Chapitre 9

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- Bah c'est à votre tour ! Dit Pascal.

- Quoi ? Fit Florence interloquée.

Pascal, toujours en Père-Noël, reprit une voix plus rauque.

- Alors jeune fille, qu'avez-vous mis sur votre liste de Noël ?

Elle resta muette un instant, elle n'avait plus l'âge de croire au Père-Noël, c'était ridicule et pourtant elle restait là et n'avait aucune envie de bouger.
Il s'y faisait plutôt bien à son rôle de Père-Noël, pensa-t-elle et cela la fit sourire.

- Alors, mademoiselle ?

Elle réfléchit un instant, fronçant un peu les sourcils.

- Euh... Je ne pense pas que le Père-Noël puisse faire quoi que ce soit...

- Dites toujours ! Dit-il le regard amusé.

Elle resta figée un instant, son regard ancré dans le sien.

Mais plutôt que de répondre, Florence entoura de ses mains le visage de Pascal, son coeur battait de plus en plus vite, elle s'approcha doucement de son capitaine, pas tout à fait certaine de ce qu'elle faisait, mais le regard profond de Pascal finit de la rassurer, elle posa alors délicatement ses lèvres sur celles de son collègue.
Agréablement surpris, il entoura sa taille de ses bras. Maintenant qu'elle avait franchi le pas, il ne voulait plus qu'elle fasse machine arrière. C'était sans compter sur deux petits garnements qui s'étaient faufilés derrière le rideau et n'avaient raté aucun détail de leur rapprochement. Ils trouvèrent rigolo mais aussi un peu bizarre que le lutin, enfin que la commissaire, car ils l'avaient reconnue, fasse un bisou au Père-Noël.

Deux rires enfantins les sortirent de leur bulle. Ils s’écartèrent l’un de l’autre par réflexe, Pascal retira ses bras et Florence se releva d'un seul coup, gênée d'avoir été surprise dans les bras du Père-Noël.

Les enfants sortirent de leur cachette en rigolant et se dirigèrent en courant vers la fente du rideau.

- Papa, maman, y'a la commissaire et le Père-Noël qui se sont fait un bisou ! Crièrent-ils avant même d'avoir atteint le rideau, tellement fiers de leur découverte.

- Pascal, faut les rattraper ! Dit Florence affolée.

Pascal se précipita et malgré son costume imposant, il les attrapa juste à temps avant qu'ils ne disparaissent de l'autre côté du rideau.

Pascal regarda Florence en souriant, puis s'accroupit pour se mettre à la hauteur des petits curieux. Il reprit sa grosse voix et discuta avec eux pendant plusieurs minutes.

Florence était restée à l'écart et observait de loin la scène sans entendre les paroles échangées. Elle pouvait voir Pascal expliquer des choses aux enfants, les garçons avaient d'ailleurs l'air d'être très attentifs à ce que leur disait le Père-Noël. Puis Pascal se releva, ils échangèrent un check et les enfants filèrent à travers le rideau sans un regard vers elle mais en saluant le Père-Noël d'un grand sourire.

Pascal avança vers Florence tout sourire, elle le fixait mais son regard était plutôt inquiet. Il s'en rendit compte immédiatement mais ne se défit pas pour autant de son sourire. Elle croisa les bras lorsque Pascal se planta devant elle, toujours le sourire aux lèvres.

- Ça vous fait sourire ? Mais qu'est-ce qui va se passer s'ils en parlent à leurs parents ? Je ne vais plus être crédible, moi !

Il posa ses mains sur les épaules de Florence.

- Allez ! Ne vous inquiétez pas, j'ai réussi à les convaincre de ne rien dire, vous connaissez ma force de persuasion !

- Justement ! Vous avez fait quoi ?... Vous leur avez promis un autre cadeau, c'est ça ?

Pascal ouvrit de grands yeux comme choqué par sa supposition.

- Comment vous avez deviné ?

Florence retrouva son sourire et son stress diminua un peu.

- Parce que je vous connais ! Répondit-elle amusée.

- Oui, en effet ! Fit-il faussement vexé. Bon, après toutes ces émotions, on peut peut-être aller enlever ces costumes ? Qu'est-ce que vous en pensez ?

- Avec plaisir !

Ils s’avancèrent en direction des vestiaires.

- Même si le vôtre vous va plutôt bien !

- Merci. Murmura-t-elle, affichant un sourire gêné. Le rose gagna ses joues.

Ils n'évoquèrent pas le baiser échangé, le sujet reviendrait sûrement plus tard. En tout cas, Pascal gardait bien en tête "l'idée" de cadeau de sa commissaire.
Mais ils avaient une soirée à mener à bien et ce n'était pas le moment de se disperser.

En arrivant devant la porte des vestiaires, ils furent surpris d'y retrouver Jeanne. Elle s'était assise en les attendant et afficha un immense sourire en les apercevant.

- Ah bah quand même ! Vous en avez mis du temps depuis la fin du spectacle !

- Euh... On... balbutia Florence en cherchant de l’aide auprès de Pascal.

Pascal sourit et reprit aussitôt.

- ... On a dû s’occuper de deux petits mendiants de cadeaux. Ah ces enfants, j’vous jure ! On leur a accordé chacun un autre cadeau, hein Florence !

- Euh... oui, c’est ça !

Jeanne sentit le trouble dans la voix de Florence, puis le soulagement lorsque Pascal termina sa phrase, mais elle ne fit aucune remarque supplémentaire, leur échange de regards complices suffisait à répondre à son interrogation.

- Ils sont malins ces jeunes ! Bon, je viens vous aider à enlever vos costumes. Vous devez en avoir assez.

- C’est vrai que je commence à avoir chaud là-dessous. Ce n’est pas de refus. Répondit Pascal.

Il s’approcha de la porte, appuya sur la poignée puis poussa la porte afin de laisser passer Jeanne.

- Merci cher Père-Noël !

Pascal rit.

- Mais je vous en prie.

Il tourna alors le regard vers Florence, qui, perdue dans ses pensées, ne le remarqua pas. Elle était remontée quelques minutes dans le temps et se demandait bien comment elle avait pu oser l’embrasser. Quelle idiote ! Heureusement, il n’en avait pas reparlé.

- Lutin Cassandre ?

Elle était tellement dans son monde qu’elle n’entendit pas Pascal l’appeler.

- Florence ? Dit-il en posant sa main sur son épaule.

Elle sursauta et son regard tomba directement dans les yeux souriants de son capitaine. Il n’y avait d’ailleurs que ça qu’elle reconnaissait de lui avec la perruque et la barbe, aucune autre partie de lui n’était visible.

- Florence, tout va bien ? Demanda-t-il tout à coup inquiet.

- Euh... oui oui. Tout va bien, merci. Répondit-elle en affichant un léger sourire.

Il se décala pour la laisser avancer et l’accompagna, laissant sa main glisser de son épaule jusqu'au bas de son dos. Ce geste, si anodin soit-il, lui procura une douce sensation au creux des reins. Elle n’osait pas le regarder et préféra faire comme si de rien n’était.

Ils rejoignirent Jeanne, qui comme un peu plus tôt, les attendait de pied ferme.

L'ange de Noël - Cassandre & RocheOù les histoires vivent. Découvrez maintenant