Chapitre 17 : Les oiseaux

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— Heu... salut, je tombe mal ? demanda Joan.

— Non, qu'est ce qui te fait dire ça ? lança Judith avec sourire ironique.

— Je repasserai plus tard.

Sans laisser le temps d'une quelconque réponse il fit volte face et disparu, claquant la porte derrière lui.

— C'est quoi son problème ? demanda Claire.

— A mon avis, il en a plusieurs ! répondit Judith tout sourire, allez viens, je nous sers un verre.

                                     ******

Ella était plantée au beau milieu de son salon. Apres s'être assurée que personne ne pourrait l'apercevoir depuis une de ses fenêtres, elle tentait en vain de faire apparaître ses ailes.
Elle avait tenté de secouer ses bras, de rester immobile, de donner des ordres dans sa tête, de respirer comme Judith le lui avait enseigné, mais elle se rendit à l'évidence. C'était un échec cuisant.

Frustrée, elle se laissa tomber sur son canapé et ferma les yeux.
Un bruit sourd, désormais familier, la fit sursauter. Elle crut d'abord que c'était signe d'un malaise imminent, mais ensuite, en tentant de garder le contrôle et de se concentrer, il lui sembla percevoir des voix. Il y en avait tellement qu'elle ne parvenait pas à comprendre un traître mot de ce vacarme.

Elle couvrait ses oreilles de ses mains, plissant les yeux comme pour tenter de se protéger de cette cacophonie assourdissante.
Abasourdie, elle réalisa alors qu'elle était à nouveau debout dans son salon, ses ailes immenses déployées.

Elle entendit alors de drôles de bruits qui provenaient de celle de ses fenêtres qui était occultée avec un morceau de carton.
Elle s'approcha, anxieuse, ses ailes traînant lourdement derrière elle.
Elle souleva un peu le carton et se figea.

Sur le rebord de sa fenêtres, trois corbeaux semblaient la fixer en tapant le carton de leurs becs.
Elle entendit comme un cliquetis qui venait de plus bas. Lorsqu'elle se pencha, les trois corbeaux s'envolèrent et elle vit une nuée noire d'oiseaux qui grouillait en bas de la cour. Ils étaient une centaine.
Ella recula d'effroi.

Elle n'avait jamais eu peur des oiseaux auparavant mais cette vision lui glaça le sang.
Elle replaça tant bien que mal le carton sur la fenêtre et se fraya un chemin jusqu'à sa salle de bains où elle s'enferma précipitamment.
Elle se fit face dans le miroir.
Ses yeux étaient violet et pailletés d'or.
Ses ailes magnifiques étaient là, réelles. Le souffle court, elle pu les observer, les toucher.

Elle entendait toujours les drôles de croassements qui provenaient de sa cour.
Quelque chose n'allait pas. Elle sentait une sorte de noeud dans sa gorge.

Alors, sans qu'elle su vraiment pourquoi, elle ferma les yeux. Elle se concentra sur cette étrange impression et elle poussa un cri intérieur, comme elle l'avait fait sur la plage.
Immédiatement, comme une réponse, elle entendit des dizaines de cris raisonner en elle et un bruit sourd provenant de l'extérieur.

Elle accouru à sa fenêtre et entrouvrit à peine le morceau de carton. Des centaines d'oiseaux noirs s'envolaient et disparaissaient au dessus d'elle dans le ciel.

Tremblante, elle attrapa son téléphone et sans vraiment réfléchir, appela Joan.

« - Oui ?

- Heu... bonsoir, c'est Ella... je suis désolée de t'appeler, je sais qu'il est tard, c'est que.. je suis chez moi et...enfin...

- Tu es seule ? la coupa t-il .

- Oui.

- Bouge pas, j'arrive de suite. »

Un bruissement d'ailes et un battement de cilsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant