Je me réveille en sueur. Quelques secondes d'égarement s'avèrent nécessaires avant que je ne reconnaisse le plafond de ma chambre. J'ai l'estomac en vrac et une migraine me laboure les tempes. Les draps me collent à la peau, je les éloigne et m'aperçois que je suis en boxer. Bon dieu, je n'ai pas la moindre idée de comment je suis rentré, et encore moins comment j'ai réussi à me déshabiller avec la cuite que j'ai pris. La soirée aurait dû être centrée sur Beth et Baptiste, mais je l'ai passée à chercher Marion. Sans succès, vous vous doutez bien. Elle s'est évaporée après que Claire se soit pointée. Elle a toujours le chic pour débarquer au mauvais moment celle-là, du coup, j'ai trouvé du réconfort dans les doux bras du whisky. Les premières étreintes vous secouent jusqu'aux boyaux, mais je vous jure qu'après quelques accolades on s'y sent aussi bien que dans un pilou-pilou.
Je balance mes jambes en dehors du lit, l'un de mes pied se retrouve plongé dans un seau. Par chance, ce dernier est vide : étonnant. Je me demande si c'est moi qui ai été suffisamment lucide pour en prévoir un au cas où.
Je me lève, la bouche pâteuse, la démarche non assurée. Ma main se pose contre le mur par réflexe, histoire de préserver le peu d'équilibre qu'il me reste. Arrivé dans la cuisine, je sors la bouteille de jus d'orange du réfrigérateur et m'en sers un verre plein. Je le descends d'une traite, l'apport de sucre me fait un bien fou. Même si l'acidité du fruit me contraint à une brève grimace.
Je retrouve mon portable sur le plan de travail. La batterie est presque à plat, mais je peux voir que j'ai reçu trois messages. Aucun de Marion. Le premier est de Baptiste, les deux suivants de Claire. Je le déverrouille et m'aperçois que mon fond d'écran a été changé. « Les enfoirés » me dis-je avec un sourire en coin. Baptiste et Claire m'ont ramenés chez moi, et ils n'ont pas manqué d'immortaliser l'instant en prenant un selfie de nous trois dans mon lit. Le cliché ne rend pas gloire à mon sourire.
J'ouvre le message de Baptiste :
« Je suppose que tu vas voir ce message après avoir décuvé. Envoi moi un sms dès que tu te réveille pour que je sache que tout va bien. Sinon je t'envoie Claire pour qu'elle vienne réveiller la belle aux bois dormant, et on sait tous les deux qu'elle y mettrait tout son cœur ! 😉 »
Je lui réponds que tout va bien et m'excuse d'avoir autant picolé la veille. Ça sors de mes habitudes, mais il faut croire que j'ai plus de choses à oublier que je ne veuille bien l'admettre.
« Tu peux m'être reconnaissant, j'ai donné de ma personne pour t'amener jusqu'à ton lit. J'ai même dû te déshabiller et mes mains ne se sont pas trop baladées 😏. Tu es fier de moi ?
Tu remarqueras également que je t'ai laissé ton boxer, tu penseras à me remercier pour ça. Un dîner au resto devrait suffire ! » lis-je en ouvrant la conversation de Claire.
Je mets plus de temps à lui répondre, ses allusions salaces me donnent envie de jouer le jeu mais j'ai peur qu'elle le prenne trop sérieux et qu'elle se fasse des idées. Notre relation n'est plus la même depuis qu'elle m'a confessé ses sentiments le mois dernier. Bien que nous soyons toujours proches, je me dois maintenant de ne plus mêler la proximité charnelle à notre amitié. Je pense sincèrement que c'est la meilleure chose à faire, mais c'est terriblement compliqué quand l'autre personne est une femme comme claire : aussi belle qu'entreprenante.
« Voilà, maintenant je me sens violé dans mon intimité ! Pour la peine tu n'auras droit à rien de mieux qu'un mcdo, ma chère ! » finis-je par lui répondre après de longues minutes de réflexion.
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Pour que tout nous sépare.
RomantizmEt si l'on ouvrait les yeux, lorsque nous sommes condamnés à les fermer...