L'eau

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Aujourd'hui nous sommes le mercredi après-midi, il est 14h et je rentre dans l'établissement de la piscine.
Mon stress monte, non pas à cause du cours car la nage a le don de m'apaiser, mais plus par rapport à ma professeure, sa réponse était tellement difficile à lire. Je ne souhaite même pas penser à sa réaction lorsqu'elle croisera mon regard aujourd'hui...

Je viens à présent de finir de me changer, je sors des vestiaires et m'approche lentement du bassin.
Je pose ma serviette sur le bord, elle est là... Elle ne lève pas les yeux de son calpin, je suis pourtant sûre qu'elle a senti ma présence, celle qui l'énerve et l'atriste sûrement.
Je décide donc d'entrer dans le bassin, j'ai le cœur serré, je me sens tellement mal...
Les autres élèves commencent à arriver, nous sommes seulement 4 à nager aujourd'hui.

Elle brise à présent le silence:
"Bonjour, je veux vous faire travailler sur la longueur donc vous allez me faire 2×800 mètres avec une pause de 2m30s entre les deux et quand vous avez fini vous pouvez partir si je ne vous fais pas de retour. C'est quand vous voulez."

J'ai même eu l'impression que l'eau s'est refroidi en l'entendent, elle était si froide, sans émotion, elle n'a même pas levé les yeux de son calpin...

Entre élèves nous nous regardons chacun notre tour, ce n'est pas une séance très commune et on décide de partir assez rapidement pour ne pas finir trop tard notre séance. La plupart pense ne pas avoir le niveau pour une telle demande.

Après 10 allers-retours je commence à fatiguer mais le fait qu'il m'en reste moins de la moitié me conforte et je continue. Jusqu'à présent je n'avais pas besoin de faire d'effort, j'étais déconnectée de tout, seul mon corps glissait, l'eau venait rencontrer ma peau comme une source d'amour.

J'en suis maintenant à 16 allers-retours, je bois et me repose sur le bord, un ami avait finit quelques secondes avant moi, on parle donc quelques instants avant de nous concentrer seulement sur notre respiration. Mon ami repart, autour de nous il n'y a personne, personne sur le bord du bassin, seulement elle dans les gradins, sur son téléphone...
Elle semble ailleurs...
Je me détache du bord et glisse.

Nous ne sommes plus que 2, les 2 autres ont abandonné, c'est une séance vraiment complexe lorsqu'on a pas d'entraînement.
Je vois mon ami s'arrêter, il a finit, il sort et m'adresse un signe de la main en guise de au revoir.
Il me reste 2 allers-retours, je ne sais pas comment je vais pouvoir les faire, mon corps est semblable à une bouteille à la mer. Je flotte mais je n'ai plus de force pour contrôler mon avancement.
Enfin arrivé je m'arrête net, je ne me sens plus capable de rien une femme pas très loin m'interpelle, "tout va bien jeune fille?". Je ne répond pas, elle me repose donc la question et cette fois ci je l'entend, je hoche la tête et sors de la piscine, plus personne ne se trouve dedans, j'ai 5 minutes de retard mais cela ne fait rien, je dois attendre mon bus pendant une heure de toute façon.

Je m'avance vers les vestiaires et j'allume l'eau, mes esprits reviennent de plus en plus. Je me sens nettement mieux mais mes yeux sont fermés.
Je suis seule mais pourtant je sens une présence, je décide d'ouvrir les yeux...

Je croise des yeux bleus fortement rougis par des larmes, une larme coule sur ma joue, je ne peux pas supporter de la voir comme ça, aussi mal...
Je suis toujours sous l'eau, elle s'approche de moi, doucement, mais sûrement.
Elle prend la parole: "Je- je... je suis tellement désolée... (sa voix tremble) Je l'ai lu, je viens de la lire, ton histoire... Je ne t'ai pas cru mais j'aurai dû, je sais pas ce qu'il m'a pris, je suis désolée."

Les larmes coulent sur mon visage, à chaque instant plus nombreuses qu'avant.
Je ne parle pas.

"Mais comment tu peux penser tout ça de moi?"

Moi: "J'ai une raison de ne pas y penser? Vous m'avez toujours complimenté, aidé et protégé."

"Je t'envoie les modifications le plus tôt possible!"

Moi: "Comment ça?"

"Je ne peux pas me permettre de te laisser dans cet état, tu ne sais pas tout de moi"

Elle quitte la pièce, j'avais l'impression qu'une lueur d'espoir venait de la traverser, moi non, je ne compris rien.

Je rentre, pensante, ou plutôt, absente.

Après avoir préparé mon sac et fait mes devoirs je me faufile directement dans mon lit, abasourdi je m'endors sans effort.
À mon réveil je prend mon téléphone, il est 4h30 du matin, j'ouvre le seul message que j'ai reçu.
Le siens par toute attente!
Ou plutôt sa réponse, sa réponse à mon histoire, ce lien.
Je l'ouvre et lis, je lis encore et encore.
Il est à présent 6h, je l'ai finis, j'ai finis de souffrir, les modifications sont des ajouts, ses sentiments, ses émotions à chaque moment que j'ai décris.
Je me lève sans attendre, je commence cependant à 11h mais je me prépare, je m'assure de le faire assez vite pour ne pas rater mon bus.

À 7h27 je sors de celui-ci, je pose mes affaires dans mon casier et pars en direction du stade.
En arrivant je ne vois aucune voiture mais je décide de quand même entrer, j'ouvre à présent la porte du local des professeurs, j'y vois un café, froid, il devait être ici depuis assez longtemps.
A côté se trouve un mot, "Depuis 4h50".
Je me precipite à la piscine, son entraînement commence à 5h00, il est 7h50 quand j'arrive, j'entre et me dirige au bord du bassin.
Elle nage, je ne l'avais jamais vue nager, c'est magnifique, elle est magnifique...

Il n'y a personne, elle doit avoir personnellement les clés de l'établissement. Je la regarde pendant environ 10 minutes puis elle sort du bassin, elle s'étire et part en direction des douches. Elle est dans son univers et ne m'a pas vu.
Elle a oubliée sa serviette alors j'en profite pour la prendre et me diriger à mon tour vers les douches.
Cet établissement est magnifique, moderne et très récent.

Je me pose sur un rebord après avoir accroché sa serviette sur un côté et je la regarde, en détail.
Elle est très mince, des formes pas extrêmement accentués mais amplement suffisantes pour démontrer son excès de beauté.

"Merci"
Je sursaute, je ne m'attendais pas à ce qu'elle met remarquée...
"Tu semble ailleurs"

"Pardon, je ne voulez pas insister"

"Tu peux, je n'ai jamais hésité à le faire moi..."

Je rigole et rétorque: "Ha c'est vrai, j'avais remarquée des regards plutôt agréable en effet!"

"Je ne t'ai pas gêné j'espère?!"

Je m'approche, ma simple couche de vêtement s'imbibe d'eau.
"J'ai dis a-gré-able..."

"Ha oui?" Elle s'approche de plus de moi jusqu'à ce que nos poitrine se touchent.
"Oui"

"Je peux?"
"Encore oui!" Dis-je avec un sourire aux lèvres.

Elle se rapproche lentement de mes lèvres jusqu'à les toucher,
"Oui?" "Oui"
On s'embrasse, s'en repos jusqu'à en être essoufflé.
Mes lèvres sont à présents dans son cou, sa tête se penche en arrière pour me donner plus de surface.
Ses mains se baladent sur mon corps sans hésitation, l'eau coule sans s'arrêter.
Elle m'enlève maintenant mon tee-shirt me laissant en soutiens gorge.

Mes mains glissent sur le bas de son dos, l'eau est chaude, mais sa peau frissonne, mes mains continuent leur chemin... 

Madame BelliniOù les histoires vivent. Découvrez maintenant