Un bruissement d'ailes et un battement de cils

Chapitre 3 : La cafétéria

Une fois le cours terminé, Ella et Claire se rendirent à la cafétéria afin de profiter d'une heure de pause avant le cours suivant.

Claire prit place à une table tandis qu'Ella allait leur chercher deux cafés.

Alors qu'elle faisait la queue, une voix grave s'adressa à elle :

— Salut, Ella...

Elle se retourna, leva les yeux et rencontra ceux de Joan, qui se tenait là, flanqué d'un sourire en coin et d'un regard taquin.

Elle tâcha de dissimuler sa surprise, et son plaisir de le revoir.

— Salut... répondit-elle en baissant les yeux aussitôt.

« Bon sang, Ella ! Ressaisis-toi, ou il va sentir qu'il t'intimide ! » se sermonna-t-elle.

— Tu t'es remise d'hier ? demanda le jeune homme, d'une voix qui paraissait sincèrement inquiète.

— Oui, merci... je ne sais pas ce que j'ai eu, un petit malaise, rien de bien méchant... je suis désolée que tu aies assisté à ça. C'est un peu gênant, on ne se connait même pas...

— C'est rien, ne t'inquiète pas. Et puis..., il arbora un sourire malicieux, on va y remédier et faire connaissance, non ?

Ella se sentit soudainement nerveuse et déstabilisée par ce changement d'attitude.
Elle prenait sur elle afin de se donner bonne contenance, mais franchement, ce mec l'intriguait sans qu'elle parvienne vraiment à savoir pourquoi.

Quelques filles passèrent à ce moment là, à coté d'eux.
Elles se chuchotaient quelque chose en riant et en regardant Joan du coin de l'oeil. L'une d'elles, une magnifique brune plantureuse, bien apprêtée et perchée avec grâce sur de très hauts talons, lui fit même un clin d'oeil, en lui demandant :

— Toujours ok pour ce soir,  Joan ? Tu passes me prendre ?
Elle le gratifia d'un immense sourire de ses lèvres parfaitement peintes de rouge.

Elle n'eut même pas un regard pour Ella, qui se disait justement que cette femme était superbe, tout en analysant intérieurement sa propre tenue.
Elle se souvint qu'elle n'avait pas souhaité se maquiller, qu'elle avait mis ses baskets fatiguées, n'était plus très sûre d'avoir coiffé ses cheveux, et soudainement, elle prit conscience, assez honteusement, du contraste saisissant entre cette femme fatale, et elle.

— Pas avant 21h si ça te va, Sandra ? J'ai un truc avant...

— Aucun soucis, je t'attends à 21h alors.

Les deux femmes s'éloignèrent, tandis qu'Ella arrivait au comptoir et commandait les deux cafés.

Joan, qui attendait son tour derrière elle, lui effleura l'épaule et lui demanda :

— Donc ce soir après les cours, on va boire un verre ?

Ella n'était pas sûre de comprendre.

— Mais je viens de t'entendre dire que tu avais rendez-vous à 21h ?

— Ça nous laisse donc le temps d'aller boire un verre avant !

Elle n'en croyait pas ses oreilles. Ce garçon était capable de se montrer prévenant, puis carrément impertinent dans la seconde qui suivait.

— Je rêve ou c'était moi «le truc» que tu devais faire avant ?

« Quel culot ! Quel goujat ! » s'insurgea-t-elle intérieurement.

Joan s'amusa de l'air outré d'Ella.

— Sandra n'est pas ma copine, tu sais ! On se voit juste de temps en temps, quand...tu sais, quoi...