Chapitre 7

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Mike est parti depuis une semaine maintenant. Sept jours où je n'ai fait que me morfondre car il me manque terriblement. C'est consternant d'être dépendante de quelqu'un à ce point, mais c'est mon repère d'une vie normale, loin de la vie de débauchée que je menais avant de le rencontrer.
On s'est parlé au téléphone jeudi, tout va bien pour lui. Je ne lui ai pas dit que pour moi c'était un peu plus tendu parce qu'il culpabiliserait.

Enfin, le tournage commence aujourd'hui et j'ai hâte de m'occuper l'esprit avec autre chose.
J'ai quand même une grosse appréhension : quand j'ai reçu le script dans la semaine, j'ai constaté, non sans effroi, qu'il y avait beaucoup de scènes où je devais embrasser Chris. Sauf que je n'en suis pas du tout à l'aise, surtout après ce qu'il s'est passé lors de la soirée chez Ellen.
Je sais bien qu'on a dit que ça ne voulait rien dire, mais ça reste quand même gênant parce qu'en fait, ça m'a réellement troublée.
Je n'ai fait qu'y penser cette semaine, il va falloir que je me fasse violence pour ne pas être tentée de recommencer.

Je viens juste d'arriver et je m'allume déjà une cigarette tant le stress me ronge. C'est dingue, depuis que Mike n'est plus là je fume encore plus qu'avant. C'est sans doute du au fait que je n'ai plus à me cacher à la maison et que je peux m'en donner à cœur joie. 

- Je vois que tu n'as plus besoin de moi pour fumer, je suis déçu.

La voix de Chris dans mon oreille me fait sursauter, je me retourne en portant une main à ma poitrine. Mon visage se retrouve à quelques centimètres du sien.

- On t'as jamais dis de ne pas prendre les gens par surprise ?

- Si tu ne faisais pas quelque chose que tu n'es pas censé faire, tu n'aurais pas peur d'être surprise.

Il sourit et je lui répond par une grimace.

- De toutes manières je n'ai pas besoin de te parler, maintenant que Mike est parti je peux mettre autant de briquets et de paquets de cigarettes que je veux dans mon sac ! Reviens me parler dans quatre à cinq mois !

Ses lèvres forment le mot "connasse" sans qu'aucun son n'en sortent. Je lui tape sur l'épaule d'un revers de main et nous rentrons dans le studio en riant.

Aujourd'hui nous allons surtout faire la rencontre de l'équipe et la lecture du script, j'adore les premiers jours d'un tournage, quand on est pas encore morts de fatigue, lassés de voir les mêmes têtes chaque jour, connaître de nouvelles personne ou en retrouver d'autres donne un souffle nouveau.

Une femme que je reconnais comme la realisatrice du film, Jenna Doris, s'avance vers nous accompagné d'un homme que je ne connais pas.

- Bonjour vous deux ! Je suis tellement ravie que le tournage commence enfin. Je vous présente Owen, si vous avez quelque chose à demander c'est à lui que vous devez vous adresser. Il va vous montrez vos loges, posez vos affaires, buvez un café si vous en avez envie et on se retrouve ensuite pour la lecture, j'ai encore deux ou trois choses à mettre au point, à tout à l'heure !

Elle a débité son laïus si vite que nous n'avons pas eu le temps de lui répondre quoi que ce soit.
Owen passe devant nous pour nous montrer nos loges pour les trois mois à venir. La mienne est juste à côté de celle de Chris. Nous sommes d'ailleurs les seuls à en avoir une privée, sûrement du au fait que nous on sera là tous les jours vu qu'on tient les rôles principaux.

Je pose mon sac sur le fauteuil et m'approche mon nez pour sentir le bouquet de renoncules et de roses, mes deux fleurs préférées.
Je suis contente d'être ici, vraiment, même si à chaque nouveau film je me demande comment j'en suis arrivée là, moi qui ne voulait que patiner. Finalement j'ai bien su remonter la pente. C'est quoi l'expression déjà ? Ah oui, "Quand la vie vous donne des citrons, faites en de la citronnade" Ou quelque chose dans ce goût là. Eh bien on peut dire que je réussi la citronnade à merveille !
J'ai mis du temps à aimer la carrière d'actrice, je trouvais ça tellement terne à côté de ce que je pouvais ressentir sur la glace. Et puis un jour je me suis réveillée et j'ai su que je devais laisser le passé derrière moi, alors, ça n'empêche pas que je me demande encore parfois ce que je fous là, mais c'est ce qui me rend heureuse.

Je prend mon sac et en range le contenu dans un tiroir, je mets toujours un change complet dans ma loge, on ne sait jamais.
Soudain, je sens des mains se poser sur mes côtes et un cri me percer les tympans.
Je cri de surprise et me retourne en balançant ce que j'ai dans les mains sur la personne qui vient de me faire peur, à savoir : mon soutien gorge.
Bien sûr il fallait que ce soit sur Chris.
Je le regarde honteusement alors qu'il tient mon sous-vêtement dans les mains en riant tout ce qu'il peut.

- Je suis désolée mais tu m'as fait peur ! Dis-je en récupérant mon soutien gorge, le foutant rapidement dans le tiroir comme si c'était quelque chose d'honteux. 

- Et tu croyais que tu allais te défendre avec un soutif ?

- J'ai paniqué ! Ça aurait très bien pu être un couteau et je te l'aurai balancé tout pareil !

- Ah mais vu la taille du machin, je le prenais en pleine tête j'étais mort !

Je fronce les sourcils alors qu'il est complètement hilare.

- Tu sais ce qu'on dit, c'est ceux qui parlent des gros attributs des autres qui en ont des tout petits !

- Petit ? Non ce n'est pas un adjectif qui la définirait bien, je l'appellerai plutôt Nessie.

- T'es sérieux ? Comme le monstre du Loch Ness ? Rétorqué-je abasourdie. Les hommes sont vraiment des créatures mystérieuses.

- Ça se voit que tu l'as jamais vu pour être aussi surprise ! Il finit sa phrase en défaisant sa ceinture. Je l'arrête aussitôt en posant ma main sur la sienne.

- Oui bon, je te crois pas la peine d'en arriver .

- T'es sûre ? Parce que c'est vite fait !

- Oui complètement sûre, elle est énorme j'ai bien compris ! Rié-je.  

Il se marre en remettant sa ceinture comme il faut et moi je dois être complètement rouge.
Je ne sais pas s'il l'aurait fait, mais ça ne m'aurait peut-être pas si dérangé que ça finalement de constater par moi-même.
Mon Dieu, mais est-ce que je me rend compte de ce que je dis ?

Promets-moiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant