Chapitre 26

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Je viens de raccrocher avec mon oncle Mahmut. Tout Mardin est au courant, ils savent tous qu'on a « adopté » Deniz, ils n'arrêtent pas d'appeler. Fatma ana est en train de parler avec Servet Meral, ils discutent depuis un moment. Je ne sais pas quelle est leur réaction, mais de mon côté, mon père était très étonné, il ne m'a pas fait de mauvais commentaire, il a dit que ça ne regarde que les Meral. Firat abi était très heureux, pour lui, c'est un moyen de sauver une vie. Furkan abi m'a engueulé, il m'a dit que je fais entrer des enfants inconnus dans nos familles et qu'on ne sait jamais quel genre d'enfant ça va être. Barzan abi m'a appelé pour me demander comment je vais, il a dit qu'il s'en fichait de ce que j'ai fait, qu'il a confiance en moi et aussi en mes choix. Puis Berat abi m'a appelé pour me dire de n'écouter personne et que je n'ai pas fait une mauvaise chose. Mes sœurs ont beaucoup aimé Deniz de toute façon. Boran m'a appelé pour me féliciter. Pour résumer, j'ai eu le droit à plusieurs réaction, mais ça allait, tout le monde n'a pas mal réagit.

Je m'étonne moi-même en n'étant pas en colère contre Enes. Je n'y arrive pas. Je ne sais pas quoi lui dire en fait, je ne peux pas lui faire des reproches pour des erreurs de jeunesse. Il ne savait même pas qu'il avait une fille, et c'était bien avant moi. C'est vrai que parfois j'ai une petite voix qui me dit de faire des conneries, mais je ne l'écoute jamais. Je pense que tout laisser de côté et agir comme la mère de Deniz va lui faire un bien fou. Elle s'entend si bien avec Eren, ils sont déjà inséparables. Je pense que la vie peut s'améliorer pour tout le monde.

Je suis en train de faire une liste avec Fatma ana, on va faire les courses mais aussi des achats pour Deniz. On va lui faire une chambre et prendre aussi des vêtements, elle n'en a pas, j'imagine que Berna n'avait pas les moyens de s'occuper d'elle.

« - Emmène-la acheter des jouets aussi. Dit Fatma ana avec un petit sourire. Ça va la rendre heureuse.

- Oui, c'est vrai. Et...

- Maman. Je me tourne et je tombe sur une Deniz très triste.

- Deniz... Qu'est-ce que tu as ?

- J'ai entendu Zana yenge parler au téléphone... C'est vrai que tu ne vas jamais m'aimer ? Tu vas plus aimer Eren et pas moi ? Je serre mon stylo dans ma main.

- Ce n'est pas vrai, je ne ferais jamais ça. Elle vient se réfugier entre mes bras.

- Il ne faut pas écouter tout le monde, voyons. Fatma ana la prend entre ses bras avec un petit sourire. Ça ne te va pas du tout d'être triste. Où est le sourire de ma Deniz ? La petite finit par sourire et je me lève. Mehir...

- Non, Fatma ana. Je dois m'occuper d'elle. »

Elle hoche la tête. Je m'en vais vers la cuisine, j'y retrouve Zana seule, j'avance vers elle et je l'attrape par la gorge pour la plaquer au mur. Elle est sous le choc, elle ouvre grand les yeux et elle me regarde longuement.

« - Si je t'entends dire de la merde ou qu'on vient me dire que tu as dit de la merde, je t'arrache la langue, est-ce que c'est clair ?

- Pour qui tu te prends ?! Elle allait me pousser mais je serre ma main autour de son cou.

- Tu n'as pas ton mot à dire sur Deniz ! Est-ce que c'est clair ?! Je ne veux plus jamais t'entendre parler d'elle ! Ou alors je fais de ta vie un enfer ! »

Elle ne dit plus un mot, je lui relâche le cou et je sors de la cuisine. J'essaye de me calmer, mais j'ai bien du mal. Je vais voir ma belle-mère, je lui dis qu'on sort ensemble avec les enfants et elle accepte. Elle monte avec Deniz pour la préparer, moi je prends Eren qui joue avec ses jouets et je le regarde longuement. J'ai peur de lui faire du mal... J'ai peur de délaisser l'un pour l'autre... J'ai peur de ne pas être une bonne mère... Je dépose un baiser sur le haut de sa tête et il me fait un sourire.

Le Destin De La LuneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant