Chapitre 9 : Joan

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Ella reprenait doucement ses esprits. Joan l'avait recouverte d'un plaid puis était allé à la cuisine afin de lui préparer un thé.

Elle frissonna et réalisa un peu gênée, qu'elle ne portait sous le plaid que son shorty et son petit top. Elle tituba légèrement en se relevant pour aller dans la salle de bain, resserra le plaid autour d'elle, et esquiva tant bien que mal les éclats de verre qui jonchaient le sol.

Après avoir enfilé un jean et un pull bleu très ample, elle ouvrit le robinet d'eau et s'en aspergea le visage en soupirant. Enfin, elle osa relever la tête vers le miroir. Son teint était toujours pâle, mais elle fut un peu soulagée que ses yeux soient à nouveau gris teintés de vert.

Elle rejoignit Joan qui l'attendait dans le salon, deux tasses posées sur la table basse devant lui.  

Joan rompit le silence :
— Tu dois avoir mille questions, lui dit-il en lui tendant une tasse de thé, je vais essayer de t'éclairer du mieux que je peux.

— Oui, souffla t'elle...je...je ne t'ai pas remercié d'ailleurs...j'ai cru mourrir tu sais...comment se fait-il que tu sois arrivé chez moi ?

— J'ai essayé de t'appeler ce matin mais tu ne répondais pas, et vu les derniers évènements, j'avais un mauvais pressentiment. Ecoute Ella, je ne vais pas passer par quatre chemins, je suis inscrit en dernière année, et pourtant, j'étais dans ton amphi quand votre professeur est décédé. C'est parce que je devais...,il déglutit un peu gêné puis continua, je devais te surveiller. Je n'étais même pas dans cette fac l'année dernière. Je me suis inscrit récemment moi aussi, parce que nous savions qu'une âme ancienne arriverait ici... et bref, je devais veiller à ce que tout se passe bien.

— "Une âme ancienne" ? " Nous savions » ? C'est qui "nous" ? Donc tu me surveilles depuis le début?

— Je n'avais pas le choix Ella...d'ailleurs, je n'ai pas l'habitude de m'occuper de ça.

Elle remarqua son air grave. Il se mordillait la lèvre et semblait embarrassé. Il esquissa un sourire puis reprit :

— J'avoue que c'est plus facile de jouer au "bad boy" que d'aborder ... tout ça.

— Explique.

— Et bien...comme je te l'ai dit, nous faisons partie des Anciens et..

— Je ne sais même pas ce que c'est, fit-elle agacée.

—Oui, fit-il, l'air désolé. J'ai cru comprendre que tu croyais être une simple humaine.

Le sang d'Ella se glaça en entendant ces mots. Il avait dit « humaine ». Il avait prononcé ce mot comme en opposition à un autre, remarqua t'elle.

« Mais en opposition à quoi ? Qu'insinue t'-il ? Que je ne suis pas humaine ? Je serais quoi ? Un monstre ? Un fantôme ? Oui c'est ça, je dois être morte dans ce bus et tout ça n'est qu'un cauchemar, ou l'enfer... »

— QUE POURRAIS-JE ÊTRE D'AUTRE QU'UNE HUMAINE ?! s'exclama t'elle, un orage de panique dans la voix.

Joan s'approcha et lui prit doucement ses mains. À nouveau elle fut surprise de les sentir si chaudes et réconfortantes. Immédiatement, elle se sentit apaisée.

Joan lui annonça alors d'une voix très calme :

— Tu n'es pas « complètement » humaine car tu es comme moi une âme Ancienne...Dans les légendes des humains, il y a une représentation qui se rapproche légèrement de ce que nous sommes.

— Une représentation ?

— Oui, les humains font parfois référence à..."des anges". En réalité nous sommes bien plus que celà. Nous sommes les Enkeli.

Un bruissement d'ailes et un battement de cilsOù les histoires vivent. Découvrez maintenant