Je suis dans la cuisine, je n'arrête pas de repenser à hier soir. Je lui ai réellement dit que je l'aime... J'ai peut-être fait une grosse erreur, mais j'ai étrangement l'impression que je ne regrette rien. Il ne m'a pas dit qu'il m'aime en retour, il ne m'a rien dit toute la nuit, mais il avait l'air d'être heureux. Peut-être que c'était qu'une impression. Pff... Ça m'énerve d'être dans ce genre de situation... Je veux être sûr de tout, et je ne veux pas vivre une situation similaire à la première nuit que j'ai passé avec lui.
Alors que je monte en haut avec la théière, je vois Enes, il me fait un petit sourire, mais quand il voit sa mère et sa tante, il baisse la tête et il s'en va. Il m'a fait un sourire, c'est déjà ça. J'aurais dû attendre ce matin, je n'aurais pas dû descendre comme ça sans lui parler. Maintenant je vais cogiter jusqu'au bout. Je remplis le thé pour tout le monde, tante Gülizar me regarde avec un petit sourire.
« - Tu vas emmener ta belle-sœur faire des achats aujourd'hui, Mehir ?
- Oui, tante Gülizar.
- C'est excellent que tu puisses conduire, ce n'est pas donné à toutes les filles d'ici. Je veux que tu me déposes chez moi avant d'aller chercher Zana.
- On peut te déposer nous, tante Gülizar. Lui dit Veli.
- Non, je veux voir comment conduit la femme de mon fils. »
Un petit sourire apparaît sur le visage d'Enes, il tente de le dissimuler, mais tout le monde l'a vu, dont moi. Les choses ont vraiment changé... Je descends en bas, je rentre dans la cuisine avec un grand sourire. Ça me rend heureuse, mais Madame Fatma, non. Elle serre sa fourchette dans sa main, elle fixe un point dans le vide. Elle ne mange même pas, chose que tout le monde remarque, mais personne n'ose en parler.
Les gars descendent en bas, je sors de la cuisine et je vais chercher leur veste, je donne celle des beaux-fils, ensuite, je donne la veste de Veli. Ils sortent tous et Enes vient me voir. Il regarde d'abord autour de lui pour s'assurer qu'on est bien seul. Mais il ne sait pas quoi dire, j'ai bien compris qu'il n'a pas l'habitude de ce genre de chose, donc je me lance.
« - Sois prudent. Lui dis-je et il sourit. Et essaye de passer une journée sans t'énerver.
- Ça, c'est compliqué.
- Alors fais en sorte de revenir plus calme. Pour moi. Dis-je avec un petit sourire.
- Pour toi. Quelqu'un tousse bruyamment et Enes efface son sourire pour laisser place à un air sérieux. Maman ? Je recule pour ne pas qu'elle dise que je suis une mal élevée encore.
- Tu lui as laissé de l'argent ? Elle va aller voir notre nouvelle belle-fille après tout.
- Oui, j'ai laissé ce qu'il faut. »
Elle hoche la tête, elle ne s'en va pas, Enes récupère sa veste et il s'en va en me faisant un clin d'œil. Quand Madame Fatma me voit avec un petit sourire, elle serre ses poings, j'allais partir dans la cuisine mais elle m'attrape fermement le bras. Je fronce les sourcils, je ne comprends pas ce qu'elle veut, je n'ai rien fait, donc qu'est-ce qu'elle peut me sortir ? Quoi que, trouver une excuse pour me maltraiter est une facilité pour elle, elle le fait tout le temps.
« - Si tu crois que je n'ai pas compris ton petit jeu. Tu vas faire en sorte qu'Enes s'attache à toi et qu'il déteste sa famille. Tu lui as peut-être même fait de la sorcellerie.
- Je ne suis pas ce genre de personne. C'est Heja qui s'occupe de ça.
- Comment tu oses ? Dit-elle en serrant un peu plus mon bras.
- Vous oubliez vite. C'est elle qui a fait de la sorcellerie, si Enes s'éloigne de vous, c'est uniquement parce que la sorcellerie fait effet inverse maintenant. Je retire brutalement mon bras de son emprise. Et je ne ferais jamais en sorte qu'un fils déteste sa mère. Croyez-moi ou non, je suis la seule à le raisonner lorsqu'il s'agit de vous.
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Le Destin De La Lune
RomanceÊtre d'une famille kurde est plus que compliquée. Vivre sous des règles strictes, ne pas avoir de liberté, voir le fait d'être une femme comme un défaut... Pourtant, ce sont les femmes qui sauvent les vies. Les femmes donnent une vie aux enfants, le...