TAM-TAM

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Un enfant rêvait et chantait ;
Sur le tam-tam qu'il serrait contre lui
Une larme tomba avec une triste tendresse.
Il frappait dur sur ce tam-tam qui faisait vibrer son corps nu
Le soleil dansait sur sa peau d'ébène, Ses yeux fixaient fièrement l'horizon, Et son chant comme une prière remplissait la forêt :

<< Tu es le cœur de l'Océan, Ô ma patrie !
<< Et tu naquis dans la gloire d'un beau matin !
« Ce jour-là le soleil se fit plus chaud,
«La lune plus claire ;
« Il n'y avait plus de place au ciel pour les étoiles, «Et tu enfouis les dernières dans le soleil. >>

Ce fils d'Afrique semblait animé par un fantôme gigantesque,
Et de tout son être enchaîna :

« ton cœur a le son du tam-tam,
« Code secret des peuples enchainés...
« tu nous rends la force du combat
                        Tam-Tam !
« Fidèle réconfort dans nos peines, tu armies nos bras,
« Le front haut nous vibrons avec toi        
                        Tam-Tam !
«Tu coules en nous comme un sanglot longuement comprimé
« Et qui juillit comme une délivrance 
                        Tam-Tam !

<< Andeur des danses passionnées le soir au clair de lune,
<< Lorsque la fumée s'échappe des huttes,
<< Compagnon de nos deuils et de nos joies
                        Tam-Tam !
<< Nos ancêtres te vénéraient et t'idolâtraient,
<< Educateur de notre jeunesse,
Conduis nos pas vers des jours meilleurs,
<< Du mépris nous te protégerons !
                        Tam-Tam !
<< Que le son de ton coeur résonne avec ton antique beauté,
<< Car tu es l'âme du pays du soleil et des dieux ;
<< Que sur ce sol naissent chaque jour des fils aux entrailles d'acier,
<< Qui, pour que tu vives, fouleront aux pieds l'esclavage!
<< Immortel nous te proclamons !
                         Tam-Tam ! >>

Et l'enfant, le coeur en feu, n'avait que de l'orgueil;
Deux larmes venaient de tomber sur ce qu'il serrait si fortement contre lui :
Emerveillé, il murmura :
                   << TAM-TAM !!!... >>

                 Juan-les-Pins, le 17 août 1957.

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