Je n'ai plus que cinq mois à vivre. Le temps défile sans attendre. Que faire des semaines qu'il me reste ? J'y réfléchis constamment. Le plus drôle dans tout ça ? C'est ce terrible constat qui s'impose lourdement : je n'en ai aucune idée.
Je me suis souvent interrogé sur ce qu'il pouvait y avoir ensuite. Quelle est la prochaine étape ? Rejoignons-nous le paradis ? Existe-t-il un enfer ? Vais-je me réincarner ? Ou bien hanter l'appartement dans lequel je passais le plus clair de mon temps ? C'est cette absence de réponse qui m'effraie le plus, ça et la perspective du néant. Disparaître tout simplement, comme si je n'avais jamais existé... Bien sûr il y aura quelques-uns de mes proches pour préserver mon souvenir, mais me connaissaient-ils vraiment ? J'en doute.
Je laisse derrière moi tant de rêves inassouvis et d'opportunités gâchées. Je n'ai rien accompli. Rien qui ne justifie que l'on se souvienne de moi. Rien qui ne m'autorise à partir l'esprit tranquille, vide de tout regret. J'ai toujours été trop peureux pour sauter le pas, ou trop idiot pour comprendre que certaines chances ne se représentent pas. Au final, je n'ai pas su pleinement profiter de la vie.
C'est assez ironique quand j'y pense. Il n'y a qu'en me sachant mourant que j'ai entrevu tout ce que j'aurais pu accomplir. Confronté au tic-tac inexorable marquant la fin de mon voyage, je m'interroge enfin sur le bon itinéraire à emprunter.
J'aurais dû bourlinguer davantage, me bourrer la gueule plus souvent sans penser au lendemain, montrer les crocs face à tous ceux qui m'ont fait souffrir. J'ai toujours été trop gentil, je n'osais jamais dire non. Les autres en profitait, je m'en rendais bien compte, mais je ne craignais que trop de me retrouver seul.
Là encore ce serait une bonne occasion de rire.
Pourquoi ?
La réponse est pourtant évidente. Même en leur compagnie, la solitude ne cessait jamais de m'étreindre. Ils prenaient plaisir à détruire la moindre estime que je pouvais avoir de moi et je restais avec eux malgré tout, parce qu'à défaut d'être le meilleur choix, ils étaient le moins pire. Peut-être un peu pour elle également, pour l'espoir naïf d'un avenir à deux.
C'est dingue ! J'en reviens toujours au même. C'est toujours la même rengaine...
En me refusant l'oublie, elle me torture malgré elle.
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Pour que tout nous sépare.
RomansaEt si l'on ouvrait les yeux, lorsque nous sommes condamnés à les fermer...