Chapitre 9

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Mais tout n'est pas toujours rose, parfois un nuage noir vient tâcher le ciel blanc de l'hiver. Et c'était ce que Minho devait accepter, allongé sur son lit, les yeux dans le vague. Il avait fini ses quelques heures de cours de la journée mais n'en avait pas profité pour sortir avec ses amis, cette fois, c'était différent. Jisung partait.

Jisung partait, il partait en fin de journée et il ne l'avait appris qu'aujourd'hui même. Il partait et il avait peur de ne jamais le revoir. C'était ça, Minho avait peur. Peur des sentiments qu'il commençait à accepter, peur de le perdre à nouveau, peur de ne plus pouvoir le serrer dans ses bras.

Alors il avait fui, il ne voulait pas le voir partir, il ne voulait pas voir la réalité en face. Il ne savait pas combien de temps il était resté à fixer le vide, mais le souvenir de la lettre que lui avait donné Jisung dans la matinée lui revint brutalement en tête, comme une claque le sortant de sa transe.

Il s'était levé précipitamment, trébuchant dans sa couette et couru jusqu'à sa veste laissée à l'abandon sur son canapé. Il fouilla les poches et en tira le papier, il souffla un bon coup avant de le déplier, les doigts tremblants.

Minho... tu te demandes sûrement pourquoi je ne t'ai rien dit... pourquoi seulement maintenant. Je ne voulais pas que nos derniers jours ensemble soient tristes. Je voulais que tout soit comme d'habitude jusqu'à aujourd'hui. Mais malgré tout, je n'ai pas trouvé le courage de te dire tout ce que je voulais, ce qui me reste en tête depuis si longtemps déjà. Alors je vais te le dire. Il est peut-être trop tard, mais je vais te le dire. Je t'aime Minho. Pas comme un frère, pas comme un ami d'enfance. Je t'aime bien plus encore. Et je ne veux pas monter dans ce fichu train, je ne veux pas suivre mes parents et partir loin de vous, loin de toi... Alors si tu m'aimes aussi, si je peux avoir l'espoir qu'on construise quelque chose d'encore plus fort... Empêche moi de monter dans ce train... Si tu ne viens pas, alors c'est que ce n'est pas réciproque et je comprendrai... Et Minho... Je suis heureux qu'on se soit retrouvé... Peu importe ce qu'il arrive.

Jisung

Une larme coula sur sa joue, idiot, c'était le mot qui résonnait dans la tête de Minho. Jisung était un idiot, lui-même était un idiot. Deux idiots amoureux qui pourraient se perdre. Oui il y avait les téléphones et les réseaux mais ça ne serait pas pareil. Et si Minho ne se secouait pas maintenant, cela allait vraiment arriver.

Il regarda l'heure qu'il était et ses yeux s'écarquillèrent, Jisung partait dans une dizaine de minutes seulement et Minho n'était pas à côté de la gare. Il enfila ses chaussures en prenant à peine le temps de les lacer correctement, une veste sur le dos, il dévala les escaliers de son immeuble en enroulant une écharpe autour de son cou.

La neige tombait dehors à gros flocons, lui brouillant la vue, le froid lui arrachait les poumons et la poudreuse le faisait trébucher. Mais Minho ne s'arrêta pas, il ne pouvait pas se le permettre. Le souffle anarchique, les yeux larmoyants et les joues rouges, il courait vers la gare, le cœur battant la chamade.

La gare se dessinait au loin, Minho sentait ses jambes brûler alors qu'il doublait d'effort. Il pouvait voir le train de Jisung à quais mais les hauts parleurs annonçaient son départ imminent. Son écharpe ne faisait que le gêner alors il l'arracha de son cou, tant pis si elle se retrouvait dans la neige, mais sa chaîne s'était coincée dans le tissu et ne résista pas longtemps avant de se rompre et de tomber au sol.

Minho décida de ne pas s'attarder dessus, même si son cœur se serrait à l'idée de le perdre, il avait un homme à rattraper. Il savait qu'il n'arriverait pas à temps et il voyait Jisung devant le train, près à monter. Sa gorge sèche l'empêchait de crier pour l'appeler, mais il ne voulait pas s'avouer vaincu maintenant.

Il repéra un banc couvert de neige et passa à côté en n'en prenant dans ses mains, gelant ses doigts. Une boule de neige avait vite pris forme et alors que Jisung commençait à monter les marches, Minho lui envoya dessus, priant de ne pas le louper alors qu'il lui restait une bonne vingtaine de mètres entre eux.

Jisung sentit de la neige froide s'éclater dans son cou et se retourna immédiatement alors que le contrôleur commençait à s'impatienter. Un sourire ne put être retenu et il descendit les quelques marches qu'il avait grimpé. Minho avait fini par arriver devant lui et pris à peine le temps de retrouver une respiration plus calme qu'il prit le visage de Jisung entre ses mains froides pour lier leurs lèvres alors que le train se mettait en marche pour quitter la gare.

- Moi aussi je t'aime idiot.

Jisung avait les yeux brillants, on ne saurait dire si c'était de joie ou de larmes, peut-être les deux. Minho l'avait rattrapé, Minho l'aimait et bordel qu'est-ce que lui aussi l'aimait. Mais l'adrénaline passée, Minho ressenti le froid s'abattre sur son corps, sa pauvre veste en cuir ne lui tenant pas très chaud.

Jisung avait donc dénoué son écharpe pour lui mettre autour du cou et lui enfonça son bonnet sur la tête en riant doucement avant de lui déposer un petit bisou au coin des lèvres.

Minho n'arrivait pas à se défaire de son sourire, les petits sourires niais et un peu débiles qui apparaissent à cause de certaines personnes.

Il avait pris la main de Jisung avant que celui ne l'entraîne loin du quai, il voulait quitter cette gare au plus vite. Minho n'avait pas l'espoir de retrouver son collier mais peut-être que c'était mieux ainsi ? Il représentait son amitié avec Jisung mais est ce qu'on pouvait vraiment parler d'un simple ami d'enfance maintenant ?

Le flacon était sûrement en miettes à l'heure actuelle avec toutes les personnes qui passaient dans cette gare, il y avait peu d'espoir de le retrouver.

Les mains liées, ils avançaient dans la neige en parlant de ce qu'allait faire Jisung, il était censé partir avec ses parents et n'avait donc plus logement ni vraiment d'affaires.

- Tu pourrais venir chez moi... Mon appart est pas très grand mais ça fera l'affaire...

- J'en serais ravi...

Jisung s'était tourné vers lui, le regard pétillant et un sourire tellement grand qu'il en fit rougir Minho. Jamais le rouquin n'aurait pensé que leur relation aurait pris cette tournure, mais il n'allait pas le cacher, il en était plus qu'heureux.

Snowball❆Où les histoires vivent. Découvrez maintenant