Chapitre 14 - Rêves et cauchemars

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Cette nuit-là, quand Harry se réveille, il est allongé dans le lit de Rogue.

Il a reconnu la pièce immédiatement alors qu'il n'y est jamais entré. C'est étrange, se fait-il la réflexion en plissant les yeux, c'est comme si je connaissais cet endroit depuis toujours.

Les murs clairs et le lit paré d'un beau vert émeraude. Le miroir en pied fixé sur la porte et l'armoire dans le même bois foncé que la tête de lit. L'odeur de savon, celle qui tournoyait autour de Rogue quand il est sorti de la salle de bain. Forte. Très forte.

Harry referme les yeux, enveloppé dans cette odeur rassurante, il se blottit dans les draps aux couleurs de Serpentard. Ce n'est pas celle du Maître des Potions pourtant, pas celle que tout le monde connaît, mais il a compris pourquoi. Ça l'étonne presque d'être si perspicace, pour une fois.

Cette odeur de savon, un peu rosée et tendre, qui ne correspond en rien à l'homme qu'il connaît, est trop fragile, trop faible pour résister aux mélanges d'herbes et d'ingrédients, parfois répugnants, employés pour confectionner les potions. Or, il le sait, Rogue commence toujours sa journée en jouant un peu avec ses foutus chaudrons. Si bien que quand il prononce son premier bonjour de la journée, cela fait une heure déjà, que la fragrance de son laboratoire a pris le dessus sur tous le reste.

Mais là, c'est le soir, non, c'est la nuit, et l'odeur douce et sucrée est bien présente dans ses narines. Pour un peu, il penserait que le professeur s'est endormi à ses côtés.

Tournant la tête sur la gauche, il ouvre les yeux à nouveau.

Le visage de Rogue.

À seulement dix centimètres du sien.

Non, il a du mal voir. C'est ridicule et juste impossible.
Harry referme les yeux et inspire profondément. L'odeur de savon s'infiltre par ses narines, remonte jusqu'à son cerveau, envahit son esprit.

Par les couilles de Merlin, c'est si bon.

Mais ce n'est pas en train de se produire.

Persuadé qu'il va trouver le lit vide après son ersatz d'exercice de relaxation, Harry rouvre les yeux.
Severus est toujours là.

Les yeux fermés, une mèche de cheveux courant le long de sa joue jusqu'à ses lèvres et s'écartant de son visage à chaque expiration. Il est si paisible, ça n'a rien à voir avec la dernière fois qu'il l'a regardé dormir.

En fait, il est même... beau.

Attends. Quoi ? Depuis quand pense-t-il à lui en l'appelant mentalement Severus ?
Severus, Severus...
Pourquoi n'a-t-il jamais remarqué a quel point son prénom forme un son doux et agréable, rassurant, charmant, oserait-il dire ?

— Severus...

C'était plus fort que lui, il a fallu qu'il le prononce tout haut.
Bon, il l'a juste murmuré, donc ça ne devrait pas avoir d'impa....

Le professeur a ouvert les yeux.
Oh Merlin ! Il le regarde.
Il le regarde avec ses yeux noirs si tendres. Il le regarde lui, Harry Potter.
Severus le regarde. Lui.

— Harry ?

— Severus...

Il a souri. L'homme a souri alors qu'il aurait dû s'énerver. Oh Merlin ! Qu'est-ce que...

Sous les draps, la main de Severus se met à bouger, formant un petit monticule mobile, et en quelques secondes, elle trouve l'objet de ses recherches. Celle d'Harry.

— Severus, répète le jeune homme en serrant la main fine aux longs doigts dans la sienne. Severus...

Harry se rapproche de son beau visage. Il est si proche que ses cils, quand il ouvre et ferme les yeux, lui effleure la joue. Et la sensation, caresse onctueuse et à peine réelle, fait éclore dans son ventre, une nuée de papillons vert et rouge.

Les Larmes du Phénix (Snarry)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant