhouette de Jeno dans l'embrasure de la porte. Il fondit en sanglots. L'alpha lui jeta un rapide regard mais se dirigea en premier lieu vers le soldat blessé.

— Jaemin, donne-moi le drap.

Le ton de la voix du brun, froid et calculé, fut comme un seau d'eau glacial. L'oméga hoqueta, ses pleurs s'arrêtèrent net. Jeno lui tournait le dos, il ne le regardait même pas. Titubant, il fit ce qui lui avait été demandé et apporta le tissu à son aîné. L'alpha s'en empara et fit pression sur la blessure.

— Désolé capitaine, j'aurais pas dû lui tourner le dos, bafouilla le bêta.

— ce n'est rien Minhyuk, tu as bien fait. Economise tes forces, tu vas en avoir besoin.

— C'est si moche que ça ?

— Non mais tu as perdu un peu de sang et on va devoir te déplacer, ça risque d'être douloureux.

Jaemin regarda, horrifié, la flaque de sang qui s'étendait sous le soldat, ce n'était pas un peu. Il n'avait jamais vu autant de sang dans sa vie, le parquet était noyé sous le rouge. Jeno avait menti, c'était extrêmement laid comme blessure.

— Jaemin, appuie sur la plaie. Je vais voir où en sont les autres.

Encore cette voix froide, comme s'il ne le connaissait pas. L'oméga ne comprenait pas, pourquoi est-ce que son protecteur était aussi glacial ? Il baissa la tête en se concentrant sur sa tâche. Il était à genoux dans du sang, ses mains en étaient poissées et il sentait le liquide couler entre ses doigts même s'il exerçait le plus de pression possible pour le retenir.

— Vous pouvez arrêter, jeune maître, souffla le soldat. Je sais que le capitaine a menti, il ne sait pas le faire...

— Ne parlez pas, gronda Jaemin.