Chapitre 8 CORRIGÉ

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Nous avions prévu d'aller à la piscine. Mes parents m'avaient appris à nager quand nous étions encore assez riches pour nous permettre ce genre de loisirs et je m'entraînais dans la rivière derrière le café certaines nuits d'été où l'eau était assez chaude. Nous avions un minicar pour l'occasion, toujours conduit par la blonde, que j'avais appris à apprécier au même titre que les autres adultes, qui nous servait de chauffeur.

Je trouvai mon maillot de bain plutôt seyant malgré le bonnet et les lunettes qui me donnaient l'air ridicule.

Je fis quelques longueurs pour m'échauffer. Mes anciens patrons aimaient regarder les compétitions de natation et j'avais appris à nager le crawl et le papillon par mimétisme.

Elysia était à moitié dans l'eau, qu'elle semblait trouver froide. Paul la taquina avant de se remettre à nager et Estebann était déjà en train de repousser ses limites en nageant de toutes ses forces.

Paul me rejoignit et vit que je regardais Elysia l'air amusé. Nous plaisantâmes un peu ensemble sous son regard noir. J'eus soudain une idée et la partageais à Paul :

« Je suis censée contrôler la nature non ? La nature ça comprend l'eau si je ne me trompe pas. On a qu'à l'arroser ! » Il acquiesça, souriant. J'attendis qu'un nageur passe près de notre cible pour faire jaillir juste assez d'eau pour la mouiller sans être trop puissante. Personne ne pouvait voir mes yeux briller sous les verres fumés de mes lunettes. Nous éclatâmes de rire puis reprîmes la nage.

Je faisais en sorte de me faire un peu forcer en créant un courant contre moi mais l'inversant lorsque je devais doubler quelqu'un. Estebann s'en aperçut et me demanda de lui créer aussi un contre courant. J'acceptai, en me disant que cela m'entraînerait à exercer sur plusieurs points mon pouvoir et, plus honteusement, je voulais juste faire plaisir à Estebann, qu'il m'apprécie. Après nous être rhabillées, nous les filles partîmes sécher nos cheveux et les coiffer.

Je regardai rapidement à travers la vitre et me pris à espérer qu'il ne viendrait pas. Je ne voyais personne mais il était probablement caché. Qu'avais-je fait ?

Les garçons nous attendaient et nous les rejoignîmes. Mon cœur s'accéléra lorsque nous sortîmes et je vis Estebann me jeter un regard inquiet. Il avait remarqué mon malaise.

Tout se passa trop vite pour que je m'en rende compte. Mes compagnons furent à terre et maîtrisés en quelques secondes. Ils avaient tous un homme sur le dos. J'étais la seule encore debout puis il se montra. Il approcha et posa une main sur mon épaule en me souriant. Il se présenta :

« Comme vous l'avez sûrement deviné, je suis celui contre lequel vous devez vous battre, le grand et puissant Denis Elnac. J'ai pu vous prendre de court grâce à ma jolie compagne, que vous avez effrayée. » Il sourit et se rapprocha pour continuer, menaçant :

« Mes hommes sont entraînés et connaissent vos pouvoirs. Il est donc inutile de résister et de les attaquer... Nous serons plus à l'aise pour discuter chez moi. Si vous voulez bien me suivre, je n'habite pas loin... » Je croisai les regards de ceux qui m'avaient acceptée sans condition et m'avaient améliorée. Je pus lire dans tous une profonde déception mais la surprise n'était présente que chez Elysia et Paul. Les larmes brillaient dans les yeux de celle qui avait été mon amie la plus proche. Je voulus détourner les miens puis me dis que je leur devais tant de choses... Je me fis violence et soutins ces regards qui me crevèrent le cœur. Je m'autorisai quelques secondes de tristesse puis reconstituai le blindage qui avait été mon quotidien durant trois ans.

Nous arrivâmes devant un grand manoir. Il était d'une beauté à couper le souffle. En voyant un des hommes s'apprêter à frapper Elysia, qui peinait à avancer, je lui demandai de me laisser la conduire. Je posai doucement ma main dans son dos. Elle ne m'opposa aucune résistance mais ne m'accorda aucun regard. Je vis pourtant un larme solitaire, qu'elle n'avait su retenir, couler sur sa joue. Je sentais dans mon dos le regard brûlant d'Estebann. Je n'avais pas la force de me retourner pour affronter son regard redevenu froid.

Denis Elnac les enferma dans une pièce du sous-sol. Les adultes d'un côté et les jeunes de l'autre.

Il m'entraîna ensuite vers les étages. J'avais hérité d'une chambre à côté de la sienne. Le mobilier était ancien mais propre. La pièce était bien éclairée grâce à de nombreuses fenêtres. Quand je me retournai vers Denis, il avait les yeux brillants de convoitise. Il me dit ensuite :

« Je suis heureux de te revoir si tôt. Surtout que tu as ce que je t'avais demandé. J'apprécie les personnes qui tiennent leurs promesses. Et, crois-moi, mieux vaut être apprécié que détesté par moi. Pour te remercier de ta contribution, tu va devenir mon assistante. Je te confierai mes plans et tu m'aideras à les appliquer. Tu essaieras de convaincre tes anciens camarades de coopérer, avant que je n'en vienne à la force. Mais j'ai aussi une dernière demande pour toi. J'aimerais que tu me laisses analyser ton sang. » J'acceptai, bien sûr, je n'avais pas le choix, je devais être irréprochable jusqu'au dernier moment, puis il partit.

Je m'installai sur le rebord devant une des fenêtres fenêtre et autorisai enfin les larmes à couler, regrettant mes amis, mon ancienne demeure, où j'étais avec eux, et mon chat. Je les avais tous perdus ou abandonnés. Il allait maintenant falloir que je détruise la cause de tout ça.


***

Le huitième chapitre !

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