Chapitre 9 CORRIGÉ

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Je détestais devoir faire comme si je haïssais mes anciens camarades et adorais Denis. Il me dégoûtait. Pourtant, je me pliais à toutes ses demandes. Il fallait qu'il n'ait aucun doute sur ma loyauté envers lui. Il me parlait de ses plans tous les matins, comme il me l'avait annoncé en me nommant son « assistante ». « Ça y est, Aanor. Après-demain j'envoie mes troupes pour renverser le président. Ça se passera à deux rues d'ici. Nous aurons une très belle vue de là où nous sommes... Depuis le temps que j'attends le moment pour que les forts règnent sur les faibles. Il était temps que nous renversions des faibles et les dominions. C'est la loi de la nature : la loi du plus fort... Ma belle, combien de servants voudras-tu ? Je t'en donnerai autant que tu veux. » Il jouait avec une mèche de mes cheveux. Je retenais à grand mal l'envie de lâcher toute ma puissance pour me libérer et l'anéantir. Tous mes muscles étaient tendus, ma concentration était extrême. C'est alors qu'il me fit une demande inespérée :

« Peux-tu aller parler à nos jeunes amis en bas ? J'aurais envie qu'ils se battent pour nous. » Je lui souris et sortis en préparant ce que j'allais dire à ceux qui ne me faisaient plus confiance. La pièce serait truffée de micros et de caméras. J'allais devoir tenter pour la première fois la communication télépathique avec eux, et mettre en application les longues heures d'exercice et d'entraînement aux illusions.

Il y avait une minuscule lucarne dans leur prison. La lumière était très forte, très blanche et désagréable. Je savais que des gardes étaient postés dehors, derrière le mur extérieur afin d'éviter qu'Elysia ne s'enfuie en convoquant son pouvoir.

Ils me lancèrent tous les trois un regard noir. J'inspirai, fermai les yeux, pour qu'on ne les voie pas luire, et lançai mon appel.

- Je dois vous parler. C'est très important et personne ne doit savoir ce que je vous ai dit. Si vous m'entendez, soupirez à trois. Un, deux, trois.

Ils soupirèrent tous les trois. Estebann me lança :

« Qu'est-ce que tu veux ? » Je fis mine de réfléchir à comment leur demander de se joindre à Denis et continuai.

- Il se lance après-demain. Il faut qu'on l'arrête. Elysia pourrais-tu prévenir nos troupes si je te libère l'accès ? 

Comme il fallait que je réponde à voix haute, pendant qu'Elysia hochait la tête, je dis, avec un faux sourire carnassier :

« Nous voulions vous demander de vous battre avec nous lorsqu'on vous le demandera. Évidemment, si vous n'acceptez pas, Denis fera ce qui est nécessaire. »

- Vous ne me faites plus confiance. Et vous avez raison. Cependant, il faut que vous me croyiez. Il va tout détruire. Tout.

Il me semblait que ma voix intérieure trembla un peu comme un sanglot sur ces mots.

Paul soupira et annonça, en me fixant pour me faire comprendre le double sens de ses paroles :

« Avons-nous vraiment le choix ? On marche. »

- Ely, tiens-toi prête. Je distrais les gardes et trompe les caméras et c'est à toi.

Je me postai devant la fenêtre et invoquai mon pouvoir. Sentir cette puissance retenue et canalisée qui ne demandait qu'à être libérée me fit un bien fou.

Je fabriquai une figurine grandeur nature de Denis et la fis faire signe aux gardes de venir. En même temps, je fis en sorte que les caméras ne nous voient qu'en train de nous affronter du regard.

Je fis signe à Elysia que la voie était libre. Elle me lança un regard d'avertissement. Elle se retourna, invoqua son propre pouvoir et disparu à travers le mur.

Les minutes s'égrenaient lentement. Je serrai les poings sous l'effort que me demandaient toutes mes simulations.

- Ne lâche pas, Ely a besoin de toi.

Je me laissai tomber au sol pour concentrer toutes mes forces sur mon pouvoir.

Paul continuait de m'encourager mentalement.

Au bout de ce qui me sembla être des jours, Elysia reparut. Je pus relâcher un peu mes efforts. Je me relevai et, quand je fus sûre que rien ne nous trahirait, relâchai mon pouvoir.

Je fis un signe de tête à mes amis et quittai la pièce.

Je demandai au garde posté devant la porte de me mener à son chef.

Il était dans son bureau, comme quand je l'avais quitté. Il se leva et s'approcha de moi.

« Alors ? Vais-je devoir employer la manière forte ? 

- Ils se battront avec nous. Ils n'ont pas été très durs à convaincre. Il faut croire que la menace de la manière forte était suffisamment convaincante, répondis-je avec un faux rire désinvolte.

- Parfait, me remercia-t-il en souriant.

- J'aimerais vous demander quelque chose.

- Dis-moi, Aanor.

- J'aimerais me battre aux côtés de vos troupes. Je ne supporterai pas de rester inactive alors que le combat s'achève en notre faveur. En plus je pourrai veiller à ce que Paul, Elysia et Estebann nous restent fidèles. Et il me semble que je suis la seule à même de tous les maîtriser de par la force de mon pouvoir, ajoutai-je.

- Ah ma fidèle et serviable Aanor... Vas-y mais j'aimerais beaucoup que tu rentres sans aucune égratignure. Tu iras les chercher à cinq heures du matin pour qu'ils soient prêts. »

 C'était plus que ce que j'espérais en lui faisant ma demande. Il me recommanda de passer la journée du lendemain et mon après-midi à m'entraîner au combat. Je lui souris et sortis pour me préparer au combat. Le mien, contre lui. Pas le sien.


*** 

Le neuvième chapitre ! On se rapproche de la fin ! Comme toujours, si vous repérez des fautes d'orthographe, de frappe, de mise en page, n'hésitez pas ! J'en serai ravie !

La Prophétie des QuatreOù les histoires vivent. Découvrez maintenant