L'ange de Noël - Cassandre & Roche

Chapitre 2

Une semaine venait déjà de passer, les préparatifs pour la soirée du Noël des enfants du commissariat avaient bien avancé. La commande chez le traiteur était passée, la liste des cadeaux était prête, ne restait plus qu'à aller les acheter, le fauteuil du père-noël était réservé, ne restait plus que le costume du Père-Noël à louer, encore fallait-il convaincre la personne que Florence avait décidé de voir jouer le Père-Noël cette année. Elle l'imaginait parfaitement dans ce rôle mais lui ne serait certainement pas du même avis. Les affaires étaient plutôt calmes pour un début décembre, ce qui les arrangeait bien, cela leur laissait le temps pour préparer la soirée de Noël.
Florence profita que son équipe soit réunie dans l'open-space pour tenter de convaincre son futur Père-Noël. Lorsqu'elle pénétra dans la pièce, tous les regards se posèrent sur elle.

- Très bien tout le monde. Je voulais profiter de l'accalmie du moment et que tout le monde soit là pour suggérer une candidature pour le rôle du Père-Noël.

- Bah, Jean-Paul, comme tous les ans ! Il est parfait comme Père-Noël, puis il a l'habitude. Dit Pascal.

Jean-Paul ne releva pas, bien qu'il aurait volontiers laissé sa place, il y était habitué et cela ne le dérangeait pas. Les habitudes étaient telles que personne n'imaginait changer de Père-Noël. Sauf que cette année, Florence avait décidé qu'il fallait bousculer un peu la routine, tout comme l'avaient fait Pascal et Jean-Paul avec les boules de Noël personnalisées.

- C'est vrai que Jean-Paul est un parfait Père-Noël mais... sauf votre respect Jean-Paul, j'aimerais "rajeunir" le Père-Noël et puis les habitudes sont faites pour être bousculées, n'est-ce pas ? Fit Florence, tout en lançant un regard en direction de Pascal. Ce n'est pas ce que VOUS avez fait avec les boules pour le sapin ? Renchérit-elle en pointant son index vers lui.

Se sentant visé par les paroles de la commissaire et pas très à l'aise avec son idée, Pascal tenta une solution de défense.

- Heu... non, pas tout le temps. Quand quelque chose fonctionne, pourquoi en changer ! Et puis, il le tient tellement bien le Père-Noël, hein Jean-Paul !

- Heu oui mais la commissaire a raison, c'est bien aussi de passer le flambeau.

Florence sourit de ce retournement de situation en sa faveur. Elle renchaîna aussitôt.

- Alors pour le coup.... J'avais imaginé que vous pourriez faire le Père-Noël... Pascal ! Dit-elle en le fixant droit dans les yeux.

- Ah non non non, il n'en est pas question. Je ne sais pas faire ça, moi.

- Allez Pascal, je suis sûr que tu seras parfait, ce n'est pas compliqué. Reprit Jean-Paul.

- Je vous dis non, ce n'est pas une bonne idée. Trouvez quelqu'un d'autre ! Dit-il en sortant de l'open-space.

Il prit la direction de la sortie et s'alluma une cigarette. Quelle idée Florence avait-elle eue, lui en Père-Noël, c'était vraiment une idée saugrenue.

- Vous trouvez que c'est une mauvaise idée ? Demanda-t-elle à l'assemblée.

- Ah non, c'est même une super idée, il serait top en Père-Noël le Capitaine. Répondit Sissi.

Tous étaient convaincus par la suggestion de la commissaire, ne restait plus qu'à convaincre le capitaine. Florence, encouragée par l'enthousiasme de ses collègues, se décida à rejoindre Pascal.

Arrivée sur le perron, elle jeta un coup d'oeil aux alentours afin de trouver Pascal, qui s'était un peu mis en retrait, peut-être pour essayer d'échapper à un éventuel assaut d'un de ses camarades. Elle le repéra à quelques mètres de là, adossé à un arbre, l'air pensif. Elle posa son regard sur lui avant de se décider à avancer dans sa direction. Il sentit sa présence, ce qui le sortit de ses pensées. Son regard tomba dans celui de Florence, elle affichait un timide sourire, il sentait qu'elle venait pour négocier mais c'était non négociable, impossible pour lui de jouer le Père-Noël. Il resta le visage fermé. Elle se posta face à lui, affichant un sourire plus large, il était difficile pour Pascal d'y résister mais il tenait bon, il ne devait pas céder. C'était toujours difficile pour lui de refuser quoi que ce soit à sa commissaire.

- Ça va Pascal ? Je ne voulais pas vous vexer ! dit-elle sincèrement.

- Oui, oui, ça va mais non, je ne serai pas votre Père-Noël ! Oui, je vous vois venir avec votre sourire enjôleur !

- Moi, un sourire enjôleur ? Mais pas du tout ! C'est juste que je pensais... enfin j'imaginais que les enfants...

- Non, n'essayez même pas de m'amadouer avec les enfants, c'est mort.

- Mais Pascal, pourquoi ? Moi, je vous imagine bien avec votre barbe blanche, votre costume rouge et blanc et le ventre bedonnant qui va avec !

- Non, c'est non ! N'y pensez même pas.

- Alors expliquez-moi pourquoi ? Je ne comprends pas ce qui vous effraie ? Continua-t-elle en se radoucissant.

- Y'a rien qui m'effraie, je n'ai pas envie, c'est tout. Ce n'est pas compliqué !

A l'air triste que prenait son capitaine, Florence comprit que ça ne devait pas être le déguisement ou se retrouver devant les enfants qui le dérangeait, mais plutôt la période qui approchait et le manque d'un être cher. Elle se rapprocha de lui et posa une main sur son bras, qu'elle caressa lentement pour lui montrer son soutien. Il releva la tête et tomba dans ce regard d'un bleu si lumineux, ce regard si affectueux, plein de tendresse à son égard. Son cœur commençait à se fendiller et il savait très bien qu'il finissait toujours par céder. Mais pour l'instant, il tenait bon.

- A moi aussi, elle me manque. Dit-elle compatissante. Et je suis sûre que votre mère aurait adoré vous voir endosser le costume de Père-Noël !

- On rentre dans une période que je redoute, ça devrait être un moment joyeux mais elle me manque tellement...

- Je sais mais elle est toujours là (elle posa sa main sur le torse de Pascal, tout près de son coeur) avec vous.

Le coeur de Pascal s'emballa. Florence le connaissait si bien et savait exactement quels mots employer pour lui parler. Elle touchait là un point sensible. Le capitaine commençait à craquer devant tant d'attention de la part de sa commissaire.

- Ça aurait tellement fait plaisir à Evelyne de vous voir faire plaisir aux enfants. Et moi aussi, j'aimerais vous voir entouré des enfants, les faire parler de leurs rêves, leur raconter des histoires farfelues...