Blasphème [NoMin]

Chapitre 18

Le trajet était excessivement long pour JaeMin qui ne pouvait quitter l'intérieur de la calèche. Le véhicule avait été paré des meilleurs accessoires pour assurer son confort, les bancs étaient rembourrés, les coussins moelleux et colorés, il avait à boire, à manger et même des livres. Cependant le jeune oméga avait de plus en plus de mal à supporter son inactivité couplée à son isolement. Alors qu'il entendait les gardes parler entre eux et avec JeNo, il captait tout de suite lorsque la voix de l'alpha résonnait, lui devait se cantonner à sa solitude. Il avait essayé de sortir et de négocier pour aussi monter à cheval mais s'était heurté au refus ferme de son protecteur. Le grand brun craignait qu'il ne se blesse ou n'abime ses vêtements en chevauchant et JaeMin avait lourdement soupiré avant d'abandonner. Quelques jours plus tôt à peine il aurait fait une crise de colère mais il avait promis à JeNo qu'il essayerait de faire des efforts. JaeMin estimait ne pas trop mal s'en sortir pour leur deuxième jour de voyage.

Le jeune homme soupira, il transpirait sous la chaleur caniculaire dont l'assommait le soleil. Il sortit la tête par l'ouverture de la calèche pour profiter de la légère brise qui circulait et se rafraichir. Par la même occasion il put voir à quel point les soldats souffraient de la chaleur sans pourtant se plaindre et il se mordit la langue pour ne pas geindre, il ne voulait pas passer pour une chose fragile. Chouiner devant JeNo était une chose, l'alpha l'avait vu dans tous ses états, mais devant des inconnus c'en était une autre.

JaeMin fit glisser son regard sur le cheval en tête de la procession. JeNo se tenait droit sur sa selle, un sourire rayonnant étirant ses lèvres. L'oméga n'avait pas souvenir de l'avoir déjà vu sourire de la sorte et il fronça les sourcils, mécontent sans en connaitre la raison.

— Qu'est-ce qu'il a à faire cette tête idiote ? demanda-t-il au soldat le plus proche.

Celui-ci sursauta, ne s'attendant de toute évidence pas à ce que le jeune noble lui adresse la parole. Il se tortilla sur sa monture, mal à l'aise, ses yeux passant de JeNo à l'oméga.

— Je ne sais pas, le capitaine Lee semble de plus en plus joyeux. Vous voulez que j'aille me renseigner ?

— Personne ne sait jamais rien ici, grogna le noiraud. Je vais le faire moi-même, au moins je sais que ce sera fait.

JaeMin fronça le nez et rentra la tête à l'intérieur de la calèche. Il allait faire l'effort d'attendre la prochaine pause et chercha une occupation en attendant. Le choix étant plus que limité il se décida à lire un peu, un conte imaginé par un barde d'un pays lointain que sa mère lui lisait étant enfant, il fut surpris de constater à quel point sa compréhension de l'histoire avait changé depuis le temps. Il se plongea dans sa lecture jusqu'à ce que la calèche ne s'arrête et que JeNo ne vienne lui ouvrir la porte.

— On va faire une petite halte pour faire boire les chevaux et nous sustenter, tu nous fais l'honneur de te joindre à nous ou tu veux qu'on t'apporte quelque chose ici ?

— Je vais venir.

JeNo parut surpris et JaeMin grommela. Certes il avait esquivé tous les contacts avec son escorte depuis leur départ mais il était capable de faire des efforts de temps en temps, surtout qu'il avait des questions à poser.

Ses jambes ankylosées le firent grimacer lorsqu'il posa le pied au sol et l'oméga sautilla sur place pour faire passer les démangeaisons qui le parcouraient. Rester assis toute la journée commençait à avoir des conséquences désagréables sur son corps.

— Il y a un petit cours d'eau à une dizaine de mètres de là, elle n'est pas très profonde alors tu peux aller t'y rafraichir si tu veux, lui proposa l'alpha.

— Viens avec moi.

JaeMin se dirigea dans la direction sans accorder d'importance au reste de la troupe ou à son protecteur qui soupirait face à l'ordre. JeNo obéit cependant sans broncher et lui emboita le pas en silence. Le noiraud retira ses chaussures en arrivant devant le petit ruisseau et trempa les jambes dedans, appréciant de ressentir un peu de chaleur sous le soleil de plomb. L'alpha se positionna à un mètre de lui, la main sur la poignée de son arme et le regard alerte.