Tandis qu'elle pressait le pas en repliant son parapluie, Ella apprécia l'odeur d'herbe mouillée et de terre qui flottait dans l'air.Elle savait qu'elle serait en retard à son premier cours de la journée, mais en levant les yeux vers le ciel, en regardant les rayons du soleil percer les nuages en une dizaine de faisceaux lumineux, elle se sentit « vivante ».
Ses soucis lui paraissaient alors bien futiles face au train-train imperturbable de la nature, toujours indifférente aux préoccupations bassement humaines.Depuis quelques mois, elle sentait que quelque chose clochait chez elle.
Au départ, la jeune femme s'était dit que la fatigue et son imagination fertile lui jouaient des tours, et que ce n'était pas si important. Mais ensuite il y avait eu « l'accident », et sa vie toute entière avait basculé.
Perdue dans ses pensées, elle fut surprise en arrivant devant le parvis de l'université, d'être déjà à destination.
Elle sourit poliment et sans chaleur à un homme bedonnant qu'elle croisa alors, et sentit qu'il la suivait du regard, sans s'en cacher.La jeune femme remarquait sans émotion les attitudes des hommes à son égard.
Elle savait, en toute objectivité, qu'elle était plutôt jolie. À une époque, cela la gênait terriblement car elle détestait se sentir dévisagée.
Désormais, à 22 ans, elle admettait que c'était finalement une chance d'avoir un physique agréable et elle s'était résignée des comportements irrespectueux que cela pouvait susciter chez certains hommes.En accélérant le pas, elle tenta sans conviction de discipliner de ses doigts, ses longs cheveux blonds.
Elle franchit la porte de l'amphithéâtre, balaya des yeux les rangées de sièges occupés, et repéra une place isolée au dernier rang.
En s'y installant dans l'indifférence générale, Ella fut agréablement surprise de constater que le cours n'avait pas encore commencé.Quand le professeur de droit international se présenta finalement, la jeune femme détailla son visage rubicond et son front qui luisait sous les néons.
Alors qu'elle l'observait, elle fut subitement prise d'un malaise.
Sa tête se mit à bourdonner et elle plissa les yeux, ne pouvant réprimer de violents frissons.
Entre deux spasmes, alors qu'elle s'accrochait tant bien que mal à sa tablette pour ne pas s'effondrer, elle aperçût le professeur, sur son estrade, porter ses mains à sa gorge.À peine consciente de l'effervescence qui régnait autour d'elle et du vent de panique qui s'emparait de l'amphithéâtre, elle eut la sensation de suffoquer et se mit à lutter pour chacune de ses respirations.
Personne ne semblait la remarquer tant l'attention était focalisée sur le professeur, dont les traits se déformaient sous l'effet de la douleur.
Tandis que des étudiants se précipitaient vers l'estrade afin de porter secours à l'homme agonisant, la dernière image qu'elle enregistra avant de s'évanouir, était le visage pourpre et les yeux exorbités de celui-ci, lorsqu'il s'effondra au sol.
En reprenant connaissance, Ella remarqua qu'il régnait une agitation électrique dans l'amphitéâtre, et il lui fallut quelques secondes pour réaliser qu'elle s'était évanouie.À sa grande surprise, des yeux incroyablement bleus la dévisageaient.
Elle grimaça de douleur en faisant intérieurement un état des lieux de son état physique, prenant notamment conscience d'un mal de crâne lancinant.
— Est-ce que ça va ?
Ella entreprit de se redresser avant de répondre à l'inconnu.
La jeune fille regarda instinctivement vers l'estrade et fut surprise de voir, à travers la foule d'étudiants, des pompiers accourir vers le professeur complètement inerte.
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Un bruissement d'ailes et un battement de cils
خارق للطبيعةElla, jeune étudiante, vient de s'inscrire dans une nouvelle université. Sa nouvelle vie bascule quand elle ressent, effrayée, une transformation s'opérer en elle. Alors qu'elle tente de découvrir sa vraie nature et l'étendue de ses nouveaux pouvoi...