Chapitre 21 - Bain de midi et idiotie

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C'est tellement tentant, qu'Harry redresse un peu tard et que son balai, ses mains et ses jambes, jusqu'aux genoux, plongent dans l'eau cristalline. Le choc lui arrache un cri de surprise et il revient se poser sur la berge, à quelques mètres de Rogue, qui s'est relevé d'un bond en ne le voyant pas remonter à temps.

— Vous êtes rouillé, Harry, se moque-t-il cependant en le regardant poser pied à terre.

— Ça vous va bien de rire, grogne-t-il, vous tenez à peine sur un balai.

Par Merlin ! Tient-il vraiment à mourir si jeune ? Inquiet, il regarde Rogue sortir sa baguette de sa poche et la pointer dans sa direction. Il n'a pas le temps d'attraper la sienne que, déjà, le professeur lance son sort.

— Sechevit !

Un puissant souffle chaud se repend sur tout son corps et, en moins de quatre secondes, ses vêtements et sa peau se retrouvent parfaitement séchés. Mieux encore, ils sont aussi chauds et agréables que s'ils sortaient du sèche-linge. Les vêtements, bien entendu, son corps, lui, aurait probablement très mal vécu les nombreux tours de tonneau, et le côté chaud et doux n'aurait été qu'accessoire à côté des coups et fractures que l'aventure aurait occasionné. Bien que, le sort sechevit offre, au final, les avantages de trente minutes de sèche-linge tout en occultant les inconvénients et, tout bien considéré, il n'est donc pas si idiot de penser que sa peau aussi ait bénéficié des bienfaits du sort et en soit ressortie douce et chaude. Mais à défaut de témoignages directs, c'est, hélas, un point sur lequel il nous sera difficile de statuer dans l'immédiat.

— Merci... marmonne Harry avec une sorte de doute dans la voix.

Rogue lui sourit, pas rancunier. Ce qui est nouveau !

— Vous êtes d'une humeur massacrante quand vous échouez. Heureusement que c'est arrivé au-dessus de l'eau et non d'un terrain de quidditch. Venez, rentrons, maintenant. Je vais refaire votre bandage et puis vous vous mettrez au travail.

Soupirant de lassitude, le jeune homme le suit, tête basse. Il a aimé le voir sourire. C'est n'importe quoi, il y a vraiment quelque chose qui ne tourne pas rond chez lui et il faut qu'il découvre ce que c'est au plus vite, qu'il puisse se sortir toute cette histoire absurde de la tête. Comme s'il avait le temps pour ça à quelques semaines à peine de ses ASPIC.

Allongé torse-nu sur le canapé, transformé pour l'occasion en table d'examen, il laisse Rogue observer une fois encore ses blessures qui ne guérissent pas.

— Ça n'empire pas, mais rien de ce que j'applique dessus ne fait effet, l'entend-il se plaindre. Il en va de même pour les patients traités à Sainte Mangouste. La dernière attaque en a ajouté cinq de plus, et malgré les efforts des médicomages, ils n'obtiennent pas davantage de résultat que moi.

— Il y a eu une nouvelle attaque ?

Harry se redresse sur les coudes, outré de n'avoir pas été mis au courant. Et au vu du regard soudain affolé du professeur, il comprend que celui-ci n'avait pas prévu de lui en parler et que l'information lui a échappé.

— Il y en a eu six ce mois-ci, avoue Rogue en se détournant de lui. Il y a des dizaines de blessés.

Harry n'en croit pas ses oreilles et dévisage le professeur, abasourdi.

— Six ? Des dizaines de... Mais la Gazette n'en a pas parlé !

— Le Ministère est parvenu à étouffer l'affaire. Pour le moment, en tout cas. Ils ne veulent pas d'un mouvement de panique, pas moins d'un an après la fin de la guerre.

— Mais les gens ont le droit de savoir ! s'écrie Harry. Et moi ? Pourquoi vous ne m'avez rien dit ?

Le jeune homme vit ça comme une trahison. Lui, qui pensait pouvoir faire confiance au professeur, se rend compte qu'il se berçait d'illusions. Et les doigts de celui-ci, toujours posés sur son ventre, ne font plus naître en lui que des frissons dû à leur froideur au lieu de lui embrouiller l'esprit comme c'était encore le cas quelques secondes auparavant.

Les Larmes du Phénix (Snarry)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant