« Je suis exploitée ». Cette phrase était ma réponse à la question : « Que fais-tu ici ? ». Les personnes me regardaient et ne disaient plus rien.
J'étais la serveuse, femme de ménage et souffre-douleur de mes « employeurs », Monsieur et Madame Natsyl. Pourtant, je n'étais pas née ici. J'avais eu le temps d'apprendre à lire et à écrire avant que mes parents ne me vendent à eux quand j'avais dix ans. Aussi incroyable que cela puisse paraître, je ne leur en voulais pas. Ils me l'avaient expliqué avant, ils n'avaient pas d'autre choix et ils me souhaitaient une belle vie. Le centre pour les orphelins ou les abandonnés de la région était réputé pour les affreux traitements infligés aux enfants qu'ils avaient en charge. De toute façon, vu la misère dans laquelle nous étions, même cet affreux café restaurant paraissait luxueux.
Mes parents étaient ruinés et mes tortionnaires m'avaient achetée une bouchée de pain, avec la vague promesse de me garder en vie jusqu'à ma majorité et en baratinant mes parents.
Depuis, je vivais une misérable vie dans ce café. J'étais entourée d'ivrognes qui me faisaient des avances sans que mes patrons ne réagissent.
Je faisais la vaisselle lorsque Madame m'appela :
« Aanor ! Dépêche-toi de venir ici ! » Je dus abandonner mes assiettes pour aller la rejoindre.
« Tu aurais pu te dépêcher un peu plus ! » Et là-dessus elle me gifla. J'avais l'habitude, ça faisait trois ans que c'était ainsi. D'ailleurs mon visage en portait les traces, j'avais des bleus sur le visage et des cernes sous les yeux. Je me redressai et regardai Madame dans les yeux puis dis :
« Que vouliez-vous Madame ?
- Que tu accélères le rythme. Demain nous recevrons quelqu'un d'important. Sois à la hauteur. Ah et mon mari t'attends. Tu finiras après.
- Bien Madame, répondis-je, soumise. »
Je savais ce qui m'attendait. Nous avions passé une mauvaise journée et Monsieur allait passer ses nerfs sur moi.
Je me mis en route et montai les escaliers pour rejoindre mon patron à l'étage.
Il m'attendait, comme Madame l'avait dit. Il me regarda, méprisant et me reprocha le manque de clients du jour :
« Tu aurais dû faire mieux ! Il ne suffit pas de battre des cils et de rouler des hanches pour attirer les clients !
- Mais je ne fais ni l'un ni l'autre ! protestais-je ».
J'aurais mieux fait de me taire car il me frappa encore et encore en m'abreuvant des pires insultes. Enfin... il aurait trouvé le moyen de me frapper même si je n'avais rien répondu. Il s'arrêta et me lança : « Ce n'est pas parce que mademoiselle a les yeux verts qu'elle doit répondre. » Il était vrai que j'étais assez fière de mes yeux, ils étaient verts profond.
Cette phrase le fit sourire de fierté et il recommença. Les coups pleuvaient, coups de poings, de pieds, gifles. Tout mon corps y passa.
Il était tard lorsqu'il décida que c'en était assez et il me congédia en m'ordonnant de terminer la vaisselle et de laver le sol de la salle.
Je tournai les talons et rejoignis la cuisine, une minuscule pièce mal éclairée et équipée. Mes assiettes étaient toujours là et je me mis au travail. Une fois la vaisselle terminée, je me dirigeai vers la salle et et passai la serpillière, comme tous les soirs.
C'était seulement une fois ces tâches terminées que j'avais le droit d'aller me coucher. Ma chambre (si on pouvait la qualifier ainsi) était très petite, il n'y avait de place que pour un matelas de paille.
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La Prophétie des Quatre
Teen FictionAanor vit exploitée dans un café depuis qu'elle a dix ans. Un jour, un homme étrange la rachète à ses « patrons » et l'emmène dans un lieu nommé le Complexe. Les gens au couleurs d'yeux étranges qu'elle rencontre là-bas lui affirment que ses sombres...